Au vu des jugements du monde et de la cotation des valeurs par la culture environnante, les béatitudes apparaissent décalées, insolites, voire dérisoires.

Les béatitudes appellent à un renversement des perspectives mondaines sur la vie et à un retournement des valeurs. Pour mieux comprendre l’importance de cette conversion, de ce bouleversement, faisons un détour par les origines telles que la Genèse nous les présente. Rien n’est mauvais dans les réalités humaines : «Et Dieu vit que cela était bon»… «Et Dieu vit que cela était bonheur. » Bonheur que ce monde qui prend forme, bonheur de la vie qui se développe, bonheur de l’homme et de la femme créés à l’image de Dieu. Oui, la création est bonheur, harmonie, fécondité !

Et voilà que tout se gâte : le bonheur est toujours là, mais l’homme se dérobe, cherchant un bonheur à sa mesure, à sa taille, selon ses goûts. De ce bonheur de création, nous gardons une mémoire de paradis… Mais le bonheur n’est ni imposé, ni programmé. L’homme est libre : dans cette liberté, il fait «son malheur» : le travail devient épreuve, l’enfantement douleur, la relation homme femme séduction possessive. Les béatitudes nous attirent car elles ont un air de mémoire et un goût de promesse.

La pauvreté du coeur, la douceur, les larmes de la compassion, la faim et la soif de la justice, la miséricorde, la pureté du coeur, l’engagement pour la paix, la persécution… quel sondage donnerait aujourd’hui leur véritable prix à ce qui fait le matériau des béatitudes ?

Faisons confiance au Seigneur Jésus et prenons les chemins du bonheur qu’Il nous indique. Ce ne sera pas un bonheur de facilité… mais un bonheur de simplicité. Ce ne sera pas un bonheur de vanité… mais un bonheur d’intériorité. Ce ne sera pas un bonheur momentané… mais du bonheur pour l’éternité. Sur ces chemins, la joie sera – par surcroît – notre grâce quotidienne.

Entendons bien : les béatitudes ne canonisent ni la misère, ni la faiblesse, ni les épreuves. Les béatitudes n’ignorent ni la peine des hommes, ni les drames de leur histoire, ni l’insupportable de trop d’existences. Les béatitudes sont ouverture et balisage de la route.

De la part du Seigneur, je vous invite à prendre la route des béatitudes, en composant votre itinéraire personnel guidés par l’Esprit Saint et soutenus par l’Église.

Heureux les pauvres de coeur,
usons des biens de la terre, sans nous y attacher, mettons notre trésor dans ce qui a valeur pour l’éternité.

Heureux les doux,
refusons la violence pour imposer notre loi, prenons notre vie en patience, ayons un regard bienveillant.

Heureux ceux qui pleurent, soyons sensibles au point de pleurer non pas d’abord sur nous, mais d’abord sur ce qui fait mal au monde.

Pleurons – si nécessaire – sur nos fautes et sur nos limites mais pour nous ouvrir au pardon de Dieu et à l’élargissement de nos existences.

Heureux ceux qui ont faim et soif de justice,
faisons grandir en nous le désir de Dieu, c’est Lui qui justifie, soyons engagés pour une vraie justice entre les hommes.

Heureux les miséricordieux,
faisons miséricorde en ayant un regard qui ne condamne pas, des mains qui ne se refusent pas, un coeur qui ne se ferme pas, faisons place aux autres en nous.

Heureux les coeurs purs,
vivons une transparence d’amour, refusons ce qui salit, ce qui trahit, ce qui avilit.

Heureux les artisans de paix,
interdisons-nous d’alimenter les mille et une guerres de la vie quotidienne, semons la paix par des gestes qui réconcilient.

Heureux les persécutés pour la justice,
assumons le risque de l’incompréhension voire du rejet en agissant pour la justice et la droiture, risquons notre visage… et, s’il le faut, notre vie.

Dans sa lettre apostolique «Au début du nouveau millénaire», Jean-Paul II nous demande de «repartir du Christ».

Les béatitudes n’ont de sens que dans la suite du Christ, une suite du Christ vécue avec des frères et des soeurs dans la foi.

Ne réduisons pas l’Évangile à une morale, voire à un esthétisme. C’est une aventure… «Viens, suis-moi»… «Avance au large»… «Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde» (Matthieu XXVIII, 20).

«Il ne s’agit pas d’inventer un ‘nouveau programme’. Le programme existe déjà : c’est celui de toujours, tiré de l’Évangile et de la Tradition vivante. Il est centré, en dernière analyse, sur le Christ lui-même, qu’il faut connaître, aimer, imiter, pour vivre en lui la vie trinitaire et pour transformer avec lui l’histoire jusqu’à son achèvement dans la Jérusalem céleste. C’est un programme qui ne change pas avec la variation des temps et des cultures, même s’il tient compte du temps et de la culture pour un dialogue vrai et une communication efficace. Ce programme de toujours est notre programme pour le troisième millénaire.» (Jean-Paul II – Au début du nouveau millénaire n° 29)

Références bibliques :

Référence des chants :

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