En 1999, j’ai fait le pèlerinage de Compostelle à Pied depuis lourdes. Un jour, je me reposais à une étape lorsque je vois arriver un groupe d’Italiens qui faisait le pèlerinage à vélo. J’étais très agacé ! Je trouvais nul de faire le « pélé » à vélo, car ils ne peuvent pas entrer dans la démarche lente, nécessaire au pèlerinage. Et puis, regardez-les avec leur tenue fluo et leurs lunettes de frimeurs.

Le soir venu, l’un d’entre eux m’a invité à diner una buona pasta ! Lorsque je suis arrivé à table, ils ont remarqué mon col romain. Ils ne savaient pas que j’étais prêtre car j’avais lavé ma chemise qui était en train de sécher. L’un d’eux m’a dit aussitôt : « Nous aussi, nous sommes comme toi ».
 Je l’ai regardé étonné. Il a repris : « Nous sommes tous des anciens drogués et nous sommes dans un centre de désintoxication fondé par un prêtre. La plupart d’entre nous étaient encore à la cocaïne il y a quelques semaines. Nous faisons ce pèlerinage pour guérir. Tu ne peux pas savoir ce que ça représente pour nous de faire 50 kilomètres de vélo par jour. C’est dur ! La drogue nous sort de partout, mais on y arrivera ! »

J’étais stupéfait. Et moi qui les prenais pour des pèlerins de seconde catégorie. Puis le jeune homme m’a demandé : « Est ce qu’on peut assister à ta messe demain matin avant de repartir ? » Le lendemain, à 6 heures du matin, ils étaient tous là : Castori, Marco, Sergio, Tony, Gabriele, Enrico, Denis, Davide, Giovanni, Armando, Vincenzo et Marco. Douze apôtres de l’Évangile des drogués. Je leur ai demandé d’inscrire leur prénom sur un bout de papier. Chaque fois que je célèbre la messe en voyage avec ma petite valise-chapelle, je sors ce précieux papier et je prie pour eux. Et je demande à Dieu de ne jamais oublier ce qu’ils m’ont appris et que nous venons de lire dans la première lecture : « Ne juge pas selon les apparences », car Dieu seul connaît le secret des cœurs.

A propos d’apparence, regardons Saint Jean Baptiste. A l’époque de Jésus, les juifs et les romains s’habillaient avec de belles tuniques tissées. Mais Jean baptiste était complétement décalé, habillé comme à l’époque de la préhistoire, avec une peau de chameaux. Pourquoi portait-il un tel vêtement ? Il voulait sans doute manifester aux foules qui venaient le voir qu’il était en décalage avec l’esprit du monde. Son message était clair : « convertissez-vous, tournez-vous vers Dieu, peu importe vos modes de vie, ce qui compte, c’est de vous purifier de vos péchés par l’eau, et d’allumer dans vos vies le feu du Saint Esprit ! »

Le temps de l’Avent est un temps propice à la conversion pour mieux accueillir la lumière de Noël. Je vous propose donc que notre effort de conversion de cette semaine se porte sur un péché qui nous colle encore trop facilement à la peau, à vous et à moi : le péché des étiquettes ! Que de jugements et de critiques sur ceux qui n’entrent pas dans nos cases ! Je vais prendre un exemple très simple auquel nous avons tous été confrontés un jour ou l’autre : l’habit ecclésiastique. Certains prêtres aiment se promener dans la rue en clergyman, d’autres confrères sont plus à l’aise en civil avec une petite croix, et d’autres préfèrent la soutane. Sur ce sujet, nous entendons de tout. A propos de ceux qui sont en civils : c’est de leur faute si l’Eglise est en crise car ils ont perdu la visibilité ! Et à propos de ceux qui sont en soutane : regarde le celui-là, on se croirait au carnaval ! Ce que nous devrions plutôt reconnaître, c’est qu’ils ont tous la même motivation : les anciens ont quitté la soutane pour se rapprocher des gens, et ceux qui la remettent aujourd’hui le font eux aussi pour se rapprocher des gens !

Alors pendant ce temps de l’Avent, faisons tous un effort pour ne pas juger sur les apparences, ne collons plus d’étiquettes. Purifions-nous en allant nous confesser de ce péché et demandons au Saint Esprit de mettre le feu de l’amour à la place de la brûlure du jugement ! Amen

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