Trois tableaux dans une même scène de l’Évangile de Jean.

Des disciples – Une pêche – Un repas. Trois tableaux qui s’emboîtent l’un dans l’autre et donnent à ce récit l’allure familière d’une rencontre d’amis. Peut-être nos assemblées eucharistiques pourraient y prendre modèle ?

Les disciples : ils sont sept. Chiffre de totalité. On y trouve les ténors : Simon, Pierre, Jean et Jacques. On y trouve deux importants protagonistes de l’Évangile de Jean : Nathanaël et Thomas. Et puis deux autres ne sont pas nommés. Ne serait-ce pas pour nous inviter, nous aussi à entrer en scène et à nous glisser dans le groupe de ceux qui suivent Jésus ? Alors avec eux, nous pourrons faire l’expérience de la présence active de Jésus en nos vies et de sa reconnaissance dans l’Eucharistie.

Entraînés par Pierre, les disciples sont partis à la pêche. Toute la nuit, ils ont travaillé, ils n’ont rien pris. Et voilà que de la rive, Jésus qu’ils n’ont pas reconnu, les interpelle avec une feinte naïveté : "Les enfants, n’auriez-vous pas un peu de poisson ?". Et non, ils n’en ont pas. "Jeter donc vos filets à droite de la barque". Et là, se produit le signe. Le filet est rempli de poissons, tellement lourd qu’ils n’arrivent pas à le ramener. Un nombre bizarre de poissons cent cinquante-trois ; il paraît que c’est le nombre total de poissons qui était identifié par la science de l’époque. Un filet qui malgré la quantité de ne s’est pas rompu. Et puis, c’est Pierre qui est chargé de retirer le filet de la barque et de l’apporter à Jésus. Et s’il fallait voir dans cette pêche la mission des disciples de Jésus de rassembler une multitude d’hommes et de leur faire connaître Jésus qui les aime, les appelle et les rassemble !

Et voilà nos sept disciples arrivés auprès de Jésus : chacun à sa manière. Jean, plus sensible, est le premier à le reconnaître. Pierre, fougueux et responsable, s’est précipité se rhabillant à la va vite. Les autres arrivent plus lentement avec la barque. Et Jésus les invite à un repas. Oui, Jésus ressuscité sert un repas avec du poisson et du pain. Souvenez-vous de la multiplication des pains où il nourrit une foule. Ce fut pour Jésus l’occasion de se révéler comme le pain de vie et le menu était le même, du pain et du poisson. Ce fut pour les Apôtres l’occasion de rassembler tous les morceaux et d’en remplir douze corbeilles comme pour la totalité du peuple de Dieu.

Voilà donc Jésus ressuscité qui retrouve ses disciples d’une autre manière. C’est maintenant le temps où Jésus n’est plus visible. D’une autre manière, il soutient ses disciples dans leur mission de le faire connaître à tous et de rassembler les enfants de Dieu. Il continue à être là et à donner sa vie à ses disciples, en communion avec lui, sous le signe du repas. Il fait confiance à Pierre et aux Apôtres pour agir et pour parler en son nom.

Que peut alors nous dire cette scène d’Évangile à nous qui la relisons ensemble aujourd’hui dans la célébration eucharistique ?

Elle nous interroge d’abord sur notre qualité de disciple. Est-il vraiment capital pour nous de suivre Jésus dans son enseignement et dans son exemple, de nous laisser inspirer par son Esprit Saint qui nous unit à Lui ? Il y a quelques jours, les catéchumènes étaient baptisés. Nouveaux disciples du Christ, ils nous racontent leur découverte de sa personne et le travail en eux de son Esprit. À nous, qui sommes les habitués de l’Église, leur nouveauté pourrait nous inciter à retrouver et à exprimer davantage la chance, la joie, l’intérêt de connaître le Christ, de le prier et de le servir. Ce n’est pas petite chose d’être disciple de Jésus aujourd’hui.

Ce passage de l’Évangile nous rappelle aussi notre mission de chrétiens dans le monde. Nous ne sommes pas seulement chrétiens pour nous, mais pour offrir à tous la grâce qui nous est donnée. Et le Seigneur nous accompagne toujours. Lorsque nous pensons avoir travaillé en vain parce que nous nous heurtons à des refus ou parce qu’il est tellement long et difficile de devenir meilleur, Jésus est là, près de nous, à nous redire : "Les enfants, remettez-vous à l’oeuvre, il y a toujours du neuf de l’autre côté". Ces jours-ci, j’ai reçu une lettre faisant référence justement à ce passage d’Évangile. C’est un groupe de chrétiens qui avait organisé un week-end spirituel, ils s’attendaient à être cent, ils ont été débordés par plus de deux cents personnes. Aujourd’hui encore, il y a des pêches miraculeuses. Soyons-en certains, le Christ ressuscité travaille avec nous, même quand c’est dur, peut-être même surtout quand c’est dur.

Enfin, cette scène évangélique qui noue la communion avec Jésus autour du repas nous invite à vivre à plein la rencontre eucharistique. Combien de jeunes me disent que les messes sont tristes et ennuyeuses ! Ils ont parfois raison. Mais ce n’est pas seulement en améliorant la qualité extérieure de notre liturgie que nos assemblées seront plus expressives de Celui qu’elles célèbrent. C’est parce que nous chrétiens, nous serons plus attachés au Christ, c’est parce qu’Il sera par son Esprit, le Maître intérieur de nos vies que nous entrerons plus profondément dans le mystère du don de son Corps et de son Sang.

"Venez déjeuner". Écoutons, Soeurs et Frères, cette invitation au repas pascal. Il nous unit au Christ. Il nous unit en Lui et entre nous. Il nous envoie vers le large pour de nouvelles pêches. Ce repas nous est offert aujourd’hui jusqu’au jour où nous nous retrouverons sur l’autre rive.

Amen.

Références bibliques :

Référence des chants :

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