PRÉDICATION CATHOLIQUE

« Jésus prit avec Lui Pierre, Jean et Jacques et monta prier sur la montagne.

Jésus prie. Il est coutumier de la prière. Celle-ci ne quitte pas son cœur. Il y retombe inéluctablement, lorsque fatigué de la foule, il aspire à la solitude. Une secrète pesanteur d’amour l’y conduit. C’est là qu’il retrouve le Père et qu’il dialogue avec lui. Ce dialogue est le foyer incandescent de son être, la source secrète de ses activités. Sur la montagne sainte du Thabor, cette prière va le consumer du dedans.

Elle va embraser sa chair. Ses vêtements deviennent alors « d’une blancheur telle que nul foulon sur terre ne peut blanchir ainsi ». Tout d’un coup, son visage se transfigure. Jésus rayonne comme un soleil. Ainsi s’accomplit l’Ecriture. « Je vais faire de toi la Lumière des nations ».

En quelques instants, son humanité n’éclipse plus la splendeur de sa divinité. Sa chair ne retient plus le rayonnement de son être. Mais au contraire, le réfracte.

La plénitude de la divinité se révèle dans une humanité rendue totalement transparente à l’Amour du Père.

La transfiguration n’est pas un spectacle fascinant, mais le but vers lequel les apôtres sont appelés à marcher, en montant avec Jésus à Jérusalem.

Au côté de Jésus, les apôtres Pierre, Jacques et Jean demeurent assoupis, écrasés de fatigue. Il s’agit plutôt d’un sommeil d’oblitération psychologique. Face à l’éclat de la gloire dont le Christ est brusquement revêtu, comme plus tard, à l’agonie, face au scandale de la Passion, c’est l’excès du mystère dans lequel le Christ les plonge, qui inspire le jeûne de leur conscience.

Privés de toute vision, Pierre et ses deux compagnons entendent la voix de Celui dont nous ne verrons jamais le visage, parce qu’il est sans visage. Le Père n’en a pas d’autre que celui de son Fils unique, et sa voix ne retentit de toute éternité que pour révéler Celui qui est sa Parole définitive. La voix du Père entendue dans l’Ancien Testament s’efface avec le Christ, puisque désormais, elle s’accomplit en Lui.

Cette voix du Père transperce la nuée « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toute ma confiance, écoutez-le »

« Ecoutez-le ». Ces deux mots condensent le message du Père, et les plongent eux aussi dans le silence du lourd secret dont ils sont chargés : « Les disciples gardèrent le silence et en ces jours-là ne rapportèrent à personne ce qu’ils avaient vus. »

Le temps de l’Eglise est le temps de l’ouïe, du chema Israel, de l’écoute qui implique une attention, un recueillement et une intériorisation. Dans un monde parasité par le bruit, subjugué par l’image, notre quête de Dieu passe par cette injonction, que l’Evangile nous répète en ce jour : « Ecoutez-le ».


Prédication (Orthodoxes)

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui ne se perde pas mais obtient la vie éternelle ».

Jésus le fils de Dieu est venu dans le monde pour nous libérer et, le monde avec nous, de tous nos péchés et au-delà de nos péchés, de la mort.

« Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu » dit Saint Irénée de Lyon.

Avec la Nativité dans la chair du Fils de Dieu, le monde n’est plus comme avant. Dans le mystère de l’incarnation du Christ se révèle le mystère de la vie nouvelle.

La première qui a découvert ce mystère et a reçu le Verbe de Dieu dans son cœur et dans son corps fut la Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu qui est devenue la Mère de l’humanité nouvelle.

Dieu a manifesté maintenant le mystère caché de tous les temps – et dans tous les âges – « Christ au milieu de vous – l’espérance de la gloire»

La nouveauté bouleversante du Nouveau Testament c’est que l’homme est appelé à aimer d’amour divin, d’amour du Christ.

« Petits enfants, dit le Seigneur, je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » Et en plus de ça « aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous poursuivent. »

Comme dit le père Alexandre Schmemann : « L’amour du Christ est le principe et le contenu de la vie de l’église ! Car sans l’unité d’en haut que nous donne le Christ, toute l’unité d’en bas perd son sens et sa valeur. »

« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? », nous dit l’apôtre Paul.

Le Saint-Esprit est la Troisième Personne de la Saint Trinité et « Là où est l’Esprit, là est l’Eglise » insiste Saint Irénée de Lyon.

L’Esprit annonce le Messie, il repose sur le Christ après son baptême dans le Jourdain. Le Christ ressuscité donne l’Esprit à l’Église c’est à dire à chacun de nous, car comme le dit Saint Séraphin de Sarov « Le But de la Vie Chrétienne consiste en l’Acquisition du Saint-Esprit. »

Amin.

Gloire à toi, ô Christ notre espérance, gloire à toi.

Prédication (protestants)

« Ephphata, Ouvre-toi », ce n’est pas une formule magique, mais une parole tout de même étrange. Jésus est en présence d’un sourd-muet. Une parole, une seule, pour quelqu’un qui n’entend pas ! Quand Jésus dit « Ephphata », « ouvre-toi », le sourd ne pouvait pas l’entendre ! Ce n’est pas une formule magique, mais c’est déjà toute une prédication, parce que Jésus est prédicateur ! Nous pouvons alors nous poser sérieusement la question de savoir à qui s’adresse cette parole ? Pour qui est-elle ? Pour Jésus lui-même ? Pour Dieu ? ou pour ceux qui lisent l’Evangile ? Pour tous les lecteurs de l’Evangile, et donc pour nous aujourd’hui… ?

