Tiens, un coq chante...

 

Comment en est-on arrivé là ?
Dans ce qu’on vient d’entendre, s’enchaînent les endormissements, les reniements de Pierre, la trahison de Judas, puis j’en passe, la dispersion des dix autres disciples. Qu'est-ce qui leur a pris ? Pour de l'argent, par jalousie, par lâcheté, par manque de confiance ? Ça ressemble si peu à eux, eux les compagnons de longue date. 

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas vraiment plus glorieux pour nous aujourd’hui. C’est si difficile de tenir jusqu’au bout ; s’indignant quand il faut, se taisant quand il faut. Surtout dans le monde incertain et chahuté dans lequel nous vivons aujourd’hui. C’est si difficile d’aimer de tout son être.

Et soudain, pour Pierre comme pour nous, et soudain un coq chante (Lc 22, 60). Un coq chante pour nous réveiller, comme ils le font l’été quand on dort la fenêtre ouverte. « L’expérience m’a prouvé trop tard avouait Bernanos, l’expérience m’a prouvé trop tard qu’on ne saurait expliquer les êtres par leur vice mais au contraire par ce qu’ils ont gardé d’intact […], par ce qui reste en eux de l’enfance, si profond qu’il faille le chercher. »  Un coq chante pour réveiller ce qu’il y a d’intact en chacun de nous.

Bien sûr, si un coq chantait à chacune de nos expressions du mal, si un coq chantait à chaque fois qu’on baisse les yeux, si un coq chantait à chaque fois qu’on n’y croit plus tellement la blessure est grande, quelle cacophonie se serait partout sur la terre. En réalité, on ne sait jamais vraiment avec quoi les gens se débattent, leurs combats sont si intimes. Et en réalité, on ne connait pas toujours non plus nos propres combats. Mais c’est justement pour ça que de temps en temps, un coq chante, pour nous encourager. « Si le Seigneur ne nous trouve pas victorieux, qu’il nous trouve au moins combattant » disait Saint Augustin.

Ce matin, un coq chante encore pour qu’on ne se complaise ni dans nos manquements ni dans nos plaies. Il chante pour nous remettre en route. Et nous pouvons être tranquilles : quelques soient nos histoires, quelques soient nos choix passés, quelques soient nos situations actuelles plus ou moins embourbées… il reste de l’éclatant en chacun de nous. En une seule vie, on ne peut pas tout souiller : ce serait nous donner trop d’importance ! En une seule vie, tout ne peut être souillé : ce serait ne pas donner assez d’importance à ce qu’il y a d’éternellement intact en nous, à l’image de Dieu. « C’est la confiance, avait découvert de son côté Sainte Thérèse de Lisieux, c’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour ».

Nous entrons dans la Semaine Sainte. C’est le temps d’entendre chanter le coq et de se laisser ainsi conduire à l’Amour. « Allons [donc] vers le Cœur du Christ, nous dit le bon pape François dans sa dernière encyclique, allons vers le Cœur du Christ qui est une fournaise ardente d’Amour ». C’est ce Cœur dévoilé à Sainte Marguerite-Marie ici à Paray-le-Monial, c’est ce Cœur brûlant d’Amour qui supporte toutes nos passions et toutes nos croix, c’est ce Cœur, comme une piqûre d’Amour, qui nous apprend à aimer.

Entendre un coq chanter, c’est ainsi entendre le désir de Dieu qui veut simplement nous aimer sans limite, c’est du coup entrer intimement et ensemble dans cette Eucharistie.
Entendre un coq chanter, c’est réveiller ce qu’il y a de plus beau en nous et du coup devenir à notre tour de plus en plus amoureux du monde, sans savoir véritablement jusqu’où ça nous engage. Mais ainsi, désarmer le mal, peu à peu.

Entendre un coq chanter.
Et nous murmurerons alors, comme Pierre après ses reniements, à la toute fin de l’Evangile, après la résurrection, et toute notre vie murmurera alors de tout notre être : Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime.

 

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