Par Julia Itel - Publié le 9 décembre 2021

« Mon beau sapin, roi des forêts, Que j’aime ta verdure !
Quand, par l’hiver, bois et guérets, Sont dépouillés de leurs attraits,
Mon beau sapin, roi des forêts, Tu gardes ta parure. »

La célèbre comptine, adaptée du chant allemand « O Tannenbaum » d’Ernst Anschütz (1824), honore l’arbre qui s’invite dans nos foyers à Noël. Sa parure toujours verte, même en plein cœur de l’hiver, en dit long sur la symbolique qui lui est associée. Paré de lumière et de ses plus belles couleurs, il trône dans nos salons et incarne l’esprit des fêtes de Noël. 
 

D’où vient la tradition du sapin de Noël ? 

Des origines païennes à celles chrétiennes

Comme la couronne de l’Avent, le sapin de Noël a des origines païennes. Entre 2000 et 1200 ans avant Jésus Christ, les Celtes fêtent le retour du soleil lors du solstice d’hiver. Ils ont alors la coutume de décorer un épicéa. Cet arbre, indigène à l’Europe, a la particularité de ne pas perdre ses aiguilles l’hiver et symbolise ainsi pour eux la puissance de la vie. Les Celtes suspendaient des offrandes pour les dieux, à partir de fruits, de fleurs et de céréales, comme le blé.  
 
Au cours des premiers siècles après J.-C., l’Église souhaite christianiser un certain nombre de pratiques païennes. Au début du IVe siècle, elle fixe la célébration de la naissance de Jésus, la Nativité, au 25 décembre. Elle reprend ainsi la fête du culte du Sol Invictus, instituée par l’empereur romain Aurélien en 274, qui célèbre la naissance du dieu solaire Mithra et, à la même occasion, le solstice d’hiver. Mentionnée pour la première fois dans le Chronographe de 354, la fête de la Nativité est donc ajoutée au calendrier liturgique, comme alternative aux festivités païennes. 
 

La légende de Saint Boniface

Une légende raconte qu’au VIIIe siècle, le moine Saint Boniface se met en tête de convaincre les druides germains que le chêne n’est pas un arbre sacré. Afin de prouver son raisonnement, il en fait abattre un. Mais, alors que celui-ci écrase tout sur son passage, seul un jeune sapin est épargné. Stupéfait, Saint Boniface considère ceci comme un miracle et, alors qu’il était en train de prêcher la Nativité, il fait du sapin l’arbre de l’Enfant Jésus. 
 
Il est parfois mentionné que l’arbre abattu serait le chêne de Thor, un arbre vénéré par les peuples germaniques anciens. Les attributs celtiques du chêne, c'est-à-dire la force et la sagesse, étaient autrefois associés au pouvoir des druides. On peut ainsi en conclure que la légende de Saint Boniface raconte tout simplement la victoire du christianisme sur les cultes païens et pré-chrétiens. La forme triangulaire du sapin aurait aussi pu servir le moine à transmettre l’idée de la Trinité chez les Celtes.
 

Le sapin, une tradition alsacienne ?

Vers 1521, les archives de la ville de Sélestat, en Alsace, font mention pour la première fois d’une autorisation de la cité à couper des arbres pendant la période de Noël et la possibilité, pour chaque famille, de récupérer un sapin.
 
Reprenant la symbolique de l’arbre du Paradis, on y accroche des pommes rouges (le fruit défendu qui causa la perte d’Adam et Ève) et des gâteaux en forme d’hostie, symbolisant la rédemption. Plus tard, on décore le sapin avec des friandises, comme des bredele, des gaufres, du pain d’épices, et des confiseries. Les bredele sont des petits biscuits confectionnés à Noël. Leurs formes reprennent les éléments de la Nativité comme l’étoile de Bethléem, la botte des Rois mages, le sabot des berges, les cloches ou encore les anges venus visiter l’Enfant Jésus. Accrochés dans l’arbre, ils viennent ainsi raconter l’histoire de Noël.  

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Une tradition qui se diffuse 

Bien que l’épouse de Louis XV, Marie Leszczynska, ait introduit le premier sapin à Versailles en 1738, la tradition du sapin de Noël reste limitée aux régions alsaciennes et germaniques. C'est à la fin de la guerre franco-prussienne de 1870-1871 qu’elle se fait plus largement connaître. L’arrivée massive d’Alsaciens et de Lorrains en France permet de diffuser la coutume de décorer un sapin à Noël grâce, notamment, à l’organisation à Paris en 1872 d’une « fête de l’Arbre de Noël ». 
 
C'est également au XIXe siècle que la tradition s’implante durablement en Allemagne, autant chez les catholiques que chez les protestants. Depuis lors, cette coutume s’est diffusée partout dans le monde occidental et est devenue un incontournable des préparatifs de Noël
 

Histoire et symbolique des décorations de Noël

Les boules de Noël

L’idée d’accrocher des boules de Noël en verre apparaît en 1858, dans les Vosges du Nord, après qu’un été très sec et un hiver rude aient décimé les récoltes de fruits. N’ayant aucune pomme à accrocher au sapin de Noël cet hiver-là, un souffleur de verre de Moselle a l’idée de créer des boules colorées pour les remplacer. 
 

Les guirlandes lumineuses

La tradition d’illuminer le sapin avec des guirlandes remonte au XVIe siècle. On raconte que Martin Luther, ébloui par la vision d’un sapin enneigé reflétant la lumière des étoiles dans le ciel, aurait reproduit cet effet avec des bougies. Au cours du XVIIe siècle, il est alors coutume de décorer le sapin avec des coquilles de noix emplies d’huile et d’une mèche que l’on allume. Enfin, la guirlande électrique est inventée en 1882 par Edward Hibberd Johnson, un proche de Thomas Edison. 
 
De nos jours, les illuminations de Noël font partie intégrante de la culture. Installées plusieurs semaines avant Noël, on les trouve partout : dans nos maisons, dans les jardins, dans les rues, accrochées au sapin… Leurs lumières éclairent les jours sombres de cette période précédant le solstice d’hiver et annonçant le retour progressif du soleil.   
 

Au sommet du sapin trône l’étoile

Tout en haut du sapin, on accroche traditionnellement une étoile. Pour les chrétiens, elle rappelle l’étoile de Bethléem qui a guidé, selon Saint Matthieu, les Rois mages vers le lieu où est né l’Enfant Jésus.
 

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