Un commandement nouveau ! Voilà une bonne nouvelle : Jésus nous donne quelque chose qui va sortir de l’ordinaire, qui va sortir notre ordinaire de sa routine.

Un commandement nouveau ! Voilà une bonne nouvelle : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé. On apprécie quand Jésus nous parle de l’amour. L’amour sort l’existence de l’habitude, l’amour renouvelle l’existence. Cette phrase de Jésus est un commandement nouveau, non parce qu’elle tinte pour la première fois à nos oreilles, mais parce qu’elle renouvelle la succession de chaque jour.

Jésus nous donne un commandement et, même s’il s’agit d’aimer, nous n’apprécions guère les commandements. Et puis, l’amour étant une attitude si profondément libre, en faire un commandement semble incongru. On peut souligner et répéter que le commandement porte non pas sur « aimez-vous les uns les autres », mais bien sur « comme je vous ai aimés ». Le commandement nouveau consiste à aimer comme Jésus. Nous sommes les disciples de Jésus si nous aimons comme il nous aime, les disciples de Jésus apprennent de leur maître principalement l’amour et l’espérance. Mais apprendre à aimer n’est-ce pas déjà aimer ? Peut-on aimer sans apprendre de l’autre comment il aspire à être aimé ?

Comment Jésus nous aime-t-il ? Comment attend-il que nous l’aimions ? Ces deux questions se rejoignent, sûrement. Juste avant de nous offrir ce commandement, il nous livre comme un secret : il nous révèle que maintenant le Père est glorifié en lui et qui lui-même est glorifié dans le Père. Nous ne sommes pas vraiment habitués à ce vocabulaire. Il est important pour connaître Jésus tel que Jean nous invite à l’aimer. Cet évangéliste dit essentiellement que nous ne pouvons comprendre Jésus sans reconnaître qu’il est entièrement tourné vers son Père, qu’ il ne veut qu’une chose, le servir et l’honorer, autrement dit le glorifier.

Tout ce que fait Jésus il le fait en servant son Père. Il nous aime en servant et honorant son Père, en le glorifiant et il veut être aimé en nous voyant servir et honorer son Père, en étant témoin de la gloire que nous rendons à son Père.

La Bible nous raconte un bel exemple de ce mouvement : dans le livre de la Genèse nous est contée l’histoire du patriarche Jacob. Cet homme a une vie compliquée, pleine d’embrouille son nom signifie le Roublard ! C’est dire si vivre à ses côtés, c’était simple ! Il était même capable de compliquer la vie de ses douze enfants : il avait décidé d’en préféré un ! Aussi par jalousie, Joseph, le fils préféré, est vendu en esclave par ses frères. L’histoire est longue, mais ces douze hommes se retrouvent, se reconnaissent physiquement, avant de se reconnaître frères, ils apprennent ainsi ce que signifie ce mot de fraternité. Cette histoire, qui est une vraie leçon de réconciliation, glorifie Jacob – le Roublard. Jacob est glorifié par la réconciliation de ses fils : grâce à eux, nous savons que le Roublard, n’est pas son nom véritable, mais que Dieu le nomme Israël : car il est celui qui tint le combat de la réconciliation. Jacob est glorifié en ses enfants qui prennent la fraternité à bras-le-corps, comme lui-même combattit avec l’ange de Dieu, avant de se réconcilier avec son propre frère qu’il avait escroqué.

Jacob est glorifié en ses fils qui se réconcilient. Pareillement, la gloire du Père de Jésus, ce sont des hommes et des femmes qui portent du fruit en abondance, un fruit de réconciliation. Jésus – maintenant que Judas est parti le livrer et que la croix est ainsi inéluctable – peut dire que son Père est glorifié par le combat qu’il va immédiatement mener : celui de la réconciliation universelle.

Nous aimer les uns les autres comme Jésus nous aime c’est vivre le mouvement par lequel Jésus glorifie son Père. Servir. Honorer. Jésus donne ce commandement nouveau après avoir lavé les pieds des disciples. Il honore ses disciples en se faisant leur serviteur, en agissant ainsi il honore son Père : pour lui, rien n’est plus important que de voir la paternité divine se réaliser dans le cœur de tous. Il nous aime et glorifie son Père en gravant le nom de son Père dans nos cœurs, en faisant de nous des fils et des filles préférés de son Père.

En contemplant la mort de Jésus à la lumière de la résurrection, les disciples découvrent que la croix est un geste libre : « ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne ». La mort et la croix sont un geste d’amour. Jésus nous aime en nous quittant : honorer quelqu’un, c’est également se tenir à l’écart, marquer la distance, pour servir encore. Jésus nous aime en préparant la séparation que la mort impose.

Jésus nous aime en changeant l’impuissance que provoque la mort : elle est encore un espace pour honorer, pour glorifier, pour dire l’importance. Aimer c’est servir quand nos bras en ont la force, aimer c’est pareillement livrer son corps aux mains de ceux qui servent. Aimer c’est dire « ceci est mon corps » comme le dernier mot de celui qui a tout dit et n’en peut plus.

Aimer c’est donner son corps sachant l’autre capable de l’amour nécessaire pour le chérir, en prendre soin, le nourrir, le laver… Jésus parie que nous sommes capables de cette délicatesse et de cette force qu’exigent la fraternité et son chemin de réconciliation.

Pour Jésus, aimer c’est un pari dont l’enjeu n’est autre que son corps… Au premier jour du Royaume ce pari sera gagnant. Nous aurons appris de son absence ce que signifie livrer son corps aux mains de celui dont on espère l’amour.

Au premier jour de son amour, nous pourrons prendre nos vies à bout de bras et les lui donner comme un hommage, comme une reconnaissance ; dans l’espérance d’être membres de son corps, nous saurons lui donner le pain de nos travaux et le vin de joie et dire « ceci est mon corps ».

Références bibliques : Ac 14, 21-27 ; Ap 21, 1-5 ; Jn 13, 31-35

Référence des chants :

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