Par Julia Itel – Publié le 24/08/2022

Quelle est la différence entre Ancien et Nouveau Testament ?

La Bible est composée de deux parties : l’Ancien et le Nouveau Testament. Le terme « testament » vient du latin testamentum, lui-même traduit du grec diathekè et de l’hébreu berît, et qui renvoie au principe d’alliance passée entre Dieu et l’humanité. 

L’Ancien Testament représente la partie antérieure au christianisme, que l’on considère comme la Bible juive, ou hébraïque. C'est une collection de livres (« bible » vient du grec biblia qui signifie « livres ») qui rassemble les textes fondamentaux du peuple juif et qui relate l’Alliance passée entre Dieu et le peuple d’Israël. Les Juifs l’appellent Tanakh.

Le Nouveau Testament, quant à lui, est l’ensemble des écrits relatifs à la vie de Jésus ayant été reconnus par l’Église. Pour les chrétiens, il n’existe pas de rupture entre l’Ancien et le Nouveau Testament. En effet, la venue au monde de Jésus est considérée par ces derniers comme l’accomplissement des prophéties de l’Ancienne Alliance et ces textes représentent ainsi la pleine expression et révélation de Dieu. 

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Quand est-ce que le Nouveau Testament a été rédigé ?

Le Nouveau Testament est une collection de 27 livres, tous rédigés sur une période d’environ 80 ans. Son temps de rédaction est donc plus court que celui de la Bible hébraïque, écrite sur plusieurs siècles. Si une datation exacte ne fait pas consensus, il est tout de même probable que ces textes aient été rédigés avant les années 120. 

La composition du Nouveau Testament ne suit pas un ordre chronologique. Par exemple, bien que l’Évangile de Matthieu soit présenté en premier, l’écrit le plus ancien serait plutôt la première épître de Paul aux Thessaloniciens, écrite autour de 49-50 après J.-C.


Qui a écrit le Nouveau Testament ?

Le Nouveau Testament a été rédigé par des auteurs convaincus de leur foi dans la mort et la résurrection du Christ. Leur intention a été de transmettre par l’écriture le cœur de la foi chrétienne : Jésus est ressuscité. 

Comme nous le verrons plus bas, la majorité de ces écrits est attribuée aux apôtres comme Matthieu, Paul, ou Pierre. Pourtant, la communauté scientifique s’accorde à dire que ces derniers ne sont pas les véritables auteurs. Il s’agirait plutôt de chrétiens de la deuxième génération ayant mis par écrit ce qu’ils ont reçu du message des apôtres. Ils auraient alors utilisé le procédé de la pseudépigraphie, consistant à attribuer un texte à quelqu’un d’autre dans le but de lui donner plus d’autorité. 


La transmission de la foi 

Mais alors comment les événements clés de la vie de Jésus sont-ils arrivés avec autant de précision à ces personnes ? Et pourquoi les textes du Nouveau Testament ont-ils été rédigés si tard ?

Il est vrai que Jésus ne semble pas avoir demandé à ses disciples de mettre par écrit ses enseignements. Il leur demande, plutôt, de les proclamer au monde entier (Mc 16, 15). À la mort du Christ, surpris de ce qu’il vient de se passer, les apôtres comprennent que Jésus est leur Seigneur. Emplis de l’Esprit Saint, ils se mettent ainsi à diffuser la Bonne Nouvelle et à prêcher à leur tour la vie et les paroles du Christ. 

Ce n’est qu’autour des années 60-70, lorsque les premiers témoins directs disparaissent, que la nécessité de consigner ces récits se fait sentir. De plus, après que Titus a ordonné la destruction du Temple, poussant alors le judaïsme à se redéfinir, de nombreux disciples sont exclus des lieux de culte. L’écriture des évangiles leur permet ainsi de forger une identité propre et de montrer, par leur lecture de l’Ancien Testament, que Jésus est bien le Messie annoncé par le prophète Jérémie (Jr 31, 31-34). 


Comment le Nouveau Testament est-il décomposé ?

Le canon néotestamentaire

Parmi tous les textes écrits entre le Ier et le IIe siècles, seuls 27 ont été reconnus par l’Église et intégrés au canon officiel. Du grec kanôn qui signifie « règle », le canon néotestamentaire a été défini par le biais de trois critères de sélection. Ainsi, chacun des textes devait être rédigé à l’époque apostolique (soit avant le IIe siècle), transmettre de manière conforme le message central de la foi chrétienne, et être reconnu par toutes les églises locales.

La composition définitive du Nouveau Testament est fixée en 367 siècle par Athanase, évêque d’Alexandrie, mais n’est ratifiée qu’au XVIe siècle lors du Concile de Trente.

Le Nouveau Testament est divisé en quatre parties : les quatre évangiles, les Actes des Apôtres, les lettres apostoliques et l’Apocalypse de Jean.


Les quatre évangiles

Le canon de l’Évangile

Le Nouveau Testament s’ouvre avec quatre évangiles, désignés par le nom de leur auteur supposé : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Tous les quatre font le récit de la vie de Jésus, de sa naissance à sa résurrection, et de ses enseignements. 

Le mot « évangile » vient du grec euangelion qui signifie « bonne nouvelle ». Marc est le premier à l’utiliser en guise d’introduction à son récit : « Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu » (Mc 1, 1). Cette « bonne nouvelle » annoncée est celle de l’accomplissement de la promesse de l’intervention divine en la personne de Jésus-Christ. 

