Par Julia Itel – Publié le 06/04/2025

Sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690) est célèbre pour ses visions du Sacré-Cœur de Jésus et pour avoir contribué à promouvoir la dévotion du Sacré-Cœur au sein de l’Église catholique. Canonisée en 1920, elle est célébrée le 16 octobre.

 

Qui est sainte Marguerite-Marie Alacoque ?

Enfance 

Marguerite Alacoque naît le 22 juillet 1647 à Vérosvres, en Bourgogne, au sein d’une famille aisée de cinq enfant. Son père, Claude Alacoque, est notaire royal. Très tôt, la jeune Marguerite montre une prédisposition exceptionnelle pour la vie spirituelle. En effet, âgée d’à peine cinq ans et alors qu’elle rend visite à sa marraine, elle se consacre durant la messe à Jésus en faisant vœu de chasteté : « Ô mon Dieu, je vous consacre ma pureté et vous fais vœu de perpétuelle chasteté. »

En décembre 1655, son père décède et la famille est recueillie par des parents autoritaires. Elle est envoyée au pensionnat des Clarisses urbanistes de Charolles mais, tombant gravement malade, elle est renvoyée. Paralysée, Marguerite est contrainte de rester au lit. Elle trouve alors refuge dans la prière et fait vœu à la Vierge de se consacrer entièrement à Dieu si elle recouvre la santé. Dans ses mémoires, elle écrit : « Je n’eus pas plus tôt fait ce vœu que je reçus la guérison. » 

 

Le couvent de la Visitation 

À l’âge de 17 ans, sa mère et l’un de ses frères souhaitent la marier. Mais Marguerite leur tient tête. Bien qu’elle ait cédé aux plaisirs mondains, une vision de Jésus, sous les traits de l’Ecce Homo vient lui rappeler sa vocation : un soir, alors qu’elle est en train de se flageller (une pratique qui lui vient de l’adolescence pour la rapprocher du Christ), Jésus lui apparaît pour lui reprocher son infidélité. 

Elle entre, sept ans plus tard, le 20 juin 1671, au couvent de la Visitation Sainte-Marie de Paray-le-Monial après avoir entendu Jésus lui annoncer : « C'est ici que je te veux. » Elle ajoute le prénom de la Vierge à son nom de baptême et le 6 novembre 1672, elle prononce ses vœux perpétuels.

L'ordre de la Visitation-Sainte-Marie a été fondé le 6 juin 1610 par saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal, en réaction à la vision austère et rigoriste du jansénisme. A contrario, pour François de Sales, dont la douceur et l’approche pastorale axée sur l’amour et la bienveillance lui ont valu d’être canonisé en 1665, l’ordre de la Visitation avait pour vocation de permettre aux femmes de tous âges et de conditions de santé de rejoindre la vie religieuse, offrant une alternative aux règles souvent très strictes et physiquement exigeantes de l'époque.

Les Saints - Saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal

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Marguerite-Marie Alacoque et les apparitions

Les « Grandes apparitions » 

Si Marguerite-Marie connaît régulièrement des moments de grâce, elle vit entre 1673 et 1675 les expériences les plus transformatrices de sa vie religieuse : elle reçoit une série de trois révélations sur le Sacré-Cœur de Jésus, révélant ainsi son amour infini pour l'humanité. Ces dernières sont connues sous le nom de « Grandes apparitions ».

La première « grande apparition » survient en décembre 1673. Au cours de cette vision, Jésus se manifeste à Marguerite-Marie et la fait reposer sur sa poitrine. Il lui révèle alors Son cœur resplendissant. Celui-ci est entouré de flammes, surmonté d'une croix et encerclé de la couronne d'épines. Ce cœur, symbole de l'amour divin incommensurable, est présenté comme un trésor de bonté et de miséricorde désirant ardemment être reconnu par les hommes. Elle reçoit ces paroles de Jésus : « Mon divin Cœur est si passionné d’amour pour les hommes et pour toi en particulier que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu’il les répande par ton moyen. »

Lors de la seconde apparition, ayant lieu au cours de l’année suivante, le Christ confère à Marguerite-Marie une mission de grande envergure : propager la dévotion à Son Sacré-Cœur. Il lui dicte des pratiques spécifiques, telles que la communion le premier vendredi de chaque mois et l'adoration eucharistique durant l'heure sainte chaque jeudi soir, en mémoire de la nuit du jeudi saint, pour honorer la solitude ressentie au Jardin des Oliviers. 

Enfin, le jour de la fête du Saint-Sacrement 1675, Marguerite-Marie reçoit une troisième apparition : Jésus lui dévoile une fois de plus Son cœur et lui demande d'instituer une fête liturgique dédiée au Sacré-Cœur. Il promet une plénitude de grâces à ceux qui exprimeraient leur dévotion par des actes de piété, de réparation et de consécration.

 

Le soutien de Claude de la Colombière

En 1673, Claude de la Colombière (1641-1682) est nommé supérieur de la maison des jésuites à Paray-le-Monial. C'est dans ce contexte qu’il devient le directeur spirituel (ou confesseur) de Marguerite-Marie, lorsque commencent ses « grandes apparitions », mais aussi son plus grand soutien.

En effet, en tant que confesseur et théologien compétent, Claude de la Colombière écoute attentivement le récit que fait la jeune mystique de ses visions. À une époque où de telles affirmations sont encore risquées, le jésuite aide Marguerite-Marie à articuler et authentifier ses visions, ce qui permet de renforcer leur acceptation parmi les fidèles et les sceptiques. Il lui conseille d’ailleurs de mettre par écrit ses expériences mystiques.

Après que celle-ci ait reçu la troisième apparition, au cours de laquelle Jésus lui demande d’établir une fête dédiée au Sacré-Cœur, Claude de la Colombière choisit de se consacrer personnellement à ce dernier. Par la suite, il dissémine activement, par ses prédications et ses écrits, la dévotion au Sacré-Cœur. La fête du Sacré-Cœur se répand rapidement même si elle n’est instituée qu’en 1765. Elle est célébrée le troisième vendredi suivant la Pentecôte.

Pour le rôle qu’il a joué en tant que promoteur du culte du Sacré-Cœur, Claude de la Colombière est béatifié puis canonisé le 31 mai 1992 par le pape Jean-Paul II. 

 

Le Sacré-Cœur de Jésus

Les apparitions reçues par Marguerite-Marie, dont le message principal est l’amour infini de Jésus pour l’humanité, qu’il souhaite voir honoré et aimé en retour, représentent un tournant majeur pour l’établissement du culte du Sacré-Cœur. En mettant l’accent sur l’amour et la miséricorde de Jésus, symbolisés par ce cœur flamboyant, la dévotion au Sacré-Cœur a permis de développer une compréhension plus personnelle et émotionnelle de la relation entre les fidèles et le Christ au sein de la religion catholique. Elle a également permis de souligner l’importance de la réparation et de l’amour inconditionnel dans l’Église. 

La résonance internationale de la dévotion au Sacré-Cœur a mené à la création de nombreux sanctuaires dédiés à travers le monde (dont l’un des plus connus est la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre), transformant Paray-le-Monial en un lieu de pèlerinage majeur.

En savoir plus sur le sanctuaire de Paray-le-Monial

Mort et canonisation

Marguerite-Marie Alacoque décède le 17 octobre 1690. Béatifiée en 1864, elle est canonisée le 13 mai 1920 par le pape Benoît XV

Épisode 5 - Basilique du Sacré-Cœur à Paray-le-Monial

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