Dans cette histoire, cet homme sourd-muet est comme absent, étranger à lui-même, exclu et désigné comme un objet. Ses amis parlent pour lui et le texte précise qu’ils le « portent » à Jésus, comme un paquet ! Pourtant, on ne nous a pas dit qu’il était incapable de marcher.

Ce qui arrive alors à cet homme de l’Evangile, c’est qu’il va passer d’homme-objet à sujet. Celui qui était sans voix va s’éveiller à la parole, et en même temps à sa liberté et à sa propre histoire.

A travers des gestes de tendresse, Jésus lui débouche les oreilles, lui délie la langue. Mais la parole qu’il prononce : « Ephphata, Ouvre-toi », peut-être que Jésus se l’adressait à lui-même parce qu’il se trouve dans un territoire païen, à l’étranger ; qu’il puisse, lui Jésus, s’ouvrir à une dimension plus large de la Bonne Nouvelle et de la volonté de Dieu, cette volonté qui dépasse les frontières du peuple d’Israël. Car juste avant cette guérison, il y a eu déjà sa rencontre avec une femme qui lui a donné une leçon d’ouverture de l’Evangile.

Mais cette parole, peut-être qu’elle est aussi pour le ciel, pour Dieu. Elle s’accompagne du regard tourné vers le ciel et du soupir de Jésus. Souffle des commencements, comme en une création renouvelée. Que le ciel s’ouvre pour tous ceux qui sont en attente d’espérance, de secours, de guérison ! Que le ciel s’ouvre pour tous ceux qui souffrent ! C’est peut-être ici la prière de Jésus, et c’est aussi la nôtre.

« Ephphata, Ouvre-toi », cette prédication nous rejoint aujourd’hui. Elle est aussi pour tous les auditeurs de l’Evangile et au-delà, pour tous les êtres humains. Que nous soyons tous rendus capables d’entendre et de dire la parole juste, la parole vraie.

Que nous soyons en capacité d’entendre la Parole de Dieu et en capacité de la dire, clairement ; que nous devenions sujets de notre propre vie ; que nos oreilles s’ouvrent à la voix de la grâce et de la compassion, et que notre langue soit libérée pour dire les mots de la justice, de la paix, de l’espérance, de l’amour et de la reconnaissance.

Et comment ne pas penser à tous les exclus, les exclus de la vie, à la marge de la société, traités parfois comme des objets ? A tous les sans-voix, privés de parole ? A tous les prisonniers, prisonniers de leur corps même, enfermés dans leur souffrance ? A tous les étrangers, étrangers jusqu’à eux-mêmes ?

Le Christ vient dire et signifier la dignité et la libération pour tous. Comment montrerons-nous alors que nous sommes, à sa suite, ses disciples ?…

Commentaire (Orientaux)

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, Un seul Dieu, Amen

Jésus garde le silence en face des accusations qui se multiplient. Pourquoi tant d’accusations ? Parce que celui qui en est l’objet doit porter le fardeau de toutes les iniquités du monde. Il est accusé de toutes les fautes que nous avons commises.

Traité comme un insensé, un illuminé, Jésus est livré au mépris. Rejeté par la foule, il est voué à la mort.

Flagellé, on le dépouille de ses vêtements. Son sang coule de toutes parts. Couronné d’épines, il acquiesce dans son cœur aux ordres de son Père. Il plaide devant lui la cause des siens.

S’il se laisse couronner, c’est qu’il veut régner.

Et notre âme n’est-elle pas le royaume où il ambitionne de célébrer son avènement ?

Revêtu de la pourpre d’ignominie, Jésus la prend des mains des soldats et il s’en revêt, humblement et sans murmurer. Ayant dans sa main droite un roseau en guise de sceptre, il nous fait constater la parole qu’il a dite : « mon royaume n’est pas de ce monde. Je suis né, je suis venu en ce monde pour rendre témoignage à la vérité ; et quiconque est pour la vérité écoute ma voix » (Jn 18-33-37). Sa fonction n’est pas de lever des impôts, ni de commander les armées, mais d’enseigner les vérités éternelles, de donner aux âmes les lumières de la vrai vie, de leur fournir les moyens d’entrer avec lui au royaume de Dieu.

« Salut roi des Juifs », les soldats estiment imaginaire et ridicule la royauté dont il a parlé devant son juge. De la royauté spirituelle de Jésus, les grands prêtres font devant Pilate une accusation politique : « Voici l’Homme », « Crucifie-le !».

L’agonie de Jésus, plus qu’un arrachement qui précède la mort, désigne ici une épreuve d’angoisse extrême. Jésus a subi cette épreuve, combat de la nature blessée et déchue avec son Sauveur et son Dieu.

Où est donc la source de la paix dans le tumulte, et de la patience dans le mépris ? Jésus nous le révèle. C’est un amour immense de Dieu et de nous, qui lui fait endurer si paisiblement tous ces opprobres. C’est cet amour qu’il met à découvert dans sa passion.

Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde, le Verbe fait chair.

La Sainte Face n’est pas seulement sanglante et défigurée. C’est aussi celle de Dieu immolé et triomphant. Dieu de Dieu, Lumière de Lumière.

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