Venez ! Mangez ! La sagesse a dressé une table… Tout est prêt pour le repas…
Allez ! Venez ! Mangez ! La sagesse a préparé la nourriture et la boisson véritables : le corps et le sang du Seigneur.

Devant cette invitation, il nous arrive de murmurer et de nous interroger : comment Jésus peut-il donner son corps et son sang ? Voilà encore quelque chose à croire, quelque chose de plus… Et tout cela est bien compliqué : la création, la venue du Fils de Dieu, la Résurrection, le don de l’Esprit, l’Église, les sacrements ! Toutes ces choses à accepter s’ajoutent les unes aux autres et croire devient difficile.
À nous qui sommes un peu perdus, à nous pour qui croire est compliqué, Dieu lance une invitation : Venez ! Mangez !

La foi que Dieu attend de nous, elle est simple, aussi simple que le fait de manger. C’est aussi simple et c’est également nourrissant.
L’œuvre de Dieu, c’est que nous croyions dit Jésus à la foule après la multiplication des pains. En effet, l’œuvre de Dieu consiste à dresser la table pour que nous mangions et que nous croyons.
Jésus résume l’œuvre de Dieu en un seul moment : la bénédiction de la coupe et la fraction du pain. Par ces gestes, il nous révèle comment l’Esprit agit dans le monde, depuis les débuts jusqu’au Dernier Jour.
De même que l’Esprit soufflait sur les eaux, avant que le Père ne sépare la lumière des ténèbres, avant qu’il n’écarte les eaux d’en haut des eaux d’en bas, avant qu’il n’établisse le continent comme on dresse la table, avant tout cela, l’Esprit planait sur les eaux. De même planait-il sur la tombe de Jésus pour le relever d’entre les morts, pour transfigurer son corps de chair, son cadavre, en corps ressuscité, en corps vêtu de tendresse et de lumière. De même, ce même Esprit planera sur cet autel pour transfigurer le pain et le vin, en corps et sang du Christ. De même, planera-t-il sur nos tombes, pour nous relever, au Dernier Jour.

A chaque fois, c’est le même geste divin qui se déploie dans les différentes étapes de l’histoire du monde, de notre histoire en en déployant le secret.
En devenant la nourriture et la boisson véritables, le pain rompu et la coupe bénie incitent à poser un acte de foi en l’œuvre de l’Esprit dans le monde. Aujourd’hui Dieu nous invite à poser un geste de foi : ce pain et ce vin croyons-nous qu’ils sont nourriture et boisson véritables ?
Jésus dit « ceci est mon corps, ceci est mon sang ». Et son corps et son sang sont là, devant nous, sous les espèces du pain et du vin. Comme quand le Père dit : « que la lumière soit », et la lumière brille. Jésus dit, et cela est. En mangeant le corps et le sang du Christ, nous croyons que la Parole de Jésus est l’écho de celle du Père. Jésus est venu nous faire entendre la voix qui nous a créés, en nous nommant chacun par notre nom. Nous avons oublié le timbre de cette voix. Il nous la donne à réentendre en nous murmurant: « ceci est mon corps, ceci est mon sang ».

En disant « ceci est mon corps, ceci est mon sang », Jésus transforme ainsi ce pain et ce vin en nourriture et boisson véritables. Non pas une boisson qui nous empêchera d’avoir faim ou soif, qui nous dispensera de travailler pour gagner notre pain, de tendre le verre au petit qui a soif, mais une nourriture qui nous fera marcher à travers le désert, une boisson qui donnera la force de ne pas nous arrêter dans les aridités. Une nourriture et une boisson qui donnent donc la vie, puisqu’elles permettent d’aller de l’avant, car, dans le désert, on marche ou on meurt…
Jésus vient provoquer notre foi, il vient la chercher, lui, le Ressuscité. Il vient susciter notre foi qui nous permet d’avancer à travers le désert et les aridités. Chaque dimanche nous entendons le Christ nous dire : « ceci est mon corps prenez, mangez ». Il vient chercher notre foi… Il vient prendre un rendez-vous…
Il se passe tout cela à la messe ? Oui ! Et pourtant on s’ennuie, un peu… Beaucoup… Il y a, dans l’Évangile, une personne qui peut nous aider à vivre mieux l’eucharistie : une femme, Marie-Madeleine à côté de la tombe vide.

Elle est là présente, Jésus n’est plus là… Elle n’espère plus rien, sinon mettre la main sur un cadavre et pourtant au-delà de son espérance consciente, elle est dans l’attente de la résurrection. Elle ne le sait pas, mais Jésus apparaît, lui révélant la profondeur de son attitude, la prolongeant ; il lui donne d’espérer ce qu’elle n’avait jamais osé imaginer, nourrissant son espérance. L’adoration que vous vivez le mercredi dans cette église est une autre manière d’être, comme Marie-Madeleine, devant la tombe vide, à laisser se lever l’espérance comme on laisse monter et prendre corps un immense amour.
Nous sommes comme Marie-Madeleine au tombeau… Nous ne savons pas pourquoi nous sommes là, la présence du Christ nous révélera l’enjeu de notre présence. Nous nous ennuyons, parce que nous ne savons pas ce que nous attendons.

Le Christ en nous invitant à l’eucharistie élève notre espérance, en nous donnant rendez-vous…
De dimanche en dimanche, le Ressuscité se plante devant nous, comme il s’est planté, ressuscité, devant ses disciples, leurs disant « ceci est mon corps prenez, touchez, mangez ». Ils y crurent… Ils éprouvèrent que la vie était soudainement donnée sans compter. Depuis les origines, la vie est un don… Le soleil, la mer, la pluie, le vent, le sourire aimé, c’est un don… Un rendez-vous…
Ils éprouvèrent que la vie est un rendez-vous pour le Dernier Jour, le Grand Commencement…
Rendez-vous pour le Dernier Jour… Ce jour-là où il prendra le pain de nos existences, le pain cuit dans le four banal de tous les jours, le vin de nos fêtes, de nos joies et de nos amertumes mélangées… Il les prendra pour honorer le rendez-vous, il dira « ceci est mon corps, ceci est mon sang » nous révélant à quel point il faisait corps avec le moindre de nos instants avec le plus virulent de nos combats…
Il les prendra et les donnera en partage… Nous nous en nourrirons et nous vivrons la vie éternelle.
Il ne faut pas attendre de croire pour manger, pour venir à l’eucharistie, Dieu a dressé la table, il nous parle, nous appelle, il veut nous nourrir pour que nous croyions.

Références bibliques : Pr 9, 1-6 ; Ep 5, 15-20 ; Jn 6, 51-58

Référence des chants :

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