Vous aviez entendu parler de cet aveugle ? L’évangéliste St Marc nous a rafraîchi la mémoire. Il vient de nous rappeler le nom, le prénom de cet homme, sa famille, son adresse. C’est Bartimée, le fils de Timée. Il habite Jéricho.

Vous vous souvenez, il est là au bord de la route, à la sortie de la ville. Il est immobile, à l’écart de la circulation. C’est un aveugle. Et il tend la main. C’est un mendiant. Or Jésus de Nazareth vient à passer et vous savez la suite…

Bartimée est un des privilégiés que Jésus a guéri.

– " Que veux-tu que je fasse pour toi ? "

– " Seigneur que je voie !"

– " Vas, ta foi t’a sauvé ! "

Je ne peux pas m’empêcher de penser, en ce moment, à Olivier. Olivier est en troisième année de médecine. S’il a écouté l’évangile de ce dimanche, je l’entends me dire, comme il l’a fait si souvent : " Un miracle, et après, qu’est ce ça change pour nous ? Un aveugle a été guéri par Jésus à Jéricho, il y a 2000 ans ! Tant mieux pour lui ! Mais en quoi cela nous concerne t-il ? "

Je devine également la réaction de l’un ou l’autre d’entre vous devant son écran de télévision. En cette fin d’octobre, les écrans de télévision sont assombris par les images d’une actualité sinistre, parfois terrifiante, et voilà que ce matin on nous raconte une histoire qui finit bien, pour un aveugle d’autrefois. Mais le dimanche, à la messe, ne pourrait-on pas nous parler de sujets plus actuels, parler de la vie d’aujourd’hui, parler de nous ?

Et si justement cet évangile parlait de nous ? Bartimée, c’est moi, c’est vous, c’est chacun de nous. Prenons le temps, voulez-vous, de relire cet évangile ou plutôt d’écouter cette Parole, car c’est Dieu qui nous adresse la Parole ce matin.

 

Il est question d’un aveugle…

Eh bien ! cet aveugle, c’est nous. C’est chacun de nous. C’est notre monde qui marche à l’aveuglette, c’est le cas de le dire. C’est l’humanité enténébrée. Reconnaissons-le… Nous sommes souvent aveugles. D’ailleurs il nous arrive de le dire : " Je ne sais plus où j’en suis… le suis désorienté… Je ne vois pas clair "… Ou bien par rapport à la foi : " Je suis dans le brouillard… le suis un peu perdu ". Ou encore : " Il y a des gens que je ne veux plus voir " ! " Avec ma belle-famille, on ne se voit plus ! " " Mon voisin, je ne veux plus le voir " ! Oui, que d’aveuglements, reconnaissons-le !

 

Il est question d’un mendiant…

Eh bien ! le mendiant, c’est nous, ou plutôt, mendiant, il faudrait l’être assez. Je veux dire que cette mendicité, il faut nous la souhaiter, car elle se résume à être ouvert, à être disponible, à tendre la main ou à prendre la main que l’on nous tend pour voir plus clair, pour ne pas nous résigner à notre aveuglement.

 

Il est question d’une rumeur…

Bartimée entend une rumeur, une foule qui piétine. " Qu’est-ce ? " " C’est Jésus de Nazareth ! " Quand il apprend que c’est Jésus qui passe, il a envie de s’approcher. Il jette son manteau derrière lui et il s’élance.
Aujourd’hui encore, Jésus passe sur nos routes. Entendez-vous la rumeur autour de Jésus ? Jésus passe mais où ? La rumeur s’entend, mais où ? Partout où il est annoncé. Partout où il est célébré. Partout où des gens se rassemblent pour l’écouter, pour parler de Lui !
Pour vous deux, Ronan et Isabelle, c’est cet été que Jésus est passé dans votre vie, vous me l’avez dit. C’était la préparation de votre mariage, les heures que vous avez consenties pour réfléchir.
Vous qui êtes en faculté ou au lycée, voulez-vous entendre ce qu’on dit de Jésus ? Prenez contact avec l’aumônerie. Pour beaucoup d’entre nous, c’est le dimanche à la messe que nous rejoignons Jésus qui passe. Pour d’autres, c’est au cours de réunion régulière où l’on lit l’Évangile avec d’autres.
Chacun pourrait dire les passages de Jésus dans sa vie et aussi avouer toutes les fois où nous manquons son passage par négligence ou désintérêt.
Il est vrai que, comme pour Bartimée, il se trouve toujours des gens pour nous décourager, nous dissuader ou tenter de nous prouver le contraire. Tel cet ami qui vous a dit un jour : " Ce que tu crois n’est pas vrai. Prouve-moi que ce n’est pas une invention des hommes pour nous consoler artificiellement des misères de ce temps ! "
Les objections commencent tôt dans nos vies de croyants. Geoffroy est en classe de CE2. Il va au catéchisme depuis le 10 octobre. Un de ses petits amis de classe lui a dit : " C’est même pas vrai ce qu’on te dit au caté ! "

 

Malgré les obstacles,

… en dépit de ceux qui voulaient le faire taire, Bartimée s’est jeté aux pieds de Jésus et a lancé ce cri de confiance : " Prends pitié de moi… Au secours… Seigneur fais que le voie P. Et pour lui, commence l’aventure de la foi, que St Marc résume en disant : Il se mit à suivre Jésus. C’est la définition du disciple, celui qui marche à la suite de Jésus.
Mes amis, ne nous demandons pas, ce matin, comment formuler notre prière. Ayons la simplicité confiante de Bartimée en acceptant de crier nous aussi :

  • notre désir de voir,
  • notre désir de voir la réalité du monde à la lumière de l’évangile,

 

  • notre désir de voir les réalités de notre vie comme Dieu les voit,
  • notre désir de voir ceux et celles qui nous entourent avec le regard de Jésus
  • " Seigneur, fais que je voie! "

 

Vous savez que cela peut tout changer, car de la qualité de notre regard dépend la qualité de notre coeur.

  Il est temps de conclure.

J’ai envie de terminer en racontant une anecdote qui pourrait s’intituler : " L’histoire d’un regard ". Une anecdote qui dira mieux que tous les discours combien il est important :

  • d’avoir les yeux ouverts,
  • de voir avec le coeur,
  • d’emprunter le regard d’amour de Jésus.

 

C’est dans le train Nantes-Paris, dans l’un des compartiments un homme est en face de son fils. Le petit garçon se gifle sans arrêt. Toutes les trois minutes, il lance un grand cri d’angoisse difficile à supporter. Le père s’occupe de son fils, qui est donc handicapé mental profond, avec une grande tendresse, mais dans son regard on peut lire la douleur et la lassitude.

Arrêt ! Quatre marins montent et s’installent dans le compartiment. Le petit garçon, un instant calme, recommence sa plainte gémissante. L’un des marins se lève et vient s’asseoir en face du petit. Il prend ses mains dans les siennes et le regarde dans les yeux. Aussitôt un échange s’établit. Jusqu’à Paris, il restera près du petit, prenant la relève du père qui le regarde avec gratitude.

A Montparnasse les deux hommes se serrent longuement la main, toujours sans parler. Puis le marin reprend son sac et disparaît dans la foule.

Quelles paroles ont été échangées ? Aucune !

Il y a donc un autre langage que celui des mots. Le regard… UN certain regard. Voir ou ne pas voir !

De la qualité de notre regard dépend la qualité de notre coeur.

" Seigneur fais que je voie ! "

Références bibliques :

Référence des chants :

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