Ces dernières semaines, dans toutes les paroisses de France, de Belgique, de Suisse et d’ailleurs, des enfants ? des centaines de milliers, peut-être des millions ? ont communié pour la première fois au Corps du Christ. Ils l’ont fait après une longue préparation. Leurs catéchistes, leurs parents ont essayé de leur expliquer l’importance de l’événement qu’ils allaient vivre. " Vous allez recevoir la présence du Christ Jésus en vous, leur ont-ils appris. Le petit morceau de pain sans levain et sans sel que vous allez manger, c’est Jésus qui a choisi de se donner à vous ! "

Pas facile de faire comprendre cela à un enfant ! Pas facile, d’abord, pour les adultes d’expliquer clairement comment le Christ peut nous donner sa vie, nous faire don de sa personne elle-même dans ces pastilles de farine et dans ce vin qui les accompagne…

La fête que nous célébrons aujourd’hui, celle " du Corps et du Sang du Christ ", est là pour nous aider à mieux saisir ce que le Christ a voulu accomplir… et veut toujours accomplir dans ce repas de la Pâque, cette Cène qu’il a présidée la veille de sa Passion et qu’il nous a demandé de répéter de jour en jour jusqu’à l’avènement du Royaume.

Tout cela s’inscrit dans une longue histoire. C’est ce que nous a rappelé la première lecture. Au cours des âges, Dieu n’a eu de cesse de nouer des liens avec son peuple. Des alliances ont été scellées, marquées par des gestes symboliques qui attestaient combien ces liens étaient véritables. Le sang des taureaux répandu par Moïse sur l’autel dédié à I’Éternel puis sur le peuple, peut nous paraître aujourd’hui quelque chose d’effarant. Mais le peuple qui vivait cela (et ces sacrifices se sont prolongés jusqu’à la destruction du Temple de Jérusalem quelques années après la mort et la Résurrection de Jésus ) comprenait, on peut dire " physiquement ", la force du lien de vie voulu par Dieu. Il communiait ainsi avec son Créateur et son Libérateur.

Jésus avait cela à l’esprit quand, juste avant de mourir, alors que le Sanhédrin portait la sentence de mort, il voulut vivre avec les siens le repas commémorant la libération d’Israël. Il se souvenait du sacrifice d’Abraham et de tous les sacrifices sanglants qui s’étaient succédé de siècle en siècle. Il savait que les hommes ont ainsi besoin de gestes forts pour communiquer et communier avec Dieu et entre eux.

Mais ce soir-là dans la salle du Cénacle, il n’y avait, semble-t il, pas d’agneau pascal. Juste des herbes amères, du pain et du vin… Point de chair et de sang, sinon la chair et le sang des personnes présentes. Et Jésus a accompli l’inimaginable. Non seulement il fit tous les gestes habituels de cette célébration de la Pâque juive, soulevant les coupes et prononçant les bénédictions, mais encore il réalisa quelque chose d’inouï. Quoi donc ? Dire sur le pain : " Ceci est mon corps ! ", et sur le vin : " Ceci est mon sang ! ".

Autrement dit, Jésus affirma à ses disciples : " Moi Jésus je suis l’agneau pascal sacrifié volontairement, dont le sang versé fonde une Alliance réparatrice et définitive entre Dieu et tous les hommes. Je suis Isaac qui meurt sans bélier de remplacement. Je suis celui qui témoigne, par l?offrande consentie de ma vie, qu’il doit être mis fin à tous les sacrifices sanglants. Je suis le signataire de la Nouvelle Alliance annoncée par le prophète Jérémie… ".

Dans ce repas, leur signifia encore Jésus, vous allez communier à mon corps et à mon sang, parce que je vous annonce ainsi que mon corps va être brisé sur la croix pour vous tous, et mon sang répandu pour que la multitude ait la vie, la vie même de Dieu.

Mais en disant sur le pain et le vin : " Ceci est mon corps ; ceci est mon sang ", Jésus nous a aussi assuré (et il nous le dit toujours) : " Je suis moi-même le pain qui vous nourrit ; je suis moi-même le vin qui vous vivifie… ". Comme le pain, pour être nourriture, a dû être composé grâce au grain moulu. Comme le vin, pour être boisson qui dynamise, a dû être fabriqué à partir du raisin broyé… eh bien la vie de Dieu, pour être communiquée, partagée, donnée, devait passer au moulin et au pressoir de la Croix !

Plusieurs mots peuvent désigner " la messe " : repas eucharistique, saint sacrifice, Cène du Seigneur… Aucun ne peut, à lui seul, exprimer suffisamment la forte réalité de ce qui est toujours un événement. Car la célébration de l’Eucharistie est à la fois " mémorial " (mémoire vivante) du don de sa vie que le Christ a fait sur la croix par amour total de l’humanité, et moment où Jésus s’offre à chacun dans le pain et le vin consacrés.

" Tu as faim et soif de moi ? Alors mange ce pain et bois à cette coupe, nous dit le Christ Jésus, et tu auras le tout de la vie ". Mange ce pain… Bois à cette coupe… C’est-à-dire : Participe au repas eucharistique ! Mais aussi : Donne ta vie à moudre avec la mienne ; laisse-la, également, être pressée au pressoir de l’amour…

La messe n’est pas toujours facile à suivre et à vivre. Pour y parvenir, il faut toujours avoir, dans le c?ur, la mémoire de cette longue histoire d’amour de Dieu pour son peuple. Et nous émerveiller de ce sacrement étonnant que Jésus nous a laissé : Un peu de pain et de vin qui suffisent à faire vivre Dieu en nous !

Références bibliques :

Référence des chants :

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