Les textes bibliques que nous venons de proclamer sont une invitation et une initiation à la prière. En ce lieu, où voici 161 ans, la Vierge Marie invita deux jeunes bergers à prier matin et soir, «au moins un Notre Père et un Je vous salue Marie», nous sommes aujourd’hui conduits à réentendre l’enseignement du Christ sur la prière. En nous enseignant à prier, Jésus nous apprend à aimer et à espérer. Vouloir apprendre à aimer, vouloir apprendre à prier c’est déjà aimer, c’est déjà prier. Prier est un geste important pour nous, pour Dieu, pour les hommes et les femmes de ce temps. Pour nous, elle est une école de paix et de joie. Pour Dieu, nous lui offrons notre présence. Pour nos frères humains, par la prière, nous sommes témoins d’une espérance.

Par la prière, nous sommes appelés à vivre un service pour ceux qui sont victimes de la vie, pour nos frères et sœurs pèlerins morts il y a juste une semaine, être là face et à côté de Dieu pour lui présenter les noms de ceux qui sont marqués dans nos cœurs, dont le destin affecte notre existence. C’est difficile ! Aussi Jésus nous enseigne-t-il la prière, pas une prière, il nous partage sa prière.

Nous sommes ici au cœur de mystère du Christ : lui que la résurrection nous fait reconnaître comme la Parole éternelle de Dieu, lui qui n’avait nul besoin de la fragilité des mots humains pour dire son amour et son action de grâce au Père a appris de Marie les mots de tous les jours afin que la fragilité de ces derniers devienne le réceptacle de notre prière humaine, afin que celle-ci puisse être transfigurée en adoration filiale : « Quand vous priez dites : Père».

Dans le texte que Luc nous présente, il ne s’agit pas tant d’un poème à réciter, comme celui que nous dirons avant de communier, selon la version que nous offre l’Évangéliste Matthieu. Luc, dans l’Évangile que nous méditons ce jour, nous décrit une attitude pour que notre prière soit transfigurée en prière filiale. Cette prière filiale est caractérisée par une attitude de confiance envers le Père et par une demande : l’Esprit Saint. Que faisait Jésus quand il priait ? Il demandait l’Esprit, non pas pour lui, mais pour nous. Il demandait que nous ayons l’Esprit afin de pouvoir partager le pain dont trop de personnes manquent aujourd’hui : le pain nourriture quotidienne, le pain culture qui donne sens à la vie. Jésus demandait que nous ayons l’Esprit afin que nous ayons la force de nous réconcilier les uns les autres en nous sachant pardonnés par le Père.

Jésus nous demande la même attitude ! Il a épousé notre prière d’humain fragile et pécheur, il a dit au Père, en méditant les psaumes, qui constituaient le cœur de sa prière : «Pitié mon Dieu dans ton amour ; contre toi, et toi seul, j’ai péché» ; alors qu’il n’a pas connu le péché. Jésus a épousé notre fragile prière de pécheur pour que nous épousions, par la force de sa résurrection en nous, sa louange de Fils éternel.

Ici, la Vierge Marie invita Maximin et Mélanie à prier matin et soir, commençant au début par «au moins un Notre Père et un Je vous salue». Elle ajouta : «et quand vous pourrez faire mieux, dites davantage».
Ce davantage pourrait être les psaumes : en lisant les psaumes nous ne pouvons pas être plus près de la prière même de Jésus. Ces 150 poèmes que Jésus pria, médita, chanta sont une pédagogie divine afin que la prière humaine devienne louange filiale.
Les psaumes sont variés : il y en a pour tous les jours et pour toutes circonstances, pour l’heure de la colère et les temps de paix, pour les jours de joie et les longs moments de détresse. Ces prières à dire, à chanter, à méditer sont des prières de pèlerins, elles transforment notre journée en pèlerinage vers le jour de la venue de son règne que nous sommes invités à demander, vers le premier jour de l’amour de Dieu dont nous cultivons, par la prière, l’absence et l’attente, simultanément.

Cette proximité et ce manque de Dieu offrent jour après jour une amitié avec Dieu comme celle que le Seigneur noua avec Abraham son ami, parlant avec lui simplement. Il est facile de tout dire à Dieu : il sait déjà tout. On peut tout dire à Dieu, mais on ne peut lui dire n’importe comment : on ne peut lui raconter la simplicité de nos vies que dans cette attitude filiale et cette espérance de réconciliation fraternelle à laquelle le Notre Père nous invite.

La prière quotidienne nous invite à nous mettre un peu à l’écart de nous-mêmes, à côté de Dieu lui-même. Elle nous invite à ne pas dire notre vie comme nous le ferions au premier abord.
Dans cet écart, l’Esprit peut s’engouffrer, avec sa force de réconciliation, de création, et de résurrection. Dans cet écart, l’Esprit vient nous permettre d’être là, simplement en pensant à Dieu et aux hommes, en aimant Dieu pour aimer les hommes, en aimant les hommes pour aimer Dieu. Dans cet écart, L’Esprit vient attester d’une promesse : ce que nous vivons dans la simplicité de cette silencieuse présence n’est que l’ébauche du premier jour de Dieu.

Références bibliques : Gn 18, 20-32 ; Col 2, 12-14 ; Lc 11, 1-13

Référence des chants :

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