Parmi les longues confidences que Jésus a faites à ses disciples, quelques jours avant sa mort, que l’évangile de ce dimanche nous rapporte, je n’ai retenu que trois mots de Jésus, trois mots seulement : «Je suis le chemin». Cela suffit pour ce dimanche, car ces trois mots ont une signification intense pour notre vie de croyants, vous allez le voir. C’est un message plein d’espérance et un message plein d’exigences.

* * *

Un message d’espérance. Au moment où Jésus parlait à ses apôtres, ceux-ci étaient bouleversés et ces trois mots étaient pour eux un message d’espérance. Les adversaires de Jésus, qui avaient mis en oeuvre tous les moyens de faire échec à sa mission sans y parvenir, étaient décidés à employer la manière forte, l’élimination, la mort ignominieuse sur la croix. Jésus le prévoyait et l’avait dit à ses apôtres qui en étaient bouleversés.

Jésus leur dit : «Ne soyez pas bouleversés, vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Je suis le chemin»… c’est un chemin de vie. L’amour peut transfigurer la vie, l’amour peut aussi transfigurer la mort.

Au moment où s’écrit l’évangile de Jean, soixante ans après les événements, les communautés chrétiennes étaient aussi bouleversées. Les chrétiens, en Palestine, au Proche-Orient, et ailleurs avaient beaucoup souffert, ils avaient subi les attaques persistantes de milieux juifs, ils avaient enduré les persécutions du pouvoir romain. Légitimement, ils se demandaient si la foi en Jésus servait à quelque chose et si le Christ ne les avait pas conduits à une impasse.

L’apôtre Jean leur rappelle les paroles de Jésus : «Ne soyez pas bouleversés, Je suis le chemin.» Non, Jésus ne vous a pas conduits à une impasse. Souvenez-vous, il y a une manière de vivre et une manière de mourir qui ne conduit pas à la mort. Jésus est le chemin, c’est un chemin de vie.

Et aujourd’hui, c’est à nous que Jésus adresse cette parole et ces trois mots sont pour nous aussi un message d’espérance.

Fameux message d’espérance, en 2002, où le monde cherche sa route, où les sociétés, aujourd’hui sans repères, marchent à l’aveuglette ou bien se heurtent carrément à des murs et nous conduisent dans des impasses. Fameux message d’espérance pour chacun de nous. Quand nous ne savons plus trop où nous en sommes, il nous est bon d’entendre cette parole de Jésus : «Je suis le chemin».

Oui, nous pouvons risquer notre existence derrière Jésus, dans la recherche quotidienne et obstinée de l’amour. Affection, tendresse, dévouement à nos proches, attention aux plus petits, combat pour la justice, lutte pour le partage des biens. C’est le bon chemin, un chemin de vie, le chemin, disons le mot, de la vie éternelle.

Mais, attention, pas d’erreur, la vie éternelle n’est pas mise en réserve dans un ciel à venir, dans un au-delà lointain. La vie éternelle n’est pas une vie qui ne commencerait qu’après la mort. C’est aujourd’hui, c’est maintenant qu’il faut suivre le Christ, vivre de sa vie, s’accrocher à ses pas. C’est maintenant qu’il faut bâtir, édifier comme une esquisse, un avant-goût du royaume à venir. La vie éternelle, c’est notre vie d’ici-bas, vécue dans l’amour, sur les traces de Jésus, notre vie d’ici-bas gardée, « sauvegardée » comme on dit en informatique, sauvée pour l’éternité. C’est notre façon d’aimer ici-bas, aujourd’hui qui sera agrandie, accomplie. Jésus est le chemin qui conduit vers le Père.

Dans cette église, vous aimez, n’est-ce pas, venir prier avec sainte Germaine. Cette petite bergère de Pibrac, morte à 20 ans, a-t-elle fait autre chose dans sa vie toute simple, que de suivre le chemin de Jésus ? Ce chemin l’a conduite jusqu’à Dieu.

Je pense aussi à cette personne toute simple que décrit magnifiquement Gérard Bessière. Je vais le raconter moins bien que lui. «On m’avait dit qu’elle était mourante. Je suis allé aussitôt. J’ai frappé contre la porte entrouverte et je me suis approché. La respiration lui échappait comme un mince filet d’eau que l’on voit disparaître dans le sable. J’ose lui demander : ‘comment allez-vous ?’ Elle sursauta à peine, puis, de sa voix de petite fille, elle articula : ‘Je vais aller chez Dieu, sans doute, et si je vais mieux, j’irai chez mon fils à Agen.’ Chez son fils ou chez Dieu… C’était toujours la famille, c’était de plain-pied. C’est le même chemin… Jésus, le chemin !»

Accueillons ce message d’espérance sur les lèvres de ceux et celles qui l’ont si bien compris. * * * C’est aussi un message plein d’exigences. Et d’abord, si c’est un chemin, on n’a pas trop de toute sa vie pour le parcourir. Savez-vous, d’ailleurs, comment on appelait les disciples de Jésus au tout début, avant qu’on ne leur donne le nom de chrétiens ? On les appelait les «adeptes de la voie». Eh bien ! si nous sommes les «adeptes de la voie», il convient de ne pas s’arrêter, il faut marcher… Nous ne sommes pas chrétiens, nous avons à le devenir !

Et puis, Jésus nous a prévenus : «Le disciple n’est pas au-dessus de son maître. Celui qui n’accepte pas de porter sa croix n’est pas digne d’être mon disciple.»

Entendons-nous bien, ce que notre Dieu attend de nous, ce n’est pas le sacrifice pour le sacrifice, ce n’est pas la souffrance, c’est l’amour. Ce sont des choix de vie inspirés par l’amour. Or, il n’y a pas d’amour sans souffrance, dans la vie de couple, vous le diriez mieux que moi, dans la vie de famille, dans le combat pour la justice, dans l’effort de partage et la fraternité… La fidélité à ce chemin de crête qu’est I’évangile ne peut pas exister sans des choix « crucifiants » !

Un chemin de crête à emprunter… et la deuxième exigence : un chemin à indiquer. Oui, il faut indiquer la route à ceux qui ne la connaissent pas ou à ceux qui sont perdus. Et il faut chercher la route avec tous les hommes de bonne volonté. C’est notre responsabilité à tous, c’est la mission de l’Église.

« Allez aux carrefours des chemins » nous a dit Jésus, « et invitez tous ceux que vous rencontrerez ».

Les carrefours importants, aujourd’hui, quels sont-ils ? Contentons-nous d’en énumérer quelques-uns. Ils sont indiqués comme tous les carrefours par des panneaux de signalisation.

Là, où nous sommes, c’est notre responsabilité de proposer le chemin que nous suivons.

Je disais tout à l’heure, sur le chemin de Jésus, on ne doit pas s’arrêter. Eh bien ! J’ai envie de conclure en citant une phrase que vous avez entendue sur cette antenne, il y a quelques mois, elle est du Père Albert Rouet, l’évêque de Poitiers. Il disait : « La foi chrétienne commence par les pieds, parce qu’il faut y aller. » Alors, bonne route !

Références bibliques :

Référence des chants :

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