Qui est le Christ pour nous aujourd’hui ?

Frères et soeurs,

Je rêve, ce matin, de voir s’arrêter le temps, pour pouvoir donner la parole à chacun d’entre vous. Oui, je rêve de pouvoir vous donner la parole, à vous qui êtes devant votre poste de télévision, comme à chacun d’entre vous ici dans cette communauté de Bouillargues. Oui, nous pourrions prendre la parole et nous dire les uns aux autres qui est le Christ pour nous aujourd’hui.

Des heures passionnantes d’écoute et de dialogue s’ouvriraient alors devant nous. Et ce dialogue ressemblerait sans doute à s’y méprendre au dialogue des deux compagnons sur la route d’Emmaüs que la liturgie nous invitait à parcourir dimanche dernier. Et comme ces deux compagnons, nous aurions de la peine à reconnaître le Christ au milieu de nous. Et comme eux, nous aurions du mal à négocier avec notre fantasme, à laisser de côté nos vieux rêves périmés et étriqués pour reconnaître le visage du Christ faisant route avec nous. Et comme eux, il nous faudrait parler et parler, relire notre vie, et partager avec d’autres, en chemin, pour peu à peu comprendre qui est le Christ pour nous. Et comme eux, nous aurions besoin d’entrer dans l’auberge pour nous reposer de la marche parcourue, mais aussi et surtout pour que le pain rompu nous donne le goût de la vie en abondance, de cette vie que le Christ seul peut nous donner parce qu’il en est la porte, et parce qu’il nous en ouvre le passage. Au travers de toutes ces paroles que nous échangerions, nous serions sans doute surpris, les uns comme les autres, de la richesse et de la diversité des visages du Christ. C’est toujours à l’épreuve de la parole partagée avec d’autres que notre foi grandit, et que nous pouvons peu à peu entrevoir LE visage du Christ.

Frères et soeurs, vous l’avez compris : il n’existe pas de mot juste, de définition toute faite pour parler du Christ. Aussi, n’est-il pas étonnant que pour parler de lui, Jésus utilise des images, des paraboles, des histoires qui nous permettent de mieux comprendre qui il est, ce qu’il nous apporte, d’où il vient, et vers où il nous entraîne. Ces images, ces histoires, Jésus les emprunte à la vie et à l’univers quotidien de ses interlocuteurs. La parabole du bon pasteur, l’image du troupeau regroupé dans l’enclos pour la nuit, l’histoire des brebis qui attendent d’être cherchées pour être conduites au pâturage, était sans doute parlante et signifiante au temps de Jésus. Mais quelle portée cette parabole peut-elle avoir aujourd’hui pour nous ?

De nos jours, il est encore des pays, trop de pays, où le pouvoir se vole, se prend, et s’impose. Parfois jusqu’à la dictature, et souvent au prix de morts humaines. Triste réalité quand on sait la richesse de ce que la démocratie apporte. Mais démocratie ne veut pas dire pour autant absence de relations d’autorité. La démocratie donne la parole aux uns et aux autres, et en démocratie, nous nous devons de prendre la parole. La démocratie respecte aussi la parole, et en démocratie nous nous devons d’entendre la parole des uns et des autres. La démocratie ordonne et coordonne les nécessaires relations d’autorité qui sont vitales à l’organisation de toute société, de tout groupe humain, et qui en garantissent aussi bien la vie que la survie. Mais l’homme a bien trop souvent soif de pouvoir. Et il le sait. Or, l’évangile d’aujourd’hui nous emmène sur un chemin qui nous rappelle que le pouvoir ne se prend pas : il se reçoit. Celui qui entre par effraction dans la bergerie y entre comme un prédateur. Le troupeau qui est là devant lui n’est pas son troupeau et il ne le sera jamais. Mais celui qui passe par la porte, voilà le pasteur, le berger des brebis. Il connaît ses brebis et ses brebis le connaissent, elles le reconnaissent. Elles reconnaissent sa voix. Pour nous aujourd’hui, le Christ est ce bon pasteur. Il nous connaît et nous reconnaissons sa voix. La connaissance que le Christ a de ses brebis est de voir en chaque homme le visage de son Père. Cette connaissance que le Christ a de nous ne nous enferme pas dans l’étroitesse de notre être. Elle nous plonge dans l’abîme du mystère insondable de l’homme créé à l’image de Dieu. Elle nous ouvre au bien que le Christ veut pour les siens, pour ceux que le Père lui a confiés et qui sont dans le monde. Le bon berger libère, il fait sortir de soi et de la bergerie, il entraîne vers de nouveaux pâturages. Il n’a rien d’un mercenaire qui cherche à prendre. Le bon berger ne prend rien : il donne tout. Son seul pouvoir réside dans sa volonté d’aller plus loin que le service et se perd dans ce don qu’il fait de sa vie. Sa seule richesse est d’appeler, d’inviter, de respecter, d’aimer. L’amour est le son de voix : c’est à l’amour que nous le reconnaissons.

Je suis le bon pasteur. Je suis la porte. Mes brebis me connaissent. Voilà notre avenir et notre espérance écrits au coeur même de cette parabole. Christ nous sauve. Sa résurrection est promesse de notre propre résurrection. Il est venu pour que chaque homme, pour que chacun d’entre nous ait la vie, la vie en abondance.

Prier pour les vocations, comme nous y invite aujourd’hui l’Eglise, c’est accueillir au plus profond de nous même ce don de la vie qui nous est fait en abondance. C’est reconnaître le Christ présent au coeur de nos communautés. C’est laisser l’Esprit nous conduire et conduire nos communautés là où elles sont appelées, là où elles sont attendues. C’est aussi demander au Père les pasteurs dont nos communautés ont besoin pour être guidées dans le dédale des pâturages des temps modernes, pour que chaque homme découvre cette porte qui est le Christ.

Qu’à l’image du bon pasteur des jeunes découvrent la joie du service et que grandisse en eux le désir de se donner et de remettre leur vie entre les mains du Père.

Références bibliques :

Référence des chants :

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