Frères et soeurs en Jésus Christ,

Au-dessus de l’autel de notre cathédrale, brille une Croix qui nous rassemble. Signe d’espérance, elle manifeste que Dieu nous appelle en son Fils crucifié et glorifié, à sortir des ténèbres pour entrer dans son admirable lumière. Dieu est Amour. En Jésus-Christ, il est devenu " l’Emmanuel ", " Dieu avec nous ". La vraie Croix, celle du Golgotha, est le trophée de l’Amour à jamais victorieux du péché et de la mort. Si nous la contemplons avec foi, nous saurons y découvrir – invisible à nos pauvres yeux, parce que trop grand pour eux – le Coeur de Celui qui "  a voulu tout réconcilier en lui et par lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang " (Colossiens 1, 20) qui a coulé d’une offrande unique.

Portons notre regard vers le chevet de notre cathédrale. Au-dessus du tabernacle de l’autel de la " Vierge noire ", nous apercevons, sculpté avec un art plein de délicatesse, un " Agneau égorgé ". En lui, nous reconnaissons Jésus Christ qui réconcilie le monde avec le Père car "  Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché des hommes afin que, grâce à Lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu "(2 Corinthiens 5, 21). Le Christ est le témoin de la miséricorde du Père, car "  Il nous aime et nous a lavés de son Sang "(Apocalypse 1, 6) ! Dans quelques instants, le Sauveur du monde sera présent, de manière sacramentelle, sur cet autel dont les couleurs splendides évoquent le mystère de son amour plein de compassion, de son amour capable de nous renouveler entièrement. Ces couleurs rouge et or sont celles du Sang glorieux du Christ qui donne vie au monde. " Chaque messe est, à travers la Croix du Christ, une grande bénédiction, une explosion silencieuse de l’Amour, une grande descente de Dieu dans le monde pour empêcher qu’il périsse et que le mal en lui l’emporte sur le bien. En retour, chaque messe provoque, dans une partie cachée du monde, une réponse d’amour qui, à travers la Croix du Christ, monte jusqu’à Dieu " (Cardinal Journet, Le mystère de l’Eucharistie).

Soyons dans la joie. Jésus Christ nous dit : " Je suis le Bon Pasteur. Je donne ma vie pour mes brebis "(Jean 10, 11). Sa Parole de feu est toute proche de nous car, à chaque messe, Jésus se donne pour ses brebis et se donne à elles. Ce don inouï fait de nous son Peuple, l’Église ! Chef de l’Église, le Bon Pasteur nous rassemble en elle pour que nous allions avec Lui vers le Père, sous la conduite de l’Esprit de Vérité et d’Amour. N’ayons pas peur de recevoir Jésus-Christ, " l’image du Dieu invisible " ! Mettons en Lui notre foi et notre espérance ! Marchons joyeusement à sa suite !

La célébration eucharistique a débuté par une montée. De manière réelle ou symbolique, nous avons gravi les marches d’un escalier qui nous a amenés jusqu’à l’autel. L’escalier intérieur de notre cathédrale est comme une invitation pressante à nous élancer vers le Sauveur du monde qui se donne à nous dans la Sainte Eucharistie. En avançant vers l’autel, nous avons chanté : " Oui Seigneur, nous voulons paraître devant toi et nous rassasier de ta Présence. Oui, nous voulons, sous le souffle de ton Esprit, t’aimer de toute notre âme ! Oui, nous voulons que ton Évangile soit une Parole qui clarifie notre regard, réjouisse notre coeur et nous redonne vie ! ".

En nous unissant au Christ, chaque messe fait de nous les " adorateurs en Esprit et en vérité que cherche le Père " (Jean 4, 23-24) ! Jetons au pied de cet autel nos petites " couronnes " (Apocalypse 4, 10), ce qui prend trop d’importance dans nos vies et qui disparaîtra un jour ! " Les linceuls n’ont pas de poches ! " disait le bon curé d’Ars. Certes, nous ne sommes pas rien mais devenons un peu plus le " Rien " de Jésus, de Celui que nous acclamons avec l’Église entière – celle cheminant sur la terre et celle parvenue dans le ciel à l’unité plénière, l’Église aussi qui, au-delà des portes de la mort, se reforme dans une attente purifiante.

Depuis près deux mille ans, l’Église marche sur cette terre, à la suite de Jésus Christ. Ce pèlerinage, sous la conduite de ceux à qui Jésus dit : " C elui qui vous écoute, m’écoute " (Luc 10, 16), ne s’est jamais interrompu, malgré les nombreuses défaillances des baptisés. La force de Dieu resplendit en la faiblesse des hommes. Cette force suscite ce miracle que nous appelons l’Église !

