Par Julia Itel – Publié le 08/10/2025
Pour les chrétiens, Noël ne représente pas seulement une fête familiale. Il s’agit avant tout de la célébration de la naissance de Jésus-Christ, Fils de Dieu venu sur Terre. Pour s’y préparer, les chrétiens bénéficient des quatre semaines de l’Avent qui précèdent et conduisent à la fête de la Nativité.
L’Avent : quatre semaines pour se préparer à la naissance du Christ
Le temps de l’Avent marque pour les chrétiens une période d’attente et de préparation à la venue du Christ. Du latin adventus, qui signifie « venue » ou « avènement », il s’étend sur les quatre semaines précédant Noël et inaugure l’année liturgique. Cette période spirituelle, tournée vers la lumière et l’espérance, s’accompagne de deux traditions majeures : la couronne et le calendrier de l’Avent. Toutes deux aident à sanctifier le temps qui précède la Nativité et à vivre plus consciemment la joie de l’attente. Tandis que la couronne rythme les dimanches par la prière et la méditation, le calendrier structure les jours dans une démarche patiente, emprunte d’émerveillement et de gratitude.
La couronne de l’Avent
La couronne de l’Avent, d’origine germanique, est confectionnée à partir de branches de sapin, symbole de vie éternelle. Ornée de quatre bougies, elle exprime la montée progressive de la lumière du Christ. Chaque dimanche, une bougie supplémentaire est allumée, jusqu’à ce que la clarté soit complète à la veille de Noël. Ainsi, le premier dimanche de l’Avent est allumée une bougie ; le deuxième dimanche, deux bougies, etc. Chacune représente une étape du salut : le pardon, la foi, la joie et la paix. En plus d’être jolie, par les couleurs qu’elle amène au centre de la table, la couronne de l’Avent représente un rituel qui invite les familles chrétiennes à prier et à méditer ensemble sur la venue du Sauveur.
Le calendrier de l’Avent
Le calendrier de l’Avent est, lui aussi, apparu en Allemagne au XIXe siècle. À l’origine, les familles protestantes offraient chaque matin une image pieuse aux enfants pour les aider à patienter jusqu’à Noël. Aujourd’hui décliné sous des formes variées, des chocolats aux sachets de thé, le calendrier de l’Avent occupe toujours la même fonction : celle de préparer avec douceur l’arrivée de Noël. Chacune des 24 matinées qui précèdent la célébration de la naissance de Jésus, petits et grands ouvrent une case de leur calendrier et y découvrent avec engouement une petite gourmandise. Il permet alors d’installer, au fil des journées sombres de décembre, l’ambiance festive et joyeuse de Noël.
Quelles sont les autres traditions de Noël ?
Le sapin de Noël
Symbole incontournable des fêtes, le sapin de Noël trône dans nos foyers chaque mois de décembre. Paré de lumière et de ses plus belles couleurs, il incarne la victoire de la clarté au cœur de l’hiver. Bien avant d’être associé à la Nativité, l’arbre toujours vert était déjà honoré par les peuples anciens. Chez les Celtes, on décorait un épicéa lors du solstice d’hiver pour célébrer le retour du soleil. Cet arbre qui ne perd pas ses aiguilles, représentait la force vitale au milieu des ténèbres. Avec l’avènement du christianisme, ces coutumes ont été réinterprétées : lorsque l’Église a fixé au IVᵉ siècle la fête de la Nativité au 25 décembre, date correspondant à la célébration païenne du Sol Invictus (« Soleil invaincu »), le sapin est alors devenu le signe de la lumière du Christ qui triomphe de la nuit.
Placé au cœur de la maison, chaque membre de la famille prend plaisir à décorer d’ornements colorés et lumineux l’arbre qui matérialisera la festivité de la Nativité. Guirlandes de lumière, boules de Noël et étoile placée au sommet du sapin participent toutes à cette préparation spirituelle. Chacun de ces symboles rappelle un aspect du mystère de Noël et prépare les cœurs, jeunes et moins jeunes, à accueillir la naissance du Sauveur.
