Et des cieux, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour ». C’est la Parole des origines… Avec le Baptême de Jésus, nous contemplons le « Big Bang » de sa mission.

Tout l’Evangile prend son envol à partir de cette expérience unique de la paternité de Dieu.

Dès lors Jésus devient migrant. Il quitte Nazareth, son village natal … Il pousse au large.

Il va vers tous ses frères pour leur faire partager ce « trésor », cette joie bouleversante de la tendresse du Père pour tous ses enfants sans exception.

Avec Lui, tout homme quel qu’il soit, à commencer par le plus petit, le plus étranger, le plus exclus, est appelé à entendre cette parole qui donne confiance, qui suscite l’espérance et qui propulse vers les autres : « Toi aussi, tu es mon enfant bien-aimé ! »

Cette parole c’est vous qu’elle rejoint plus spécialement, aujourd’hui, jeunes venus de tout pays : vous êtes dans cette église ou avec nous, grâce à la télévision… « Jeune de tout pays, partage tes trésors » tel est le thème, proposé par l’Eglise en cette journée mondiale des migrants. Ce trésor essentiel que vous portez en vous, c’est cette Parole qui depuis votre baptême ne cesse de vous redire que vous êtes enfants bien-aimés d’un Dieu qui vous aime de façon unique et vous appelle, dans l’amour du Christ, à dépasser toute frontière !

Votre origine vous relie à des pays lointains, Vos parents ont pris parfois des risques pour venir dans notre pays. Et je sais combien vous respectez leur choix. Pour la plupart, vous êtes nés en France où vous vous formez. Vous êtes ici chez vous. Vous le savez.

Vous faites partie intégrante de cette société qui ne peut se bâtir sans vous.

Mais dans le même temps, vous ne pouvez pas oublier vos racines.

Votre visage, votre langue maternelle, votre manière de vivre parlent de cette culture d’origine dont vous êtes fiers. Cela aussi constitue votre trésor !

Et cette double culture apporte une saveur particulière à l’expérience de votre baptême.

Par votre jeunesse et votre joie de vivre l’Evangile, vous faites bouger notre Eglise, comme dans cette messe, vous animez notre liturgie !

Vous apportez cette part d’émotion, de joie, de spontanéité qui nous manque souvent !

Vous élargissez nos horizons aux appels et aux rythmes de vos pays d’origine.

Vous nous empêchez de nous habituer aux injustices de notre planète.

Votre différence est pour nous source d’espérance !

Avec vous nous approfondissons le mystère de cette humanité où Dieu a créé de la différence pour que nous nous construisions les uns avec les autres. Avec vous cet appel du prophète Isaïe prend une actualité saisissante : « Lève les yeux aux alentours ! Regarde !

Tes enfants viennent de loin… Ton cœur frémira…! ».

Car loin de vous enfermer dans votre propre folklore, ces richesses de votre culture nous provoquent, nous les chrétiens occidentaux, à approfondir notre connaissance du Christ.

Avec vous, nous voici appelés dans la diversité de nos origines à apprendre à vivre ensemble cette aventure toujours renouvelée de l’Evangile.

Grâce à ces trésors que vous venez nous partager, nous découvrons que nous appartenons à cette belle famille humaine voulue par Dieu et rachetée par le Christ, en perpétuel devenir…

Cette famille dont chacun des membres se découvre, dans cet amour du Père, sujet d’une égale dignité et où personne ne peut être enfermé dans la couleur de sa peau, dans sa carte d’identité ou dans sa structure ADN !

Oui, vraiment, jeunes de tous pays, nos communautés d’Eglise peuvent renouveler leur témoignage de l’Evangile, si elles savent s’ouvrir à vos rêves, à vos projets, à vos musiques !

Or dans ces cités où nous habitons, ce témoignage rencontre une situation paradoxale !

D’un côté, vous qui habitez ces quartiers où des populations si diverses se côtoient dans la précarité, vous savez que vivre ensemble n’est pas facile !

Chômage, logements exigus, discrimination, sentiment d’être marginalisés et stigmatisés : tout cela provoque bien des blessures qui peuvent aller jusqu’à la révolte.

La peur peut s’insinuer dans les consciences.

Mais, d’un autre côté, vous êtes aussi témoins que nombre de vos amis de cultures ou de religions différentes ne se résolvent pas à cette situation. Je pense à ces 6 jeunes de Val de Reuil qui reviennent d’Auschwitz et qui nous crient au souvenir de la Shoah : « Plus jamais ça ! »

Et puis, vous faites partie de cette nouvelle génération, qui a le don des langues, familière du passage des frontières, des grands rassemblements et apte à susciter des relations de fraternité au-delà des barrières que des Etats érigent pour se protéger.

Dans ce contexte, nos communautés chrétiennes sont appelées à réaliser leur vocation de « signes de l’unité de la famille humaine »

Apprenant avec le Christ à devenir frères et sœurs universels, partageons tous ensemble ce trésor de notre baptême, non seulement dans l’Eglise mais aussi sur les chantiers de nos cités.

Comme le Christ, à la rencontre de ceux qui sont rejetés !

Comme le Christ, vigilants à défendre la dignité de chaque personne !

Soucieux d’inventer des espaces de dialogue… par exemple avec les musulmans de nos quartiers qui cherchent aussi à bâtir un monde de paix !

Et, comme nous y invite le Pape Benoît XVI, dans son message pour la journée mondiale des migrants, grandissons ainsi dans la connaissance et l’amour du Christ car c’est Lui qui dans sa mort et sa résurrection, a proclamé la paix.

Avec Lui, nous le savons, nous ne sommes plus « des étrangers ni des émigrés ».

Tous nous sommes de la famille de Dieu !

Références bibliques : Is 42 ; 1-4.6-7 ; PS 28 ; AC 10, 34-38 ; Mt 3, 13-17

Référence des chants :

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