Retrouver ses clés

 

Vous avez certainement déjà perdu vos clefs. Rien de plus embêtant que de les chercher partout dans son sac à main, dans son sac de sport et, finalement, de guerre lasse jusque dans le frigo, on ne sait jamais. Sans clef, pas de voiture ou pas de maison. Avec la crainte aussi qu’un petit filou mette la main dessus et pénètre là où il n’est pas attendu. Les clefs, c’est précieux. Ça ouvre aux invités, ça ferme aux ennemis. On les donne volontiers à quelqu’un de confiance, la voisine, un bon ami, qui pourra veiller sur elles. Non pas forcément pour s’en servir, mais juste les garder, jusqu’au moment où nous en aurons besoin.
Il est donc heureux que Jésus confie les clefs du royaume des Cieux à Pierre. Pierre a reconnu le Christ sur terre. Depuis qu’il est aux Cieux, sa mission n’a pas changé. Pierre reconnaît toujours le Christ au Ciel, en Jésus, assis à la droite du Père. 

Mais il le reconnaît aussi en ceux qui se présentent aux portes du paradis pour y entrer. Aurai-je le visage du Christ, lorsque je me présenterai là-haut ? Porterai-je sur mes lèvres la trace de sourires qui auront réconforté, sur mes mains le signe d’autres mains que j’aurai relevé, sur mon cœur la marque des hommes, des femmes que j’aurai aimé ? Et peut-être aussi des outrages reçus au nom de Dieu, des calomnies endurées par amour, des coups encaissés pour défendre les causes les plus nobles et les hommes les plus humbles. Est-ce qu’en tout cela, on reconnaîtra en moi comme un autre Christ ? Si le Père reconnaît en moi son Fils, il inspirera à Pierre le soin de me faire entrer dans son Royaume. J’aurai alors réalisé combien ma vie sur terre m’aura lié au ciel.

Il me semble heureux que ce soit Pierre qui garde les clefs. Car Pierre sait ce qu’il en est de la terre et de ses tentations. Pierre a renié, Pierre est tombé, il a été emprisonné, il a été délivré. Il comprend donc que si certains de mes traits reflètent bien ceux du Christ, d’autres me défigurent plutôt et enlaidissent mon visage pourtant promis à la gloire des enfants de Dieu. Pierre, et avec lui l’Eglise savent quel est mon vrai visage. 
L’Eglise n’a de cesse de me donner les moyens de le retrouver. Avec les clefs de Pierre, l’Eglise délie les cœurs noués prisonniers du péché, avec les clefs elle lie les engagements les plus sacrés que nous prononçons par amour, dans le mariage, dans le service de l’Eglise. Avec l’aide de l’Eglise, Mère pleine de tendresse, nous pouvons devenir meilleurs, nous devenons saints, tellement unis à elle que la puissance de la mort ne l’emporte pas sur nous.

Mais bien souvent, nous cherchons les clefs ailleurs. Beaucoup trouvent l’Eglise trop humaine pour être crédible. Trop institutionnelle pour être sainte. On s’agite donc pour trouver la clef de la réussite dans nos affaires terrestres, ou la clef du bonheur dans des spiritualités rapidement ébauchées, qui promettent une ligne directe avec le Bon Dieu, sans passer par la case effort, ou du moins la case fraternité. On cherche en vain à pénétrer par effraction dans le Royaume, en esquivant la voie la plus facile, celle ouverte par l’Eglise que Dieu aime et que Dieu veut.
Bien sûr, il y a toujours un effort à faire pour ne pas fermer les portes sur le nez des fidèles qui se présentent dans nos églises. Nous gagnerons toujours à être plus accueillants avec les nouveaux, chaleureux avec ceux qui commencent ou recommencent à chercher la clef du ciel et du bonheur dans nos assemblées. Il faut donc se réjouir en ce jour pour les nouveaux ministres ordonnés, diacres et prêtres, partout dans le pays. Et prier pour qu’ils aident les fidèles à accomplir leur vocation de sainteté, pour que par eux la proclamation de l’Evangile s’accomplisse jusqu’au bout et que les portes saintes s’ouvrent largement aux pécheurs repentis que nous sommes.

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