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Tout d’abord, il faut l’avouer, les mots, le langage nous déroutent. Ce passage d’évangile, en effet, est écrit dans un langage déroutant,. Il appartient à un genre littéraire particulier, le genre "apocalyptique".
Une certaine littérature juive était faite de ces pages fulgurantes qui annonçaient à grand renfort d’images parfois terrifiantes le Jour où Dieu triompherait des persécuteurs des croyants.
 Jésus lui-même a emprunté parfois cette imagerie courante pour se faire comprendre de ses contemporains.
 30 ou 40 ans plus tard, débutent les persécutions contre les chrétiens. Néron, par exemple, les fait brûler comme des torches vivantes. Alors les évangélistes – pas seulement Marc, mais Matthieu et Luc et, plus tard, Jean -empruntent ce langage d’apocalypse pour annoncer l’intervention victorieuse de Dieu sur les persécuteurs. La description que nous lisons dans l’évangile de ce dimanche appartient à cette littérature.
  Il est indispensable de savoir cela pour comprendre ce que veut dire St Marc. Nous savons aussi qu’il ne faut pas prendre tous les détails à la lettre.
  "Le soleil s’obscurcira, la lune perdra son éclat, les étoiles tomberont du ciel…" Non, les enfants, n’ayez pas peur, les étoiles ne tomberont pas du ciel ! Mais, au temps de Jésus, les grands voisins des Juifs adoraient le soleil, la lune et les étoiles comme des dieux et des déesses qu’ils redoutaient. Ce texte d’évangile suggère donc ceci : qu’apparaisse le Fils de l’Homme et le temps de ces divinités est révolu. Pas de puissances célestes au-dessus de Dieu et de son Envoyé, Jésus-Christ.
 Une autre image. "On verra le Fils de l’Homme sur les nuées du ciel…" Non, les enfants, Jésus n’a jamais été dans les nuages. La ‘nuée’, c’était le décor traditionnel des apparitions divines, dans l’Ancien Testament. Cette façon imagée de parler, c’est pour dire que le Fils de l’Homme n’est pas seulement le Jésus de Nazareth, pas seulement un prophète envoyé par Dieu, mais qu’en Jésus, c’est Dieu lui-même qui est apparu sur la terre pour accomplir sa Promesse de sauver tous les hommes.
 Finie, l’explication des mots, venons-en au message.

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Ce message, vous l’avez compris, ce n’est pas une menace. Fin du monde ne rime pas avec épouvante mais avec espérance. C’est précisément pour encourager les communautés chrétiennes, leur redonner confiance que Marc répéte les promesses de Jésus : "Le Fils de l’Homme rassemblera les élus des quatre coins du monde…" Dieu fera donc réussir son dessein d’amour. Le jour et l’heure de cette fin heureuse importent peu à Jésus. "Le ciel et la terre passeront, dit-il, mes paroles ne passeront pas"
La fin du monde dont parle Jésus n’est pas une catastrophe, si peu une catastrophe qu’au milieu de ces visions apocalyptiques, Jésus fait se lever le printemps : "Regardez le figuier, dit-il, quand les bourgeons éclatent, la belle saison est proche". Le Fils de l’Homme viendra donc apporter le Salut comme le printemps du monde.
 On est loin de la mine défaite des "prophètes de malheur". Ce qu’ils disent est un contre-sens sur l’Evangile. D’ailleurs, chaque fois que nous entendrons l’Evangile comme une parole menaçante, attristante, destructrice, il y aura un contre-sens quelque part. L’Evangile est Bonne Nouvelle, bonheur pour le monde.

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Le message de cet évangile n’est donc pas une menace, c’est même un message pour aujourd’hui. Je m’explique.
 Savez-vous que la fin du monde est commencée ? Elle a commencé dans l’après midi du vendredi Saint Les croyants qui ont raconté la mort de Jésus, ont emprunté d’ailleurs le langage apocalyptique, utilisant les mêmes images : "Le soleil s’est obscurci, la terre a tremblé, les tombeaux se sont ouverts… " Des images d’apocalypse, pour dire que c’était la fin d’un monde. Le Christ a donné sa vie pour hâter la fin d’un monde, de haine, de mort et de péché et pour que commence un monde nouveau. La résurrection de Jésus est l’anticipation de ce monde nouveau. Et les siècles qui suivront verront se réaliser, lente mais inéluctable, l’éclosion d’une humanité nouvelle, ce que Jésus a appelé le Royaume de Dieu.
  "Le Royaume de Dieu est au milieu de vous" ,dit Jésus.
 Mais, vous me direz, "où le voyez-vous ce monde neuf ?"
 Certes, ce que l’on voit d’abord, c’est ce monde toujours de violence, de drames, de haine. Mais il ne faudrait pas que cette lucidité sur le mal étouffe une autre lucidité. Ouvrons les yeux, ce monde nouveau existe partout où des hommes et des femmes s’obstinent à aimer malgré toutes les grimaces du mal aux mille visages. Ce monde de fraîcheur existe, cette terre d’amour existe.
 Un bon terrain d’observation : le Secours catholique, c’est la journée nationale. Connaissez-vous les initiatives du Secours Catholique pour enrayer le malheur et embellir la vie ?
 Vous qui aimez bien St Vincent de Paul, dans cette paroisse, connaissez-vous l’imagination du coeur dont font preuve les membres des conférences St Vincent de Paul ?
 Avez- vous vu les gestes des enfants, au début de cette messe ? Ils inventent eux aussi la fraîcheur de la vie.
 Tout cela, diront certains, c’est une goutte d’eau dans la mer, c’est dérisoire dans cet océan de misère. Non, ces gestes de partage que vos enfants font aujourd’hui de tout leur coeur, ces initiatives que nous prendrons, là où nous sommes, pour soulager la misère, c’est la réponse concrète que Dieu nous suggère de faire pour hâter la fin du monde du mal et du malheur et pour construire avec Lui le monde nouveau où "c’est l’amour qui gagnera".

Références bibliques :

Référence des chants :

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