Par Julia Itel – Publié le 06/05/2025
L’accession à la papauté est un moment crucial pour l’Église catholique. Après l’élection, le pape ne prend pas immédiatement ses fonctions de manière informelle. En effet, un ensemble de cérémonies et de rituels marque son entrée officielle en tant que souverain pontife.
De l’« Habemus papam » à l’entrée en fonction du pape
Habemus papam ! Au terme du conclave, le cardinal protodiacre annonce solennellement devant l’assemblée de fidèles qui se tient sur la place Saint-Pierre, le nom du nouveau pape. La formule latine, qui s’accompagne d’une fumée blanche, symbole d’un processus électoral abouti, inaugure ainsi un nouveau chapitre dans l’histoire de l’Église catholique.
Le pape élu, désormais reconnu comme le successeur de saint Pierre, est sur le point de prendre ses fonctions à travers un ensemble de rites qui reflètent l’importance et la sacralité de sa mission. En effet, en tant que guide de l’Église catholique et chef d’État de la cité vaticane, le pape est investi d’une mission spirituelle, morale et administrative unique. Chaque geste, chaque habit, chaque acte qu’il pose au moment de son entrée en pontificat souligne l’importance de sa vocation.
Immédiatement après avoir été introduit comme nouveau souverain pontife, le pape prononce sa première bénédiction, Urbi et orbi (« À la ville et au monde »), depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre. Il prend ensuite possession de ses appartements dans le palais apostolique.
Si autrefois l’on parlait de « couronnement » ou d’« intronisation » du pape, aujourd'hui il est plus juste d’évoquer son « inauguration ». En effet, depuis Paul VI qui a simplifié le rite d’inauguration, la tiare papale n’est plus portée par les papes afin d’honorer la simplicité évangélique.
L’inauguration du pontificat : un ensemble de rites
Les habits pontificaux : un symbole de pureté et d’humilité
Pour souligner le changement de statut qui lui est conféré depuis son élection, le nouveau pape troque ses habits « rouge cardinal » pour une soutane blanche, symbole de pureté et de sainteté.
Sa tenue s’accompagne d’une calotte blanche, nommée zucchetto en italien ; de l’anneau « du pêcheur », remis au début de son pontificat ; du pallium (« manteau »), une étoffe de laine blanche où sont brodées cinq croix rouges et qui est placée autour de son cou ; de la férule papale, un bâton liturgique symbolisant le pouvoir spirituel et temporel du pape ; d’une mosette, c'est-à-dire une pélerine courte en velours rouge, bordée d’hermine blanche en hiver et d’hermine en été ; d’une tiare, mais dont l’usage a été abandonné depuis Paul VI ; et enfin d’une coiffe rouge bordée d’hermine, nommée « camauro ». Le rouge symbolise, dans le vestiaire chrétien, la Passion et le sang des martyrs.
L’acte inaugural de la première messe papale
Après son élection, le nouveau pape célèbre sa première messe solennelle en la basilique Saint-Pierre de Rome. C'est là que lui sont remis les insignes pontificaux : l’anneau du pêcheur, par le cardinal doyen et le pallium, imposé par le cardinal protodiacre. C'est également au cours de cette messe que les cardinaux lui font acte d’obédience.
La messe, qui se déroule généralement dans les jours qui suivent son élection, est un acte symbolique très important car elle marque le début officiel du pontificat. Au cours de cette cérémonie, et notamment lors de l’eucharistie, le nouveau pape se place ainsi symboliquement à la tête du peuple chrétien, prêt à remplir son rôle de pasteur universel de l’Église catholique.
Prise de possession de la basilique Saint-Jean-de-Latran
Après cette première messe inaugurale, le pape prend possession de la basilique Saint-Jean-de-Latran, considérée comme la cathédrale du pape à Rome. Par cet acte symbolique, le pape « s’installe » officiellement et affirme son autorité spirituelle sur l’ensemble de l’Église catholique, tout en se liant à la ville de Rome, capitale de la chrétienté. Cette cérémonie représente l'ancrage géographique et spirituel du pape dans la ville qui le voit siéger en tant que successeur de saint Pierre.
Les premières responsabilités du pape
Gouvernance et diplomatie
Une fois les cérémonies initiales accomplies, le pape commence immédiatement à exercer ses fonctions. En tant qu’évêque de Rome, le pape est responsable de l’orientation spirituelle et morale de l’Église, mais aussi de ses décisions administratives et diplomatiques. Il assume ainsi la gouvernance de l’Église catholique. La nomination de cardinaux et de membres de la Curie romaine (l'administration vaticane) représente alors l’une des premières tâches cruciales de sa fonction.
Au cours du XXe siècle, grâce aux avancées technologiques telles que la radio et la télévision, le pape acquiert une plus grande visibilité et devient progressivement une figure morale et spirituelle incontournable sur la scène internationale. Cette évolution renforce son rôle diplomatique. En tant que chef du Vatican, considéré comme le plus petit État souverain au monde, le pape entretient des relations diplomatiques essentielles avec les gouvernements du monde entier. Ces relations sont mises au service de la promotion de la paix, de la justice sociale et des valeurs chrétiennes dans les affaires mondiales, consolidant ainsi la mission évangélique de l’Église.
Guider les fidèles : la mission pastorale
Au-delà de ses responsabilités administratives et diplomatiques, le pape est avant tout un guide spirituel. Sa mission pastorale commence dès son accession au trône de Pierre. Le pape prend soin de nourrir la foi des catholiques du monde entier, prêchant l'amour, la paix, la miséricorde et la solidarité. Comme « pasteur de l’Église universelle », il est appelé à être un témoin de la foi chrétienne, en offrant des enseignements, ex cathedra ou écrits, qui renforcent l'unité et la charité au sein de l’Église.
Les voyages apostoliques à travers le monde font également partie de ses tâches. Ces visites sont des moments de rencontre avec les fidèles, de prière et de dialogue. Elles permettent au pape de partager la parole de Dieu et de témoigner de l’universalité de l’Église catholique.