Les trois premiers évangiles sont dits synoptiques. Du grec synopson (« d’un seul regard »), ils suivent la même trame et peuvent ainsi être lus en parallèle. Il semblerait que l’Évangile de Marc soit le plus ancien et que lui et une autre source qui n’a jamais été retrouvée (que l’on appelle « source Q ») aient servi de base à l’écriture des évangiles suivants.

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L’Évangile selon Matthieu

Écrit dans les années 80-90, l’Évangile de Matthieu est placé en premier dans le Nouveau Testament. L’auteur s’adresse à une communauté judéo-chrétienne, après la rupture entre communautés juive et chrétienne, et propose une compréhension renouvelée de la Torah : Jésus est le nouveau Moïse, celui qui accomplit l’alliance et qui inaugure le Royaume de Dieu. L’auteur souhaite convaincre les Juifs que Jésus est bien le Messie et il ouvre ainsi son récit par la généalogie du Christ en la faisant remonter à David et Abraham (Mt 1, 1-17). De la sorte, il ne rompt pas avec le judaïsme et montre que les Écritures trouvent en Jésus leur accomplissement.


L’Évangile selon Marc

L’Évangile de Marc a été écrit entre 64 (début des persécutions des premiers chrétiens) et 70 (destruction du Temple). L’auteur dirige son message à une communauté de chrétiens d’origine païenne (il explique, par exemple, de nombreuses coutumes juives et des passages de l’Ancien Testament). Dans son récit, l’auteur démontre que Jésus est bien le Fils de Dieu (en listant notamment ses miracles) et, surtout, qu’il est le Messie au service du salut de l’humanité. 


L’Évangile selon Luc

L’auteur du troisième évangile est probablement une personne lettrée, de culture grecque. Il écrit son évangile autour de 80-90 et est aussi l’auteur du livre des Actes. Il se présente comme un historien et son récit, ancré dans un contexte sociopolitique précis, rassemble un certain nombre de documents, de témoignages et de preuves. L’histoire qu’il rapporte est celle d’une histoire du salut, où se rencontrent l’humain et le divin en la personne de Jésus, présenté comme le Sauveur. L’histoire qu’il décrit s’enracine dans un milieu juif : elle commence à Bethléem, où est né David, et se termine à Jérusalem. Cela a pour conséquence de donner à la communauté chrétienne un fondement juif mais qui, ensuite, va s’en détacher puisque le dessein de Dieu s’accomplit dans l’évangélisation des gentils (ce qu’il décrit dans le livre des Actes).


L’Évangile selon Jean

Le quatrième évangile se démarque par son originalité par rapport aux trois premiers. Écrit vers la fin du Ier siècle, l’auteur fait ressortir la divinité de Jésus, en le présentant comme le Verbe (Logos) de Dieu incarné. 


Les Actes des Apôtres

Le livre des Actes est le cinquième récit du Nouveau Testament. Il a été rédigé par le même auteur que l’Évangile de Luc, et en constitue la suite. En effet, si l’Évangile de Luc place l’histoire du salut dans le temps de Jésus, le livre des Actes la situe dans le temps de l’Église. 

Le récit rapporte le début des premières communautés chrétiennes. S’ouvrant avec le récit de la Pentecôte, lors de laquelle les premiers disciples ont reçu l’Esprit Saint et la capacité de parler dans toutes les langues pour diffuser l’enseignement du Christ à toutes les nations, le livre se concentre ensuite sur la prédication de l’apôtre Pierre puis, surtout, sur celle de l’apôtre Paul de Tarse, considéré comme l’évangélisateur des païens.
 

Les lettres apostoliques

Le corpus des lettres apostoliques contient 21 épîtres, dont presque la moitié est attribuée à l’apôtre Paul. Ces lettres sont adressées à des communautés ou à des individus.

Les épîtres ont une visée doctrinale ; elles servent à la construction théologique de l’Église et se base sur l’enseignement de Jésus qui est ensuite appliqué à la réalité des premières communautés chrétiennes.


Les épîtres de Paul

Paul est un Juif originaire de Tarse. Cet homme de lettres, qui a d’abord persécuté les disciples de Jésus avant de vivre une révélation et de se convertir, est l’un des apôtres ayant le plus veillé à la diffusion du message chrétien et à l’élaboration de sa doctrine. Paul endosse le rôle de missionnaire et fonde dans chaque ville où il voyage des églises. Il entretient ainsi une vaste correspondance (en grec) avec les pasteurs et les communautés qu’il forme. 

Le corpus des épîtres pauliniennes contient : les deux Lettres aux Thessaloniciens, la Lettre aux Romains, les deux Lettres aux Corinthiens, la Lettre aux Galates, la Lettre aux Éphésiens, la Lettre aux Hébreux, la Lettre aux Philippiens, la Lettre à Philémon, les deux Lettres à Timothée et la Lettre à Tite.

Regardez La révélation de Paul

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Les épîtres catholiques

Ces lettres sont écrites un peu plus tard, entre 90 et 120. Regroupées au début du IVe siècle par Eusèbe de Césarée, elles sont toutes adressées à l’Église universelle (contrairement aux lettres de Paul).

On trouve la lettre de Jacques, les deux lettres de Pierre, les trois lettres de Jean et la lettre de Jude.


Le livre de l’Apocalypse 

Le livre de l’Apocalypse, aussi appelé Livre de la Révélation ou Apocalypse de Jean, est le dernier livre du Nouveau Testament. D’après la tradition chrétienne, il s’agirait d’une révélation de Jésus à l’apôtre Jean. Fidèle au genre littéraire apocalyptique ayant émergé au cours du IIe siècle avant J.-C. au sein du peuple juif, le livre de l’Apocalypse aurait été écrit pour encourager l’espérance des chrétiens persécutés.