« Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint soient avec vous tous. » Frères et sœurs, vous aurez reconnu dans cette prière, qui concluait la deuxième lecture, la salutation que le prêtre adresse à l’assemblée au début de la liturgie eucharistique. Vraisemblablement empruntée à une hymne très ancienne, cette prière illustre la manière dont, très tôt, les premiers chrétiens ont saisi l’importance du mystère de la Sainte Trinité, comme le cœur du message du Christ et l’accomplissement de la révélation biblique. Dès les premiers temps de l’Église, selon les recommandations du Seigneur (Mt 28,19), c’est donc « au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » que l’on baptisera.

En contemplant Jésus dans sa relation à son Père, et en se remémorant ce qu’il disait de l’Esprit Saint, les premiers chrétiens accèderont à la compréhension d’un Dieu qui, depuis toujours, est communion entre le Père, le Fils et l’Esprit. On se souvient ici de ces confidences de Jésus : « Je ne fais rien de moi-même : je dis ce que le Père m’a enseigné » ; « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père » ; « Moi et le Père nous sommes un » (Jn 8,28 ; 5,19 ; 10,30). Pouvait-il en être autrement ? Lorsque Jésus enseignera à ses disciples comment prier, il les introduira dans l’intimité toute particulière qui l’unit à son Père. Il livrera à l’humanité le Notre Père.

Cette prétention de Jésus à se reconnaître le Fils de Dieu lui vaudra d’être rejeté, car, pour les Juifs, note l’évangéliste Jean, « non seulement, il violait le sabbat, mais il appelait Dieu son propre Père, se faisant ainsi l’égal de Dieu » (Jn 5,18). Et lorsque viendra l’heure de la mort, où il lui faut assumer le rejet des hommes et accomplir la mission qui lui a été confiée, Jésus s’adressera à son Père en des termes d’une incroyable audace : « Abba, Père, à toi, tout est possible… pourtant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » (Mc 14,36). On ne saurait parler de Dieu de manière plus intime, avec plus de tendresse. Alors que tout son être se révolte contre la mort qui l’attend, Jésus, dans sa conscience de Fils, s’abandonne à Celui qu’il appelle « papa ». C’est le cri de l’enfant qui attend de son Père assistance, protection, amour et force.

Quelques heures auparavant, Jean, dans son Évangile, avait rapporté cette parole de Jésus qui révèle la place de l’Esprit Saint au cœur même de la communion du Père et du Fils : « Tout ce qu’a le Père est à moi, c’est pourquoi j’ai dit qu’il [l’Esprit] vous communiquera ce qu’il reçoit de moi » (Jn 16,15). Cette promesse se réalisera à la Pentecôte, lorsque les apôtres feront l’expérience de la manière nouvelle dont, grâce au don de l’Esprit Saint, le Seigneur les accompagne dans leur mission. C’est d’ailleurs ce qu’il avait annoncé : « L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom vous enseignera toutes choses et vous fera vous ressouvenir de tout ce que je vous ai dit » ; « Il vous conduira vers la vérité tout entière » (Jn 14,26 ; 16,13-15). La Parole de Jésus de Nazareth, jusqu’alors limitée à l’espace de son humanité terrestre, pourra ainsi rejoindre les extrémités de la terre et de l’Histoire.

Frères et sœurs, ce que nous célébrons aujourd’hui n’est pas une abstraction, encore moins une formule mathématique, c’est le mystère de la communion éternelle d’un Dieu qui est Père, Fils et Esprit. Le contraire d’un Dieu solitaire, enfermé sur lui-même, puisque c’est un Dieu qui est relation, communion, famille. Il nous a créés à son image, pour nous introduire dans sa propre vie et nous faire partager son bonheur d’aimer.

En avons-nous vraiment conscience ? Lorsque nous traçons sur nos corps le signe de la croix, au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit, nous nous revêtons du nom même de ce Dieu et du mystère d’amour qui l’habite. Il n’y a d’ailleurs rien d’étonnant à ce que ce nom porte la forme d’une croix, puisque c’est sur la croix que Jésus, le Fils de Dieu fait homme, a exprimé ce que l’amour divin a d’unique. Nous l’entendions dans l’Évangile : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle ».

Que cette fête de la Sainte Trinité soit l’occasion d’accueillir dans nos vies cette promesse d’une Présence divine qui libère, rend fort et fait vivre. Pour qu’en se reconnaissant, en Jésus Christ, Fils d’un Père dont l’amour n’a pas de pareil, et en se laissant transformer par son Esprit, l’amour, qui, depuis toujours, est au cœur de la Trinité, devienne notre manière d’être et de témoigner. « Mon apostolat, écrivait Charles de Foucauld, doit être l’apostolat de la bonté. En me voyant, on doit dire : "Puisque cet homme est si bon, sa religion doit être bonne". Je voudrais être assez bon pour qu’on dise : "Si tel est le Serviteur, comment donc est le Maître ?".

Références bibliques : Ex 34, 4b-6.8-9 ; 2 co 13, 11-13 ; Jn 3, 16-18

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