Tandis que nous avançons au milieu des difficultés et des chutes, la Croix victorieuse est notre lumière, l’Eucharistie, notre nourriture ; le commandement de la charité, notre loi, ce commandement que Jésus, lui-même, a édicté et que la parabole du Bon Samaritain vient de nous rappeler.

Il y a quelque temps, j’ai rencontré une jeune femme qui, à partir du Puy, avait parcouru la longue route menant au tombeau de l’apôtre saint Jacques. Une antique tradition situe ce tombeau en Galice, là où la terre plonge en quelque sorte dans l’océan immense. Alors que je la questionnais sur son pèlerinage et sur l’expérience qu’elle avait vécue, soudain elle me dit avec un regard intense : " J’ai appris à alléger mon sac et à porter celui des autres ". N’est-ce pas l’Évangile de ce dimanche, lui-même écho d’une autre parole de Jésus  : "Venez à moi, vous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug (…) et vous trouverez soulagement pour vos âmes " (Matthieu 11, 28-29) ? Oui, le joug du Christ nous redonne vie car "  ses décisions sont justes et vraiment équitables : plus désirables que l’or, qu’une masse d’or fin, plus savoureuses que le miel qui coule des rayons " (Psaume 18).

En ressortant de la cathédrale, les pèlerins aiment descendre l’escalier qui, passant sous la nef, donne accès à la ville du Puy et ouvre le regard sur de vastes horizons. Cette descente est symbolique. En effet, tel le bassin que la fontaine a rempli de son eau cristalline, le coeur du croyant, peu à peu transformé par la grâce de la communion eucharistique, déborde d’amour pour le prochain, pour celui que la lumière de la foi rend toujours plus proche. Gardons-nous de l’oublier : le vrai chrétien n’a pas la main sur le coeur. Il ne fuit pas le monde, ni ne perd son temps en des discours vains. Non ! Le disciple du Christ a le coeur sur la main ! C’est tout différent. En clair, cela signifie, qu’il ne faut pas " passer de l’autre côté du chemin " où Jésus Christ, dans le pauvre, se fait le mendiant de notre amour. A ce propos, il me revient à la mémoire l’épisode de la vie de Mère Térésa où un jeune l’interpelle en lui disant : " Jamais je n’ai vu le Christ ! ". Mère Térésa le fixe alors du regard dans un silence impressionnant, puis répond : " Tu n’as donc jamais rencontré un pauvre ! ".

Alors, à l’école de l’Eucharistie, l’école de l’Amour, apprenons à verser dans les coeurs, " l’huile " de la compassion et le " vin " (Luc 10, 34) de la joie ! Donnons au prochain un peu de notre temps et surtout donnons-nous nous-mêmes ! A nos portes, il y a tant de solitudes, tant de peines, tant de souffrances ! " Esprit Saint, fais-nous entendre l’appel de nos frères, l’appel de Jésus en nos frères, pour nos frères ! ".

Notre sanctuaire est fréquenté par un nombre grandissant d’hommes et de femmes. Aux pieds de la Vierge noire, ils déversent dans le coeur aimant de Marie, inquiétudes et interrogations, joies et peines. Les cierges que vous voyez en sont l’humble et émouvant témoignage. Contemplons un instant cette Vierge. Elle tient contre elle son enfant, semblant dire à chacun de nous personnellement : "Laissez-vous aimer par lui ! Aimez-le ! Vous le cherchez ? Mais il est tout proche, se livrant à vous dans l’Eucharistie. Accueillez-le avec foi et avec espérance. Faites vôtre mon " Fiat ", mon " oui " de l’Annonciation, mon " oui " de la Croix. Alors, tel le soleil, traversant les ondées qui passent en les irisant des couleurs de l’arc-en-ciel, la charité divine surabondera dans vos coeurs et transfigurera vos peines et vos douleurs. Je vous accompagnerai sur le chemin du plus grand amour, ce chemin qui est mon divin Fils. Il est " la Voie " en laquelle vous deviendrez louange à la gloire du Père ".

Avec " la Toute Sainte ", Mère de Dieu et Mère des hommes, unis à la foule immense des croyants, chantons dans notre coeur : " Heureux ceux qui approchent de ton autel, Seigneur ; heureux les habitants de ta maison : ils peuvent toujours te louer, mon Roi, mon Dieu ! ".

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