Par Julia Itel – Publié le 01/11/2023
À Jérusalem, bien sûr ! Le tombeau du Christ se situe dans la basilique du Saint-Sépulcre, dans le quartier chrétien de la Vieille ville de Jérusalem. Considéré comme le lieu le plus saint et le plus sacré du christianisme, le Saint-Sépulcre commémore la Passion et la résurrection de Jésus-Christ.
Où Jésus-Christ est-il mort ?
Selon la tradition chrétienne, après avoir été condamné à mort par le préfet Ponce Pilate, Jésus subit sa Passion (commémorée lors de la Semaine sainte et culminant lors du Vendredi saint) et meurt sur la croix à Golgotha, une colline située à l'extérieur des murs de Jérusalem. Son corps, enveloppé d’un linceul, est alors placé dans un tombeau, une tombe creusée dans la roche et fermée par une grande pierre que l’on roule devant l’entrée.
Trois jours après sa mort, un groupe de femmes (dont Marie-Madeleine) se rend tombeau pour terminer l’embaumement de Jésus. Toutefois, elles constatent que la pierre a été déplacée et que le tombeau est vide. Marie, sa mère, ainsi que de nombreux disciples font éclater leur joie : « Jésus le crucifié, Dieu l’a ressuscité, il est vivant » (Mt 28, 1-10). Jésus, ressuscité, apparaît à des témoins. Marie-Madeleine est d’ailleurs la première à qui il est apparu.
Cet événement est au cœur et au fondement de la foi chrétienne. La résurrection de Jésus est considérée comme la preuve de sa divinité et le fondement de la foi en la vie éternelle. Elle est commémoré lors de la fête de Pâques.
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La christianisation de Jérusalem
Avant le IVe siècle, Jérusalem est une ville habitée principalement par les Juifs. Elle a d’ailleurs abrité le Second Temple, détruit par les Romains en 70 après J.-C. Cela change sous le règne de l’empereur Constantin Ier : à partir de 313, l’édit de Milan promulgué par l’empereur accorde la liberté de religion et met fin à la persécution des chrétiens. Adoptant le christianisme comme religion d’État, il voit dans cette nouvelle religion une opportunité d’unifier son vaste empire, ce qui permet à la foi chrétienne de se développer et de s'établir.
Il ordonne ainsi la construction de plusieurs églises à Jérusalem, notamment l'église du Saint-Sépulcre, reconnaissant par là le lieu de la crucifixion et de la résurrection de Jésus. Tout au long des IVe et Ve siècles vont être « inventés » des lieux saints, ce qui consiste selon le chercheur Michaël Jasmin « à associer à un lieu physique à un imaginaire religieux, en l’occurrence celui des Évangiles ». Constantin fait ainsi construire deux églises supplémentaires à partir de lieux considérés comme sacrés. Là où est né Jésus, il fait construire la basilique de la Nativité à Bethléem et à l’endroit où aurait eu lieu le dernier souper, la Cène, il fait ériger l’église d’Éléona sur le mont des Oliviers (il est ensuite déplacé, sous Théodose Ier, au mont de Sion). Cela permet de renforcer la présence chrétienne dans la ville et d’attirer de nombreux pèlerins venus se recueillir sur les lieux de la Terre sainte.
Le Saint-Sépulcre, ou le tombeau du Christ
De carrière de pierres à temple romain
Dans les années 1960, des fouilles menées sous les sols de l'église du Saint-Sépulcre et d'autres bâtiments situés à proximité ont permis d'établir que, pendant la majeure partie de l'âge du fer, le site a été utilisé comme une carrière de pierres. Celle-ci a ensuite été abandonnée puis utilisée comme lieu de sépultures, creusées dans les murs de l’ancienne carrière, ce qui indique que la zone est restée en dehors des murs de la ville au moins jusqu'à la période associée à l'exécution de Jésus.
Du temps des grandes persécutions chrétiennes, l’empereur Hadrien fait construire sur le lieu de l’enterrement de Jésus un temple dédié à Aphrodite. Les archéologues ont avancé l’hypothèse qu’un podium surélevé du temple aurait été placé pour cacher la tombe de Jésus. Celle-ci est d’ailleurs restée intacte jusqu'à ce qu'elle soit à nouveau révélée sous Constantin.
La construction de la basilique du Saint-Sépulcre
Selon la tradition, la mère de Constantin Ier, Hélène qui séjourne à Jérusalem en 325-327, rêve une nuit du lieu exact où se trouve le tombeau du Christ. Elle demande ainsi à son fils d’excaver l’endroit et d’ériger une église commémorative sur le lieu de la sépulture de Jésus.
C'est chose faite : Constantin commence par démolir le temple d'Hadrien (ainsi que tous les autres lieux païens). Une fois la tombe révélée, la masse rocheuse environnante est taillée afin d'isoler la tombe à l'intérieur d'une place circulaire. Cette place sert ensuite de point de départ à l'élaboration d'un complexe plus vaste connu sous le nom d'église, ou basilique, du Saint-Sépulcre. Celle-ci comprend trois éléments principaux : l’atrium, où sont conservées les reliques ; le martyrium, une cour ouverte incluant le Golgotha, soit le lieu mentionné dans les Évangiles comme étant le site de la crucifixion ; et la Rotonde ou Anastasis (signifiant « résurrection » en grec) qui ferme le tombeau de Jésus. La basilique du Saint-Sépulcre est dédicacée le 13 septembre 335.
Mais l’église est endommagée lors de la conquête de Jérusalem par les Perses en 614 et en 1009, le calife al-Hakim bi-Amr Allah ordonne la démolition de la grande basilique, ce qui pousse les chrétiens d’Europe à partir en croisades pour sauver et récupérer le Saint-Sépulcre. Dès lors, le Sépulcre et le Golgotha sont l'objet de projets de restauration, dont le premier est entrepris en 1030, sous l'empereur Constantin IX Monomaque, et le second est achevé lors du cinquantième anniversaire de la conquête croisée en 1149. La basilique constantinienne est alors transformée : plus petite, celle-ci est construite dans un style roman. Les croisés décident de conserver l’Anastasis et d’inclure le Golgotha au sein même de la basilique.
Le Saint-Sépulcre, gardé par les musulmans
Au XIIe siècle, les Arabes conquièrent Jérusalem. Afin d’apaiser les conflits existant entre les différentes communautés chrétiennes, le sultan Saladin confie les clés du Saint-Sépulcre à deux familles musulmanes. Depuis, la tradition se poursuit et les clés se transmettent toujours de génération en génération. Au début du XIXe siècle, un incendie entraîne l’effondrement du dôme et, par conséquent, des détériorations à l’extérieur de l’Édicule, qui protège le tombeau. Depuis, un certain nombre d'initiatives de restauration sont menées par les différentes communautés responsables des diverses parties de l'église. En effet, depuis 1767, fatigué des querelles divisant les communautés chrétiennes quant à l’accès légitime du Saint-Sépulcre, le sultan partage la basilique entre l’Église orthodoxe grecque, l’Église catholique romaine et l’Église apostolique arménienne. Ainsi, les zones réaménagées par les Franciscains reflètent clairement les principes architecturaux et artistiques des églises occidentales, tandis que les sections sous le contrôle de l'ordre orthodoxe grec reproduisent le style des églises orthodoxes.