La crèche de Noël
La crèche représente l’une des traditions les plus centrales de Noël pour les chrétiens. En effet, si aujourd'hui les rituels du calendrier de l’Avent ou du sapin de Noël se sont sécularisés, c'est-à-dire qu’ils ne sont plus toujours pratiqués dans une perspective religieuse et chrétienne, la crèche conserve quant à elle une dimension profondément spirituelle. Elle met en scène la naissance de Jésus à Bethléem, telle que la rapporte l’Évangile selon saint Luc. Son origine remonte à saint François d’Assise qui réalisa en 1223 à Greccio, en Italie, la première crèche vivante afin d’aider les fidèles à contempler le mystère de la Nativité.
La crèche est généralement placée au pied du sapin durant la période de l’Avent. Elle contient tous les personnages, appelés ici « santons », qui ont assisté au mystère de l’Incarnation : Marie, Joseph, les bergers, les anges, les Rois mages. Un bœuf et un âne ont été ajoutés à la tradition. L’enfant Jésus est ajouté le jour de sa naissance, le 25 décembre, dans une mangeoire. La crèche sert donc de catéchèse, notamment aux plus jeunes, et transmet le sens profond de Noël : l’instant où Dieu s’est fait proche de l’humanité.
Ainsi sont-ils - Au pays des santons
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La fête de Noël : célébrer la naissance du Seigneur
Le temps de l’Avent, au cours duquel les fidèles ont pu se préparer à la célébration de l’avènement du Christ sur Terre, culmine le jour de Noël qui a lieu le 25 décembre. Noël représente donc l’un des temps les plus importants de l’année liturgique pour les chrétiens.
Jésus est-il né le 25 décembre ?
Si les chrétiens célèbrent Noël le 25 décembre, aucune mention de cette date n’est faite dans la Bible. En effet, les Évangiles de Matthieu et de Luc, seuls à relater la Nativité, ne donnent aucun repère chronologique précis. Ils situent simplement la naissance de Jésus sous le règne du roi Hérode, mort en l’an 4 avant J.-C. Le récit des évangélistes n’ayant pas pour objectif de produire une bibliographie, celui-ci vise plutôt à témoigner du sens théologique de la naissance de Jésus : sa venue accomplit les promesses de l’Ancien Testament et manifeste l’Incarnation du Fils de Dieu.
En réalité, les origines de la fête de Noël remontent à l’Antiquité romaine et à la décision de l’Église de christianiser des fêtes païennes, telles que les Saturnales et le culte du Sol Invictus célébrées au moment du solstice d’hiver, le moment à partir duquel les jours rallongent. Ces rites honoraient le retour de la lumière, symbole de la renaissance du soleil. En fixant la Nativité à cette période, l’Église a alors proposé une nouvelle lecture de ces rites : Jésus est le « Soleil de justice » (Malachie 3,20), la lumière du monde venue dissiper les ténèbres. Ainsi, même si Jésus n’est sans doute pas né historiquement le 25 décembre, cette date revêt une valeur symbolique forte puisqu’elle célèbre l’Incarnation du Christ au cœur de la nuit du monde, signe de salut et d’espérance pour l’humanité.
La messe de Noël
Les catholiques se rassemblent dans la nuit du 24 au 25 décembre pour célébrer la messe de Noël. Cette veillée lumineuse marque le passage de l’attente de l’Avent à la révélation de la Nativité. Selon la tradition, qui remonte au VIe siècle, la messe de minuit (dont le nom formel est « messe de la nuit » ou « messe de l’ange ») est la première des trois messes de Noël (les deux autres étant la messe de l’aurore et la messe du Jour). Elle est, toutefois, la plus fréquentée aujourd'hui et célébrée, pour des raisons pratiques, plutôt en début de soirée qu’à minuit précisément.
