Prédication du pasteur Günter Ihle, doyen de la région de Kehl

 

Chers sœurs et frères en Christ,

Dieu croise nos chemins. L’avenir devient possible. C’est ce que nous révèle le prophète Ezéchiel.

Sa tâche n’était pas facile il y a environ 2500 ans. Il souffrait de la division de son peuple. Il critiquait la mise en confiance des porteurs d’espérance ou des alliances humaines.

Il mettait l’accent sur l’assurance de la fidélité de Dieu. Dieu tient les promesses de son alliance, quoi qu’il arrive.

Des chrétiens de Corée ont préparé cette année la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Ils ont choisi des paroles du prophète Ezéchiel. Leurs propres expériences s’y reflètent. Les chrétiens de Corée souffrent de la division de leur pays. Ils cherchent une espérance nouvelle par leur réflexion commune sur la parole de Dieu.

Nous vivons ici dans un soi-disant « Euro-district ». Des hommes de part et d’autre du Rhin traversent par milliers chaque jour la frontière. Ils travaillent ou font leurs courses dans l’autre pays. Cela apporte des chances mais génère également des problèmes.

L’Euro-district est pourtant d’une plus grande ampleur et ne se laisse pas réduire à une réalité économique. Ici, les hommes vivent ensemble au-delà de la frontière. Néanmoins, le désir ardent de paix et de réconciliation ne connaît aucune frontière. Encore moins l’espérance d’un avenir pour tous ou le souci pour la création. Les Eglises de notre région ont contribué dès le début, à la vie transfrontalière. Les grandes rencontres ecclésiastiques, en 1994 ou 2004, étaient d’une grande importance ainsi que les rencontres personnelles dans différentes paroisses.

Nous ne parlons plus ici de la coopération transfrontalière mais plutôt de « l’œcuménisme trans-fluvial ».

Ici, se relie ce qui s’assemble. Comme avec les morceaux de bois chez Ezéchiel. Les églises chrétiennes vivent et travaillent ensemble sous le signe de la croix. La croix est un symbole pour la réconciliation et un signe pour la proximité de Dieu. La parole de la croix nous dit: Au milieu du plus grand désespoir, même dans la plus profonde impuissance humaine, Dieu ne nous abandonne pas. Il est à nos côtés quoi qu’il arrive. Il permet une vie nouvelle. Dieu croise par là nos chemins humains. Il croise notre égoïsme mortel. La soif humaine de pouvoir. La suprématie prétendue du plus fort. La force de Dieu est puissante chez les faibles.

La croix que vous voyez derrière moi se trouvait jadis au bord d’un chemin de la Forêt-Noire. Elle se trouvait là où les chemins de différentes personnes se croisaient. La croix du Christ croise nos plans humains. En même temps, son message permet de nouveaux chemins. Des croisements de vie. Des hommes se côtoient sous le signe de la croix. Réconciliation et paix deviennent possibles. C’est ce que notre vécu nous montre dans notre région.

Mais notre travail ne s’arrête pas là. Les défis, devant lesquels nous sommes, sont multiples. Dans nos familles, dans la vie active, mais aussi dans les rencontres d’Eglises ou de religions différentes. Ce n’est pas toujours facile.

Porter sa croix n’est pas une chose agréable. Mais l’espérance est toujours reliée à la croix. Car, des croix sont aussi des croisements. Chemins sur lesquels Dieu nous rencontre. Chemins d’espérance et d’avenir. Amen.

 

Prédication du père Etienne Uberall, vicaire épiscopal de Strasbourg

 

Nous sommes un dans la main du Seigneur.

Le prophète Ezéchiel, utilisant l’image des deux morceaux de bois réunis, affirmait : « Nous sommes un dans la main du Seigneur ». Dans le deuxième texte que nous avons entendu, l’évangile de Jean, le Christ redit cela d’une autre manière, lorsqu’il prie son Père pour ses disciples : « Garde-les en ton nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous sommes un ».

En cette Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, lorsque nous vivons des célébrations comme celle de ce matin, il nous semble que le rêve d’unité dont parlait à l’instant le pasteur Ihle devient réalité. Nous portons tous en nous ce rêve d’une terre où les hommes seraient frères et où règneraient l’amour et la justice. Cependant, chaque jour nous sommes ramenés à la dure réalité d’un monde où même les religions deviennent des causes de haine et de violence. Comme il est difficile de vivre avec son frère différent, surtout quand il faut se partager la même terre. Il est quelquefois plus facile d’aimer le lointain que d’aimer le prochain, celui que je côtoie tous les jours et qui est si différent de moi.

Pourtant, nous pouvons attester, ici à Kehl et à Strasbourg, qu’un chemin de fraternité est possible. Nous en sommes convaincus : « ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous sépare » : cette phrase mille fois entendue ressemble à un slogan, et nous l’utilisons quelquefois pour adoucir les aspérités de nos différences. Je préférerais dire : Celui qui nous unit, ou Celui qui fait notre unité. Il nous faut sans cesse reprendre conscience, et il nous faut le faire ensemble, mais aussi dans chacune de nos communautés et de nos Eglises, que notre vie est fondée sur le Christ, Parole vivante de Dieu : par l’unique baptême, nous avons été plongés dans sa mort et sa résurrection, marqués du signe de la croix, signe de la victoire de la vie sur la mort.

Nous sommes convaincus que le Christ ressuscité est l’unique chemin vers le Père. Mais aucune de nos communautés ne saurait à elle seule être signe de la présence du Christ au cœur de notre monde. Tout à l’heure, nous avons chanté avec le psalmiste : « Que les peuples te proclament Dieu, qu’ils te proclament tous ensemble ». Le mot « peuples » est au pluriel. C’est bien notre diversité qui rend possible notre unité. Nous sommes pétris de la même humanité et nous partageons la même foi, et pourtant nous tenons à nos différences. « Le Père et moi, nous sommes un », dit Jésus. Ils ne se confondent pourtant pas l’un avec l’autre, sinon il n’y a pas d’amour possible.

Nous reconnaissons dans le Christ l’unique source qui vient irriguer nos vies. Cette source unique peut donner naissance à de multiples cours d’eau, mais c’est toujours la même vie qui les irrigue. Ce qui m’émerveille, c’est la manière dont ma foi au Christ, que je vis et que j’exprime dans l’Eglise catholique, est éclairée par la foi au Christ de mes frères protestants, mais aussi orthodoxes et anglicans. C’est le même visage du Christ, contemplé sous un autre angle, illuminé d’une autre lumière. Un peu comme lorsque nous sommes assis au bord d’un fleuve, le Rhin tout proche. Selon la rive où nous sommes, c’est le même fleuve et pas tout à fait le même.

Ce fleuve nous sépare et nous unit : nous avons bâti des passerelles et des ponts qui permettent la rencontre. Le fleuve a deux rives et une seule source : nous sommes deux peuples, deux Eglises ; nous n’avons qu’un seul Père et un seul Seigneur, Jésus, le Christ.

 

Prière du Conseil Oecuménique de l’Eglise sur la paix au Moyen-Orient

Dieu de miséricorde et de compassion,
De grâce et de réconciliation,
Répands ta puissance sur tous tes enfants au Moyen-Orient.

 

Que la haine se transforme en amour, la peur en confiance,
Le désespoir en espoir, l’oppression en liberté,
L’occupation en libération,
Que les violents affrontements soient remplacés par des étreintes d’amour,
Et que chacun connaisse la paix et la justice.

 

Amen

Références bibliques :

Référence des chants :

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