Le premier éclate d’orgueil et le second respire l’humilité. Le premier, le pharisien, plein de suffisance, s’écoute parler. Avec ravissement, il contemple la beauté de sa conduite ! Alors, de cette hauteur, il ne peut que mépriser les autres, eux les voleurs, les injustes et les adultères… Avouons que ces jugements orgueilleux, et un peu ridicules, n’arrivent pas qu’aux autres ! Le second, le publicain, supplie Dieu ; il se tient à distance, il sait qu’il est pécheur, il est humble devant Dieu. Nous pouvons aussi nous reconnaître dans ce frère repentant.
 Que devons-nous conclure ? De nous reconnaître pécheur et de nous tenir humblement devant Dieu ? Cette humilité est un devoir de vérité. Cependant une autre leçon est à entendre de cet évangile, une leçon bien plus importante.
 Qu’est-ce qui différencie le pharisien du publicain ? Leur conduite n’est pas certes la même. Le pharisien est droit, il n’est pas voleur, ni injuste, il prie… Il est réellement un homme honnête. Quant au publicain, qu’il soit pécheur ne fait aucun doute : trafic d’argent au profit de l’occupant romain. Mais ce qui diffère du tout au tout – et là quel renversement dans la parabole ! – c’est la relation de chacun à Dieu.
 Le pharisien, l’homme juste, se contemple lui-même et il dit à Dieu ce qu’il doit penser de lui. Il se suffit à lui-même ! Du coup, Dieu n’est pas libre de se révéler à lui. L’autre, le pécheur, attend. Il est fondamentalement ouvert ! Il sait qu’il ne peut s’en sortir seul. Il laisse Dieu poser son regard sur lui et lui révéler son visage. Il espère en la miséricorde : Dieu peut venir le délivrer ! «Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis !»
 De l’attitude du pharisien et de publicain, il en va de notre vie avec le Seigneur. «Devenir juste» comme le dit Jésus, dépend d’abord de notre foi, de notre attente à l’égard de Dieu. Tous les pécheurs qui cherchent à revenir à Dieu le comprennent. La première étape de la conversion n’est pas d’abord de changer de vie mais de croire en Dieu et, pauvre, de le laisser agir en nous. Quand, un jour, nous avons dit « Je crois », ou bien quand, dans le secret de la conscience, nous nous sommes ouverts à Dieu, ou encore lorsque nous entrons en silence dans une église nous laissant simplement habiter par la Présence invisible de Dieu, l’essentiel est déjà fait. Dieu qui nous devance toujours peut accomplir son oeuvre d’amour. Certes, avec sa grâce, il faudra décider les changements de vie nécessaires. Cela demandera du temps et des efforts, mais Dieu est reçu dans le coeur.
 Quelle grande consolation pour nous pécheurs que cet enseignement du Seigneur ! Nous peinons, douloureusement parfois, sur le chemin de la conversion. Aujourd’hui, Jésus nous met devant l’essentiel. Quels que soient nos luttes et nos échecs, si nous sommes tournés vraiment vers Dieu, si nous avons au coeur ce puissant désir de vivre avec Dieu, nous sommes sauvés ! Soyons en paix ! Ce que Dieu nous donne est gratuit ! Souvenons-nous du bon larron : son simple élan vers Jésus, sa foi ont suffi et il a tout reçu. Oui, l’amour est donné sans mesure. Le courage ne nous manquera pas pour grandir dans la sainteté, si nous croyons et si nous persévérons.
 Un grand penseur danois du XIXe siècle, Sören Kierkegaard, a beaucoup souffert en son âme du mal qui l’assaillait. Il a écrit cette parole lumineuse : « Le contraire du péché, ce n’est pas la vertu, mais la foi ». Qui que nous soyons, quel que soit notre passé ou notre présent, heureux sommes-nous si maintenant nous croyons, si maintenant nous nous ouvrons à Dieu, si nous nous laissons faire par lui ! Il est notre Père, il aime ses enfants !

Références bibliques :

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