CELUI QUI A DIT " JE NE SUIS PAS "…

L’Évangile de dimanche dernier s’ouvrait par le premier mot de l’Évangile de Marc : " Commencement ". " Commencement de la Bonne Nouvelle "… Et cette " Bonne Nouvelle " était introduite par l’apparition, dans le désert, d’un messager, Jean-Baptiste, qui venait préparer la route à un autre plus puissant que lui.

Aujourd’hui, c’est le début de l’Évangile de Jean qu’il nous est donné d’entendre. C’est du même commencement qu’il s’agit, celui de la venue du Règne de Dieu. Et le même précurseur nous est présenté : " Advint un homme, un être humain "…

Ainsi, en ce temps de l’Avent, l’Église nous invite deux dimanches de suite à tourner nos regards vers cet énigmatique personnage que représente Jean le Baptiseur. Comment s’en étonner si l’on se souvient que Jean le Baptiste est l’homme que Jésus a désigné avec le plus de respect : " En vérité je vous le dis, déclare-t-il au chapitre 11 de Matthieu, de tous ceux nés d’une femme, il n’en a pas surgi de plus grand que Jean le Baptiste. "

Un petit rappel historique n’est certainement pas inutile non plus…

Voici trois ou quatre siècles que le peuple juif n’a pas vu de prophète surgir en son sein, lui qui a été habitué à être secoué, réveillé, encouragé par des Amos, des Osée ou des Jérémie… Il est rentré de sa longue captivité en Babylone mais il se trouve dans l’incapacité de faire son unité politique. Un temps ballotté entre les " grandes puissances " de l’époque (l’Égypte, la Syrie et la Grèce), il a fini par se laisser mettre sous la coupe des Romains. Un roi cruel installé par l’occupant impose son ordre : Hérode. Alors le peuple est dans l’attente. Il se met à rêver à la venue du messie royal que les prophètes ont annoncé, ou au retour d’Élie, ou encore à la venue d’un prophète semblable à Moïse… Jean le Baptiste, avec sa voix forte qui crie dans le désert que le Règne de Dieu est pour bientôt, rassemble très vite les foules.

C’est un " envoyé ". Il vient rayonner de la part d’un autre… Son nom hébreu, Jean, est à lui seul un " programme " : " Moi Dieu, je fais grâce ". Et il est un témoin qui vient rendre témoignage. C’est-à-dire qu’il a vu, qu’il a compris, et qu’il est là pour en attester, cela jusqu’à donner son souffle s’il le faut. Comme la lune reflète la lumière du soleil, il se veut reflet de cette lumière qui a façonné le monde, qui est à l’origine de tout et qui donne sens à tout. La Lumière était dans le monde et ces idiots d’hommes ne l’ont pas reconnue. Alors la Lumière a choisi de se manifester d’une façon nouvelle, inouïe…

" Pas de plus grand que Jean le Baptiste " a dit Jésus. Pourtant cet ascète qui hurle dans le désert, vêtu de peaux de bêtes, se nourrissant de sauterelles, prêchant la colère de Dieu, semble aux antipodes de l’homme de Galilée. Car si Jésus est allé au désert, il n’y est pas resté. Il était habillé comme tous ses contemporains et mangeait comme eux, ne dédaignant pas de faire la fête. Surtout, il n’annonce pas la vengeance de Dieu mais la miséricorde de Dieu… Mais Jean le Baptiste a renoué les fils de l’histoire des prophètes. Il est celui qui crie : " Le Royaume de Dieu est là ", et Jésus se sait reconnu.

" JE suis ", dira Jésus. " Je ne suis pas ", répond le Baptiste aux pharisiens et aux savants religieux qui viennent l’interroger. Je ne suis pas le messie, je ne suis pas Élie, je ne suis pas le Prophète annoncé par Moïse… Excès d’humilité ? Ou, plus simplement, témoignage offert à la Vérité ? " Le voilà celui que vous découvrirez peut-être comme étant le messie, à moins que ce ne soit Élie ou le Prophète… " Car si Jean le Baptiste a reconnu en Jésus plus grand que lui, il ne sait pas encore de façon sûre qui est vraiment Jésus. Plus tard, de sa prison, il enverra ses disciples interroger ce dernier.

C’est " un homme " qui est advenu pour annoncer " celui qui doit venir ". Un homme comme Adam, car Dieu a besoin des humains pour construire son Royaume et faire surgir son Règne. Un homme passionné par la Parole de l’Éternel comme Dieu les aime. Un homme qui a la vision de la vocation de l’homme et du projet de Dieu. " Aplanissez le chemin du Seigneur " proclame-t-il en écho au prophète Isaïe. Autrement dit : " Faîtes naître en vous la soif du Seigneur ! ", " Cassez vos conformismes et venez au désert éprouver la faim de Dieu ! ", " Soyez de ceux qui cherchent, de ceux qui guettent ! "

Deux dimanches de suite, l’Église nous jette ainsi dans les bras de " Jean-l’Avertisseur ", celui qui plongeait les hommes dans les eaux du Jourdain pour les dépouiller de tout leur péché et leur permettre de repartir comme " à neuf ". L’homme est rude, mais il manifeste ainsi avec force ce dont nous avons besoin : nous purifier, nous débarrasser de tout ce qui nous encombre, nous enchaîne… Alors seulement, nous pourrons recevoir le " baptême d’Esprit " apporté par le Christ, c’est-à-dire ce surgissement de Dieu en nous-même… " Je ne suis pas…" Il fallait la rudesse du Baptiste pour révéler la douceur du Christ…

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