Voilà un Évangile, court, dense, et qui nous met face à l’essentiel de la vie chrétienne : Aimer, aimer Dieu et aimer son prochain. Cela parait si simple, si naturel et pourtant si difficile dans la vie de tous les jours. Sur le principe, nous sommes tous d’accord mais dans la réalité c’est une toute autre affaire. Alors comment s’en sortir, quelle solution trouver pour tenter d’avancer un peu, faire un petit pas de plus afin que la parole du Seigneur porte du fruit en nous ? Une fois que nous le savons, que nous en connaissons les principes, comment le vivre car aimer c’est tout sauf un précepte, d’ailleurs peut-on ordonner, forcer, commander à quelqu’un d’aimer ?

Justement c’est le Christ qui par sa réponse nous fait entrevoir une issue, nous fait sortir de l’impasse dans laquelle, trop souvent, nous nous trouvons au fil du temps. Lorsque le docteur de la loi vient lui poser cette question : « quel est le grand commandement ? », il vient mettre Jésus à l’épreuve car il avait réussi à fermer la bouche de leurs opposants, les sadducéens. Il y a dans la question de cet homme bien sûr une mise à l’épreuve mais aussi une ouverture, une demande d’éclairage face aux 10 commandements et aux 613 prescriptions (mitsvot) qui les accompagnaient.

Jésus dans sa réponse va reprendre deux affirmations que l’on trouve dans l’Ancien Testament (Dt 6,5 et Lv 19,18), il ne fait donc pas preuve d’originalité, il reprend l’Écriture, la Loi, la Torah, en revanche il va mettre ces deux commandements sur un pied d’égalité : « et le second lui est semblable » et, là, cela change tout. Il met côte à côte, en équivalence l’amour de Dieu et l’amour du prochain, il les rend indissociables. Cette nouvelle articulation, ce lien qui est fait et que Jésus nous propose donne une nouvelle perspective pour notre regard sur Dieu et les autres.

Ce n’est pas anodin que dans la loi scoute, dès l’origine avec Baden Powell, le 3ème article soit celui-ci : « C’est le devoir d’un éclaireur d’être utile aux autres et de leur venir en aide. » Lorsque le Père Sevin en 1920, fondateur du scoutisme catholique en France, a traduit et adapté le texte initial, nous retrouvons encore plus notre page d’Évangile : « Le Scout est fait pour servir et sauver son prochain ».

 

On voit bien comment le service va sous tendre toutes les activités du scoutisme que ce soit à l’âge louveteau où ce dernier promet de rendre chaque jour un service à quelqu’un puis à l’âge scout avec la fameuse B.A., la bonne action quotidienne, et ensuite à l’âge route où dans le départ routier, le texte d’engagement final, le routier se considère comme toujours de service. Cet amour du prochain se vit ainsi dans le service, ce service qui va puiser sa force, se ressourcer en Dieu.

Nous découvrons peu à peu qu’aimer Dieu et aimer son prochain, c’est tout un. Lorsque je prie, lorsque je suis en vérité face à Dieu, que je me mets en relation avec lui, à son écoute, un des fruits naturels de la prière sera de me tourner vers mon prochain, de me mettre à son service. En effet, plus j’aime Dieu, plus j’aime mes frères. Et inversement, lorsque je me tourne vers mes frères, lorsque je prends du temps pour eux, que je me dévoue à leur service, je me rapproche de Dieu car en tout homme, c’est le Christ présent que je sers. Ce va et vient, ces vases communicants, s’interpénètrent et s’entretiennent l’un l’autre, l’un dans l’autre, l’un par l’autre. On ne peut qu’être frappé que les plus grands saints actifs, actifs auprès des plus pauvres, prenaient beaucoup de temps pour prier alors qu’ils étaient sollicités sans arrêt. On peut penser à saint Vincent de Paul ou encore, plus récemment, à sainte Mère Teresa, plus elle en faisait, plus elle priait. N’est-ce pas là le secret de toute action, de tout service afin que tout soit accompli en Dieu et qu’il soit rendu présent dans toutes nos actions, n’est-ce pas là une manière de réconcilier action et contemplation ? Amen.

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