Par Julia Itel – Publié le 09/02/2023

Le 11 février 2013, en renonçant à ses fonctions pontificales, le pape Benoît XVI en a surpris plus d’un. Si la démarche est autorisée par le droit canon, elle n’en reste pas moins rare.
 

Démission ou renonciation ?

Élu à vie, il est courant que dans l’histoire de la papauté, le souverain pontife quitte ses fonctions à son décès. Dans de rares cas, il peut démissionner – ou, en termes plus exacts, il peut renoncer à ses fonctions.

Inscription dans le code de droit canonique

En effet, le verbe « démissionner » n’est pas utilisé dans le droit canon. Contrairement à une démission qui doit être acceptée par un supérieur hiérarchique, la renonciation du pape renvoie à sa seule décision qui est libre et sans contrainte car, au-dessus du pape, seul existe Dieu.

Ainsi, l’article 332-2 du code de droit canonique indique : « S’il arrive que le pontife romain renonce à sa charge, il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu’elle soit dûment manifestée, mais non pas qu’elle soit acceptée par qui que ce soit ». De plus, l’article 333 précise que « contre une sentence ou un décret du pontife romain, il n’y a ni appel ni recours. » La renonciation du pape ne peut être ainsi contestée par qui que ce soit.
 

Quels papes ont renoncé à leurs fonctions ?

Benoît XVI

Benoît XVI, né Joseph Ratzinger, est le 265e pape de l’Église catholique et le premier pape contemporain à avoir renoncé à ses fonctions, le 11 février 2013. Presque âgé de 86 ans, le pape émérite – trop fatigué pour assurer la charge liée à sa mission – a préféré passer la main à quelqu'un de plus jeune. C'est le pape François qui lui a succédé.
 

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 Découvrez en images la renonciation de Benoît XVI


Pontien

Le 18e évêque de Rome, considéré « pape » de manière rétrospective, a subi en 235 une nouvelle vague de persécutions antichrétiennes de la part de l’empereur romain Maximin. Déporté en Sardaigne afin de travailler de force dans les mines de sel, il a ainsi dû renoncer au siège d’évêque de Rome.

Benoît IX et Grégoire VI

Fils d’une famille romaine influente, les Tusculani, Benoît IX accède au trône pontifical alors qu’il est jeune adolescent. On raconte que le jeune pape aurait démissionné en 1045 afin de se marier. Son cousin, Grégoire VI, le remplace. Mais quelques temps après, Benoît IX revient sur sa décision et réclame son titre de pape. Le roi germain, Henri III, est sommé de mettre de l’ordre : il excommunie Benoît IX et oblige Grégoire VI à abdiquer en l’accusant de simonie dans l’année qui suit.

Célestin V

Né Pietro Angeleri, Célestin V est élu pape en 1294. Ayant fondé l’ordre des célestins, le moine-ermite endosse la charge de souverain pontife à l’âge de 85 ans. La transition d’une vie d’ascète à celle de pape, hautement politisée, ne lui convient pas. Se sentant indigne de sa fonction, il renonce au bout de cinq mois seulement.

Grégoire XII

Le 205e pape de l’Église catholique a choisi d’abdiquer en 1415, après neuf ans de règne, afin de mettre fin au Grand Schisme d’Occident qui opposait Rome et Avignon.
 

Que se passe-t-il lorsqu’un pape meurt ou renonce à ses fonctions ?

La Sede vacante

Lorsqu’un pape meurt ou renonce à son rôle de pontife romain, commence la période de la « Sede vacante », c'est-à-dire la vacance du Siège apostolique. Historiquement, cette étape est réputée dangereuse pour l’Église catholique car aucun souverain n’est à sa tête. Une série d’étapes a donc été pensée pour, rapidement, combler le vide laissé par le défunt (ou renonçant).

Rôle du Collège cardinalice

Dès l’annonce de la nouvelle, les cardinaux sont invités à se réunir au Vatican afin d’organiser, le cas échéant, les funérailles papales et l’élection du prochain pape. Ensemble, les cardinaux forment le « Collège cardinalice ». Les jours suivants le décès ou la renonciation effective du pape, ces derniers se rencontrent ainsi en congrégations générales. Ils définissent le protocole à suivre pour les neuf jours suivant le décès du pape, appelés « novemdiales », discutent de la situation actuelle de l’Église et réfléchissent ensemble au profil du pape qu’ils souhaiteraient bientôt élire. Cela leur permet in fine d’apprendre à se connaître et de s’exprimer sur des sujets jugés importants pour l’Église afin d’élire, dans les meilleurs délais, le prochain souverain pontife.
 

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Jean-Marie Guénois, journaliste au Figaro, revient sur la renonciation du pape Benoît XVI