Écrit par Julia Itel - Publié le 20/09/2022

Le pape est une figure religieuse et spirituelle incontournable : il est l’évêque de Rome et, donc, le chef de l’Église catholique. Mais qu’est-ce que cela implique ? Quels sont le rôle et la fonction du pape ?

Qui est le pape ?

Le pape occupe trois grandes fonctions et donc plusieurs titres.


Évêque de Rome

Tout d’abord, le pape est l’évêque de Rome, ce qui signifie qu’il assume la direction spirituelle du diocèse de la ville de Rome. 

Le terme « évêque » vient du grec episkopos, puis du latin episcopus, et peut se traduire par « superviseur », « celui qui conduit et protège le troupeau ». L’évêque est donc le responsable d’une Église et de sa communauté. Ce dernier est considéré comme le successeur des apôtres à qui Jésus a confié la mission d’être les témoins de sa mort, de sa résurrection et de son enseignement. 


Successeur de saint Pierre

D’après la tradition catholique, le pape reçoit son autorité par succession depuis l’apôtre Pierre, lui-même l’ayant reçue de Jésus : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt 16, 18). Ainsi désigné premier des évêques, Pierre se serait ensuite établi à Rome pour fonder son Église. Par la succession apostolique, l’évêque de Rome est depuis lors devenu, par extension, le représentant de l’Église catholique

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Sur les traces de saint Pierre à Rome

     

Chef de l’État du Vatican

Enfin, le pape est le chef de l’État du Vatican au sein duquel il réside. Le Vatican est le plus petit État indépendant au monde (44 hectares) et se situe au cœur de Rome. Il a été créé en 1929 (par les accords du Latran), à la suite de la chute des États pontificaux et lorsque Rome a été annexé au royaume d’Italie en 1870.

Le pape est, depuis lors, dépositaire d’un double pouvoir : à la fois spirituel, puisqu’il est à la tête du Saint-Siège (le gouvernement pastoral de l’Église catholique) et de l’Église universelle, mais également temporel, car il règne sur le Vatican. 


D’où vient le mot « pape » ?

Aux débuts du christianisme, le terme « pape » (qui vient du grec papas et du latin papa et qui signifie « père », « patriarche ») est utilisé pour désigner les évêques à la tête des différentes Églises, comme celles de Constantinople, d’Antioche ou d’Alexandrie. 

Calixte Ier, évêque de Rome de 217 à 222, est sans doute le premier à recourir distinctement au titre de pape. Mais il faut attendre le VIIe ou le VIIIe siècle pour que celui-ci ne soit utilisé que pour l’évêque de Rome, ce qui va permettre de centraliser davantage le pouvoir ecclésial à Rome.


Pourquoi le pouvoir du pape est-il concentré à Rome ?

Une centralisation progressive du pouvoir

Dans l’Antiquité, tout évêque – en général un prêtre – est élu par le clergé et le peuple de sa ville. À partir du IVe siècle, l’empereur Constantin voit dans le christianisme une force d’unification potentielle pour son empire qui subit, alors, d’importantes divisions. Il décide d’adopter le christianisme comme religion d’État et Rome devient le centre spirituel, politique et économique du monde. 

En parallèle, Rome est reconnue comme le lieu de martyre et du tombeau des apôtres Pierre et Paul. Peu à peu, l’Église de Rome, dirigée par l’évêque de Rome, va assumer un leadership prépondérant sur les autres Églises du monde chrétien, jusqu'à agir comme autorité unique. L’Église de Rome incarne alors l’Église occidentale, qui se fait appeler « Église catholique universelle ».

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Pierre et Paul à Rome

     

Pasteur de l’Église universelle

Jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle, l’autorité du pape se tient surtout à son rôle politique. Lorsqu’a lieu la séparation entre les sphères politique et religieuse en Europe (qu’on appelle « sécularisation »), avec notamment la fin des États pontificaux, la fonction papale se recentre sur le spirituel. L’Église catholique se réorganise et se centralise autour d’un monarque de droit divin (Pastor aeternus) qui détient désormais un pouvoir ecclésial dominant (il nomme les évêques, qui lui sont ensuite subordonnés), mais également doctrinal, moral et intellectuel.

À la suite du deuxième concile du Vatican (plus connu sous le nom Vatican II), ayant marqué l’ouverture de l’Église catholique au monde moderne, Paul VI déclare en 1965 que le pape doit exercer le rôle de « pasteur de l’Église universelle » et ainsi revenir aux fondements apostoliques. En tant que premier évêque, celui-ci doit veiller à ce que la foi authentique est bien enseignée et doit garantir l’unité de l’Église dans un monde pluriel. 

Le dogme de l’infaillibilité pontificale, déjà proclamé en 1870 puis complété en 1964, assure au pape une autorité indéfectible dans la mesure où, puisqu’il est inspiré par l’Esprit Saint, ses enseignements sont considérés comme objets d’une révélation divine. Il ne peut donc pas se tromper quand il est question de foi. Cela implique également que tout enseignement produit par son prédécesseur ne peut être contredit. Le pape utilise ainsi plusieurs types d’enseignement, garantissant à la fois l’unité de la foi à travers les époques et les cultures (enseignement ex cathedra), mais aussi l’évolution de l’Église catholique face aux questions de notre temps (à travers les encycliques ou lettres papales).


Universalisation de la fonction pontificale

Au cours du XXe siècle, grâce aux progrès technologiques comme la radio ou la télévision, le pape a acquis une plus grande visibilité et est devenu progressivement une figure morale et spirituelle incontournable de la scène internationale. 

En effet, ces dernières décennies, tout pape doit assumer une certaine fonction diplomatique, mise au service de l’universalisme catholique. En voyageant à travers le monde (mis en place par Jean-Paul II), le pape exerce désormais un certain pouvoir d’influence et de médiation sans précédent, d’abord avec les Églises locales mais aussi avec certaines grandes institutions internationales, comme lors de ses interventions aux Nations Unies ou au Parlement européen sur des questions de société actuelles (ex : sur l’environnement avec la publication de Laudato Si’ en 2015). 

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Génération Laudato Si’