Mais enfin, qu’ont-ils fait ? Eux, ces pauvres passants prisonniers sous les décombres de la tour de Siloé, et hier encore ces innocents écrasés sous les écoles, les hôpitaux, les églises en Haïti ? Qu’ont-ils fait pour mériter cela ? Qu’ont-ils fait au Bon Dieu, qu’ont-ils fait à leurs frères ?

Cette question traverse les époques, elle traverse la Bible aussi. Il ne faut pas s’y dérober, il faut toujours y revenir, car c’est elle qui tient tant et tant d’hommes et de femmes à distance, loin de notre foi.

Ce matin, Dieu prend la question à bras le corps : vous n’y comprendrez rien, dit Jésus, si vous ne vous convertissez pas.

Quand on ne sait plus où se tourner, et qu’on est au pied du mur, alors, sans doute n’a-t-on pas d’autre choix pour vivre que de se convertir ; se convertir à l’espérance. Une espérance à portée de main, une espérance à portée d’homme. Espérer, ce n’est pas rêver d’être ailleurs qu’en son corps de chair, ce n’est pas se rêver tout puissant dans un monde ou la technique et la science empêcheraient pour toujours les tuiles et les tours de nous tomber dessus. Mais espérer, c’est accepter de faire avec cette immense fragilité de la vie parce que c’est là que Dieu se donne.

Moïse fit un détour pour voir de plus près le buisson qui ne se consumait pas, mais Dieu en Jésus a fait un plus grand détour encore, le détour par l’humanité pour voir de plus près ce feu qui, lui, brûle et consume l’homme. Le Seigneur a fait le détour par notre chair douloureuse, notre cœur souffrant et il a daigné brûler de ce feu-là, pour le connaître tout à fait, et le transformer entièrement.

Moïse fait le détour par le buisson, et la terre sur laquelle il se tenait, d’une terre étrangère, devint un lieu saint. Et depuis que Jésus a foulé de ses pieds un coin de notre terre, c’est le monde entier, ici-bas, qui est devenu un lieu saint. Ici-bas… Dans les hôpitaux où l’on souffre et l’on meurt, dans les prisons où l’on étouffe et où l’on désespère, en toutes nos existences, marquées d’une façon ou d’une autre par l’épreuve de vivre, c’est chacun de nous qui est appelé à devenir terre sainte et demeure de Dieu.

Qu’ont-ils fait Seigneur ? Pourquoi les avoir abandonnés ? Le pire serait de croire que Dieu nous attend, impassible et distant, de l’autre côté de l’épreuve, alors qu’en vérité, il s’y débat avec nous et la traverse pour nous. Avec tous ceux qui n’en peuvent plus, sur la croix, il crie : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? », mais son appel, là-haut ne reste pas sans réponse.

Notre foi, notre espérance c’est qu’au bout de ce cri, dès ce cri, il y a la lumière. Dans ces blessures déchirantes de la croix, il y a déjà les blessures glorieuses qui annoncent la vie aux apôtres incrédules. Cela n’enlève ni la douleur, ni le scandale. Et cela ne fait certainement pas de la souffrance un bien qu’il faudrait cultiver. La mort, la douleur, il faut les combattre, mais pas sans le Christ, pas sans Dieu qui a déjà remporté la victoire. Il a épousé notre chair pour l’apaiser et la relever de l’intérieur.

C’est cela que nous allons célébrer maintenant dans le sacrement des malades. Dans un instant, vous ouvrirez vos mains nouées, pour y recevoir les mains transpercées et glorieuses du Sauveur. Vous nous montrerez ainsi le chemin de l’authentique espérance. Dans votre faiblesse éclatera sa force. Le Seigneur s’invite au cœur de vos corps : qu’il y commence son œuvre de transfiguration. Par vous que soit manifestée dans ce monde la puissance de sa résurrection.

Références bibliques : Ex 3, 1-8. 10. 13-15 ; Ps 102 ; 1 Co 10, 1-6. 10-12 ; Lc 13, 1-9

Référence des chants :

 

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