s’habiller le coeur ". Tenez-vous prêts. " La venue du Royaume est imminente ".
L’expression " Royaume des cieux ", revient plus de cinquante fois dans l’Évangile de Matthieu.
Cette image ne datait pas d’hier. Elle venait des grands prophètes d’Israël. Ils ne cessent d’annoncer un temps où les princes de ce monde ne seront plus l’indifférence et le mépris mais la compassion et le respect.
Je ne peux m’empêcher de penser à un poème d’Aragon rendu célèbre par Jean Ferrat. Les couplets évoquent les horreurs de ce monde : la guerre, la querelle, les bagnes, la bête triomphante… Chaque refrain vient rompre les chaînes du malheur. " Un jour pourtant, un jour viendra couleur d’orange… Un jour de palmes, de feuillages au front, un jour d’épaules nues où les gens s’aimeront, un jour comme un oiseau sur la plus haute branche ".
Pour les auditeurs de Jésus c’était un peu cela le Royaume.
La mission est urgente, l’enjeu est de taille. Il ne faut se tromper ni sur le but, ni sur les moyens. Il ne s’agit pas d’un programme politique même si tous les projets de société pourraient s’en inspirer avec profit. À la tête de la cité ce sont des hommes qui ont le souci des plus faibles qu’il faut placer. Si c’était une révolution ce serait celle de l’amour. C’est la vie véritable telle que Dieu l’a voulue, telle que Dieu l’a rêvée. En attendant que Son règne vienne, nous sommes à la fois en exil et en mission. Pour ce grand projet Dieu s’en remet à nous.
Jésus s’enflamme d’enthousiasme lorsqu’il évoque le Royaume qui vient, qui s’approche, qui travaille déjà le coeur des humbles. Oui, malgré les tragédies de ce monde la vie a un sens. La vie pourrait devenir prodigieusement belle, si seulement nous apprenions à être solidaires les uns des autres.
Jésus Christ a planté dans le coeur des hommes de bonne volonté un désir que rien ne pourra rassasier, sinon le Royaume de Dieu et sa Justice. Le Royaume est " en vous ", dit-il, à l’état de projet. C’est comme le cri de Martin Luther King : " I have a dream ". J’ai un rêve. Le rêve d’une communauté humaine sans ségrégation de race ou de classes, tous en marche pour nous libérer de nos entraves et pour voir ensemble la gloire du Seigneur.
Le Royaume des Cieux est un univers nouveau à bâtir ensemble avec les plans de Dieu. Une seule règle dans ce Royaume : devenir comme le Père, c’est-à-dire donner à chacun ses chances d’exister, être pour les autres, pour tous les autres, ce que le soleil et la pluie sont pour les plantes.
Nous avons été inventés pour travailler à faire s’épanouir le coeur des hommes. Nous sommes faits pour ce Royaume comme le rossignol pour chanter, comme le goéland pour voler. Nous avons à construire " un domaine où l’amour sera roi, où l’amour sera loi ".
Il n’est pas facile de définir l’indéfinissable. Jésus semble jouer au jeu du portrait.
Si c’était une plante… Ce serait la plus petite des graines mais elle deviendra un grand arbre ! Dieu donne des graines, notre tâche est d’en faire des jardins.
Si c’était un ingrédient de cuisine… Ce serait une pincée de sel ou encore une miette de levain qui fera lever trois kilos de farine ! Nous devons être le sel de la terre et non pas son sirop. Et c’est la lourde pâte humaine, qu’il faut soulever.
Si c’était une fête… Ce serait un banquet de noces !
Si c’était un objet… Ce serait une perle unique au monde ou un trésor fabuleux !
Le Royaume est là où les démons de l’indifférence et du mépris ont été chassés. " Si c’est par le doigt de Dieu que je chasse les démons alors le Royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous ", (Luc XI, 20).
Qui pourra pénétrer dans cet univers ?
Les humiliés, ceux qui ont connu, en creux, le prix et l’enjeu de l’amour puisqu’ils ont été blessés par son absence.
Les persécutés pour la défense des droits des opprimés. Humiliés et persécutés encadrent les huit béatitudes. Il n’est pas dit que le Royaume leur appartiendra dans l’avenir. Il est dit : " Le Royaume des Cieux est à eux. "
II y a ceux qui ont retrouvé une âme d’enfant avec la confiance et l’humilité que cela implique.
Il y a ceux qui sont écorchés par le gâchis d’une vie mal orientée, " Les prostituées et le publicains vous précéderont dans le Royaume ". Imaginez la fureur et l’indignation des bien-pensants en entendant ces mots. Ce jour-là Jésus vient de signer sa condamnation à mort.
Le Royaume est là où deux regards s’échangent dans un sourire. Il est là où une parole de pardon met fin à des années de discorde, là où un accord de paix met fin à des années de guerre. Il est là où la joie a effacé la tristesse.
Il est là où l’unité respecte la diversité. Dans le banquet du Royaume tous sont invités. Toutes les barrières sont abolies. Il n’y a plus ni juif, ni palestinien, ni indien, ni pakistanais.
Un théologien quelque peu cynique avait écrit : " On attendait le Royaume des Cieux : c’est l’Église qui est venue ! " Lorsqu’elle est fidèle à Jésus Christ, oui, L’Église est bien signe du Royaume. L’Église des saints est l’ébauche du Royaume, dès maintenant. Mais la réalisation plénière du Royaume est loin devant, à l’horizon de notre désir et de notre courage.
Le Royaume de Dieu ne sera pleinement accompli, pleinement réalisé que dans le monde nouveau, celui dont parle l’Apocalypse où " iI n’y aura plus ni cri, ni peine, ni larmes, ni mort ". Voilà la plus grande espérance qui ait jamais été donnée aux hommes. Jésus peut la raviver en nous aujourd’hui.

Références bibliques :

Référence des chants :

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