S’il nous arrive parfois, à vous comme à moi, d’hésiter devant un programme de télévision, devant un plateau de fromages, un chariot de desserts ou une invitation, il nous arrive sans doute aussi d’hésiter dans des moments plus importants, et notamment quand la vie appelle à des choix. Aucun de nous n’ignore l’importance et l’impact des choix posés dans une vie. En particulier quand ces choix fondent une existence entière, et qu’ils en sont la colonne vertébrale.
 Si vous êtes ce matin devant votre poste de télévision, ou ici à Chérancé, c’est parce que le Christ vous donne rendez-vous. C’est aussi parce qu’un jour vous avez fait le choix de prendre le Christ comme maître et comme ami. Il tient le monde dans ses mains.

L’Évangile que nous venons d’entendre a quelque chose de déroutant. Nous sommes loin des paraboles auxquelles Jésus nous avait habitué, loin aussi des belles scènes de la vie de Jésus lorsqu’il guérit les malades, nourrit les foules, s’occupe des pauvres, des petits, des enfants. Nous sommes très loin aussi de ces moments où Jésus s’en va seul, à l’écart sur la montagne, pour prier… L’air du temps est davantage aux choix qui s’imposent.

Oui, l’évangile de ce jour a de quoi déconcerter et surprendre. D’une certaine manière, Jésus semble mettre les points sur les " i ", donnant, pour qui veut le suivre, des repères aussi indispensables qu’incontournables. La parole de Jésus ne laisse d’ailleurs aucune hésitation possible à ses interlocuteurs. Il faut choisir !

" Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi… "
" Celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi… "
" Celui qui ne prend pas sa croix pour me suivre n’est pas digne de moi… "
" Celui qui veut garder sa vie la perdra… "
" Qui vous accueille m’accueille ! "
 
 Voilà une succession de recommandations, de maximes, dont on a un peu de mal à comprendre le lien qu’elles peuvent avoir les unes avec les autres. Sans doute nous faut-il remettre ces paroles dans leur contexte du chapitre 10 de Matthieu. L’ensemble de ce chapitre constitue, il est vrai, une sorte de code de conduite, une liste de recommandations et d’avertissements que Jésus donne aux apôtres qu’il vient de choisir et de mandater pour être ses disciples.

Hier, comme aujourd’hui, la teneur de la parole de Jésus oblige celles et ceux qui veulent le suivre à prendre conscience de l’importance des ruptures et des choix à poser pour être ouvrier du Royaume. Jésus ne nous dit pas qu’il ne faut pas aimer père, mère, enfants, et même notre propre vie. Il nous invite de manière radicale à poser les choix fondateurs qui donneront à notre vie une réelle capacité à aimer comme lui-même nous a aimés. Des choix à poser, certes, mais aussi des choix à assumer, parce qu’ils conduiront inexorablement le disciple à d’autres choix qui s’imposeront à lui à cause de sa fidélité même à l’appel du Christ et à l’Évangile. " Êtes-vous bien conscient de tout cela " semble dire Jésus aux disciples qu’il s’apprête à envoyer en mission. " Êtes-vous bien conscient de tout cela ", leur dit-il, comme pour s’assurer qu’il pourra bien compter sur eux.
 

Suivre le Christ, choisir le Christ pour maître et pour ami, ne pourra se faire qu’au prix d’un renoncement radical et sans appel à ce qui n’a rien à voir avec l’Évangile et la Bonne Nouvelle. C’est à cela que le Christ appelle, de manière exigeante, ses disciples. C’est à cela que chacun nous sommes appelés, et ce jusqu’à porter notre croix !
 Choisir le Christ pour maître et pour ami, jusqu’à porter notre croix, peut être difficile à vivre ou à assumer, surtout lorsqu’un tel choix est pris comme une performance à accomplir. Vivre l’Évangile n’a rien d’une course d’obstacles ! Vivre l’Évangile n’a rien d’un marathon ! Vivre l’Évangile n’est pas diplômant ! Vivre l’Évangile n’a rien à voir avec une performance à accomplir. Vivre l’Évangile n’apporte ni pouvoir, ni argent.
 Mais, vivre l’Évangile change tout dans la vie de celui qui choisit le Christ pour maître et pour ami. Vivre l’Évangile, c’est donner à notre vie la source où puiser ce dont nous avons besoin pour être Visage du Christ pour nos frères. Vivre l’Évangile, c’est donner à notre vie d’être le lieu même de l’incarnation de Dieu au coeur de ce monde. Vivre l’Évangile, c’est donner à notre vie d’être elle-même " don ", car notre vie tire toute sa valeur et sa grandeur de notre capacité à la donner, et à la perdre, à la manière du Christ lui-même.

Mes amis, lorsque vous mettez vos voix et vos talents de musiciens au service de cette communauté de Chérancé, vous dites déjà votre capacité à donner de vous-mêmes. Ce que vous nous dites au travers de votre engagement et de votre passion est à la fois vous-même, votre histoire, votre désir, votre volonté, et en même temps une parole qui vient de bien plus loin que vous et qui dit combien votre aventure est aventure d’Église, combien votre passion est passion d’Église. Cette parole qui vous dépasse est le cri même de celles et ceux qui ont été témoins du Christ ressuscité dans votre vie. Cette parole est parole de Dieu lui-même. Aujourd’hui, parce que vous revêtez la tenue de service, vous êtes vous aussi visage du Christ pour vos frères. Vos musiques et vos voix L’annoncent. À votre tour, vous êtes ses disciples.

Être disciples c’est choisir sans hésitation le Christ pour maître et pour ami. C’est répondre à un appel puissant, exigeant et vrai. Cet appel nous libère et nous rend libre de quitter résolument le chemin de nos vérités toutes faites pour la fragilité et l’insécurité requises pour avancer à la suite du Christ. Non pas par résignation, mais par choix conscient et libre, sûr que le Christ donne force à notre faiblesse, sûr aussi que le Christ marche à nos côtés. Le temps est au départ, et il faut partir.

Frères et soeurs, voulez-vous être de cette marche là, à la suite du Christ ? Voulez-vous être de ces hommes et de ces femmes, de ces adultes et de ces jeunes qui répondent présents quand la Bonne Nouvelle appelle à l’engagement d’une vie ? Voulez-vous être de ces disciples que le Christ envoie au monde pour étancher sa soif ?
 " Celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, ne perdra pas sa récompense. "
 

Références bibliques :

Référence des chants :

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