La messe de minuit est, chaque année, présidée par le pape à la basilique Saint-Pierre de Rome. Cet événement est retransmis en direct dans le monde entier par Le Jour du Seigneur. Dans un monde souvent obscurci par les conflits ou l’indifférence, la messe de Noël rappelle que la venue du Christ apporte une lumière d’espoir et un message d’amour adressé à tous.
Les chants de Noël
Les chants de Noël, appelés aussi cantiques de Noël, occupent une place essentielle dans la liturgie. Lors de la messe de Noël, ils expriment avec la joie de la Nativité et louent non seulement le Christ Sauveur mais également la paix promise aux humains.
Parmi les plus connus, on trouve « Il est né le divin Enfant », un chant français du XIXe siècle, « Les anges dans nos campagnes », un cantique traditionnel faisant écho à l’annonce des anges aux bergers (« Gloria in excelsis Deo »), « Peuple fidèle » (Adeste fideles), un chant latin du XVIIIe siècle appelant les croyants à venir adorer l’Enfant Dieu, ou encore « Douce nuit, sainte nuit » (Stille Nacht, heilige Nacht), un cantique autrichien de 1818, traduit dans plus de 300 langues, et devenu depuis un symbole universel de paix. A ces chants liturgiques s’ajoutent d’autres chants populaires tels que « Entre le bœuf et l’âne gris », ou d’autres plus modernes n’impliquant pas de dimension chrétienne explicite (ex : « Petit papa Noël », « Mon beau sapin » (adapté de O Tannenbaum), « Vive le vent » (Jingle Bells)).
Dans les pays anglophones, en Angleterre particulièrement, les chrétiens aiment à participer aux chorales de Noël, qui font partie intégrante des célébrations de l’Avent et de Noël. Ces chœurs, souvent composés d’enfants ou de chanteurs paroissiaux, interprètent des Christmas carols.
Que mange-t-on le jour de Noël ?
Le repas de Noël est un moment central de la fête. Modelé sur le banquet des Saturnales païennes, il s’est érigé comme un symbole de partage et d’abondance. Pour célébrer la naissance du Christ, les familles se rassemblent autour d’une table décorée, en partageant des mets festifs. Les menus varient selon les pays et les régions mais on retrouve partout cette même idée de convivialité.
En France, le repas de Noël traditionnel comprend souvent une volaille rôtie (un chapon, une dinde, une oie ou du canard), du foie gras, des fruits de mer et d’autres plats raffinés accompagnés de vins. Les desserts y tiennent une place particulière. Dans le Sud, notamment en Provence, on perpétue la coutume des treize desserts, représentant Jésus et les douze apôtres. Parmi eux, on retrouve les quatre mendiants (noix, amandes, figues et raisins secs, évoquant les ordres religieux mendiants), la pompe à l’huile, les fruits confits, le nougat blanc et noir, les dattes et les fruits frais. Ces douceurs, servies en même temps, rappellent la diversité et la communion des convives autour du Christ.
Un autre incontournable est la bûche de Noël. Née au XIXᵉ siècle, elle s’inspire de l’ancienne tradition de la bûche que l’on faisait brûler dans l’âtre la nuit de Noël pour symboliser la lumière et la protection du foyer. Avec le temps, cette coutume s’est transformée en gâteau roulé garni de crème au beurre, de chocolat ou de marrons, décoré comme une bûche de bois. Aujourd’hui, la bûche est souvent revisitée en versions glacée ou pâtissière.
Le jour de Noël marque ainsi l’accomplissement de l’attente de l’Avent et la reconnaissance du Christ comme lumière du monde. Mais la fête ne s’arrête pas là : quelques jours plus tard, les chrétiens commémorent l’Épiphanie, c'est-à-dire le moment où le Sauveur se manifeste à toutes les nations à travers la visite des Rois mages…