Dans l’Evangile que nous venons d’entendre, Jésus commence par rappeler un épisode de l’histoire de l’Exode. Confrontés au manque de pain et d’eau, les Hébreux ont maugréé contre Dieu et contre Moïse. Leur manque de confiance est alors sanctionné par l’apparition de serpents au venin mortel. Mais, pris de compassion , Dieu fait dresser par Moïse un serpent de bronze, qu’il suffit de regarder pour rester en vie.

Le serpent est un animal qui suscite le mystère. Il a nourri les imaginaires de tous les peuples du monde, et son symbolisme est un des plus riches. En Chine, il est un des douze animaux qui désignent les années successives. Car le serpent, animal qui marche sur le ventre, se montre l’animal le plus terrestre, mais il est aussi celui qui peut se redresser et devenir l’animal le plus vertical après avoir été le plus horizontal. Disparaissant sous terre et réapparaissant, connaissant des mues régulières, cet animal représente la renaissance autant que la mort, la guérison comme le poison… Voilà pourquoi Jésus n’a pas craint de se comparer, lui le Fils de l’Homme, au serpent guérisseur de l’Exode.

Moïse avait fabriqué un serpent de bronze sur ordre de Dieu, non pas pour fournir une idole au peuple, mais pour que, regardant ce signe, les Hébreux aient foi dans la miséricorde de Dieu. Jésus proclame la même Bonne Nouvelle de la miséricorde divine. Mais le signe qu’il annonce n’est plus un serpent de bronze : c’est sa croix, le lieu de son supplice, sa vie livrée pour nous… Au coeur même de la destruction du corps de Jésus, la force de vie de Dieu va se manifester. Dans la mort même de Jésus, la permanence de Dieu va se révéler. Parce que dans cette mort l’amour a sa place, Jésus va être capable de traverser la mort, de la " trouer ".

Tous ces jours, dans le cadre de la guerre américano-britannique contre l’Irak, nous entendons beaucoup parler de Dieu. Trop peut-être. Saddam Hussein comme le président américain ont chacun " Dieu plein la bouche ", chacun croyant pouvoir le mettre " de son côté ". Chacun prétend ainsi mobiliser le " Dieu des armées " dans son camp. Or le Dieu que Jésus vient révéler n’est enrôlable dans aucune armée ! C’est le Dieu qui se laisse clouer à la croix de la violence meurtrière des hommes. C’est le Fils qui meurt à cause des péchés du monde. Ce n’est pas un dieu qui donne la mort : c’est un Dieu qui s’offre à la mort afin de la vaincre. C’est le Dieu qui vient habiter notre mort afin d’en faire surgir une vie nouvelle !

En ce moment, en Irak, Dieu meurt. Il meurt sous les bombes et dans les combats. Il meurt sous les traits des jeunes recrues américaines ou anglaises comme sous ceux des victimes irakiennes. Le Golgotha, aujourd’hui, est en Irak ! Mais au coeur de ces ténèbres du monde, il nous appartient, à nous chrétiens, de discerner la lumière, de marcher vers cette lumière, et de faire la vérité ! A nous de manifester la pertinence de l’Amour en face des folies guerrières ! A nous de faire surgir la vie !

" Dieu n’a pas envoyé son Fils pour juger le monde mais pour le sauver " rappelle Jésus. Et le salut se trouve dans la réponse que nous pouvons faire à Dieu : celle de choisir la vie et non la mort ! A nous appartient le jugement ! A nous il appartient de choisir la lumière plutôt que les ténèbres ! Le Dieu de la Bible, le Dieu des Evangiles est un dieu qui prie l’homme ! Il dit à l’homme : " Regarde vers moi ! ". Il implore l’homme : " Fais moi confiance ! Si tu crois, tu vivras ! ". Accueillir le Nom de Dieu au plus profond de sa vie, accueillir en soi l’image de l’Amour crucifié puis glorifié, c’est avoir l’assurance de gagner dès aujourd’hui la vie éternelle. Mais accueillir, c’est aussi faire, et pas seulement croire !

Marcher vers la lumière. Faire la vérité. La foi au Dieu de vie n’est pas d’abord une affaire de paroles, une exigence de formulations dogmatiques. La vérité est faite… pour être faite ! La lumière se trouve en marchant. L’amour demande à être vécu. Comment, moi, aujourd’hui, est-ce que je FAIS la vérité ? Comment est-ce que, moi, aujourd’hui, je rends témoignage à la Lumière ? Comment est-ce que j’appelle Dieu à mon secours, non pour combattre un ennemi, mais pour que l’Esprit de Dieu vienne opérer en moi et dans le monde des hommes une conversion salutaire ?

Un autre animal est mis en valeur dans la Bible et, particulièrement, dans l’histoire de Jésus : la colombe. Alors que le serpent apparaît comme la bête la plus terrestre qui soit, la colombe se présente comme l’animal le plus céleste. Au serpent il est possible de s’élever, de monter de la terre vers le ciel. La colombe, elle, peut descendre sur la terre, apporter dans son mouvement descendant l’Esprit de Dieu sur les hommes. Pour que nous nous redressions, pour que nous sortions de la boue du péché et de la mort, nous avons besoin de cette descente de l’Esprit de Dieu sur nous. En France, en Chine, en Irak, comme aux Etats-Unis d’Amérique nous avons besoin, aujourd’hui, que l’Esprit de Paix vienne planer, sous la forme d’une colombe, au dessus des eaux tourmentées de l’humanité. Esprit de Dieu, vient sur notre terre ! Croix du Christ, sauve-nous !

Références bibliques :

Référence des chants :

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