La solennité du Christ, Roi de l’univers, correspond au dernier dimanche de l’année liturgique. A ce titre, nous avons comme une sorte de condensé du mystère du Christ, déployé jusqu’à la fin du monde. En effet, tout au long de l’année, nous célébrons le mystère pascal du Christ, dimanche après dimanche, en participant à l’assemblée eucharistique. Tout au long de l’année, nous suivons un calendrier dont les moments forts sont l’avènement du Christ lors de sa naissance à Bethléem et le passage de la mort à la vie du Christ, par sa résurrection d’entre les morts. Aujourd’hui, nous sommes mis en présence de l’avènement du Christ à la fin des temps.

 

Quand on essaie d’entrer dans l’acte de foi des premiers disciples de Jésus, au lendemain de sa résurrection, nous découvrons que les premières communautés chrétiennes, l’apôtre Paul et tant d’autres ont témoigné du Christ en annonçant qui il est aux yeux de Dieu, qui il est pour le peuple issu d’Abraham, qui il est pour toutes les nations qui n’ont jamais entendu parler ni de Moïse, ni des prophètes, ni des sages d’Israël. En une formule saisissante, l’apôtre Paul dit aux chrétiens de Corinthe :

 

« Le Christ est ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra. Alors tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal ». Extraordinaire. Le Ressuscité continue à combattre, à vaincre les puissances du mal. Le dernier ennemi à combattre, c’est la mort. Le Christ, dit l’apôtre Paul, détruira la mort.

 

Oser annoncer le mystère du Christ, alors qu’à chaque instant quelqu’un est en train de mourir, alors que les puissances de toutes sortes peuvent détruire l’être humain, des peuples entiers, et même la planète, oser annoncer le mystère du Christ, c’est manifester que celui qui est lui-même passé de la mort à la vie continue à agir en ce monde. Nous, disent l’apôtre Paul et tous les autres chrétiens, nous en sommes les témoins.

 

Dans une hymne de la lettre de Paul aux Ephésiens, l’acte de foi des premiers chrétiens reçoit un approfondissement notoire. Cette hymne fait une synthèse de l’œuvre de Dieu depuis la création du monde jusqu’à l’accomplissement du mystère du Christ à la fin des temps. Dieu a le dessein de tout rassembler dans le mystère du Christ : le cosmos, l’être humain, l’humanité tout entière. En d’autres termes, il n’y a pas que les disciples de Jésus, les chrétiens, qui sont concernés. C’est tout l’univers, c’est toute l’humanité.

 

Vient alors la question : d’ici la fin des temps, que sommes-nous appelés à faire, à présenter comme témoignage, à vivre au quotidien ?

 

Beaucoup de passages de la Bible pourraient être mis en avant. Je n’en retiens que deux. D’abord la fin de l’évangile de Matthieu. Avant de monter au ciel, Jésus dit à ses apôtres : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit ». Nous avons ici un envoi en mission vers toutes les nations de la terre, une mission qui embrasse tout l’univers.

 

Le second passage que je retiens est l’évangile de ce jour, lui aussi tiré de l’évangile de Matthieu. Jésus parle de sa venue en racontant une parabole : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire (…) toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres (…) ». Le Roi s’adressera à ceux qui sont à sa droite : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde ». Ce Roi va donner la raison de l’entrée dans le Royaume : « Chaque fois que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères – donner à manger, etc. – c’est à moi que vous l’avez fait ». Le Roi, le Fils de l’homme, le Fils du Père, le Berger, considère tous les êtres humains comme ses frères, en particulier ceux qui passent par l’épreuve, le dénuement, la prison, la maladie, ceux qui sont étrangers.

 

En écoutant les passages de la Bible proclamés au cours de cette liturgie, l’image qui revient est celle du berger. Dieu est le berger de son peuple ; Jésus est le berger de ses disciples. Quand il parle de ce berger, Jésus dit souvent que le berger connaît ses brebis, que le berger donne sa vie pour ses brebis. C’est vrai. Jésus donne sa vie pour nous, pas simplement les catholiques ou les chrétiens. Jésus donne sa vie pour tous. A travers le mystère de Jésus, ce n’est pas l’amour du pouvoir que nous rencontrons, mais le pouvoir de l’amour. Jésus donne sa vie par amour pour tous.

 

Avec beaucoup d’autres, j’ai participé, au début de la semaine dernière, à la rencontre organisée par la Communauté de Sant’Egidio à Chypre. Les congrès annuels mis sur pied par cette Communauté poursuivent la mission que le Pape Jean-Paul II a proposée aux représentants de toutes les religions du monde à Assise, en 1986, pour la recherche de la paix. Prier et agir pour construire la paix. Prier et agir pour accueillir la paix que le Christ donne à ses disciples le soir de Pâques. N’est-ce pas dans cet esprit également qu’en cette fête du Christ, Roi de l’univers, nous pouvons prier le psaume 22 : « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car toi, Seigneur, mon berger, tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure ». Seigneur, souviens-toi de tous ceux qui, aujourd’hui, passent par l’épreuve de la guerre, de l’injustice, de la violence.

 

Le psaume continue : « Seigneur, aujourd’hui, tu prépares la table pour moi ». Heureux sommes-nous, Seigneur, d’être invités à ton repas, de célébrer l’eucharistie.

Références bibliques : Ez 34, 11-12.15-17 ; PS 22 ; 1 Co 15, 20-26.28 ; Mt 25, 31-46

Référence des chants :

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