Les cheveux de votre tête sont comptés.

Dieu veille sur nous. Je veux dire : Dieu nous aime concrètement.

Pour illustrer cette affirmation, un exemple tiré de mon expérience d’aumônier scout. Le scout est une espèce charmante individuellement, mais plutôt remuante collectivement. Lâchez des scouts dans une forêt, et dix secondes plus tard les voici à grimper dans les arbres, à jouer avec des hachettes, à tomber du pont de singe dans la rivière. Or contre toute attente, je dirai même contre toute probabilité, ils ne se font pas de mal. Des bobos, oui, mais rarement quelque chose de grave. Le scoutisme est un défi permanent aux statistiques. Il y a une Providence pour les scouts. La branche ne casse pas, la hache rate la jambe, le petit gars ressort de la rivière ruisselant comme un triton et parfaitement intact.

Au début, on croit à la chance. Au bout de vingt ans, comme moi, on croit à la Providence. Oui, Dieu s’occupe des scouts comme des moineaux de l’Évangile, il les ramasse de sa main quand ils tombent.

Et ce qui est vrai des jeunes dont je m’occupe est vrai, tout autant, de chacun d’entre nous. Dieu nous connaît, il nous aime, il a compté jusqu’aux cheveux de notre tête.
En vérité, Dieu ne cesse de nous porter sur ses mains. Nous sommes, nous, hommes et femmes, à peu près aussi fragiles et parfois aussi irréfléchis que des moineaux. Mais Dieu, qui nous aime, prend soin de nous. Souvent sans que nous nous en apercevions.

Notre vie est émaillée d’une multitude de petits miracles. Les innombrables accidents auxquels, à quelques millimètres ou fractions de secondes près, nous réchappons. Les solutions inattendues, les déblocages, les hasards heureux. Les malades qui se rétablissent, les amis perdus et retrouvés, les époux réconciliés, les enfants qui viennent après une longue attente. Ou même simplement la beauté de l’aube, une chanson entendue, un sourire familier.

Vous objecterez qu’il ne faut pas être naïf, que notre existence n’est pas exempte de difficultés et de drames. C’est vrai. Un prêtre en est suffisamment témoin, jusque dans sa propre vie. Je sais aussi que beaucoup d’entre nous manquent, pour ainsi dire, de Providence, qu’ils veulent bien y croire, mais ne l’ont pas vue, ou pas assez. Il n’est pas rare que nous ayons l’impression que Dieu, au lieu de nous ramasser dans sa main, nous a… eh bien ! Laissé tomber.
C’est pourquoi d’abord il est admirable de conserver l’espoir dans l’épreuve, c’est-à-dire de continuer, par la force de la volonté ou de la confiance, à croire que le Seigneur donnera bien un coup de pouce, ouvrira une porte, une échappée. Vous êtes nombreux, vous qui participez à cette messe par la télévision, à vivre ainsi l’espérance. Car, c’est bien là ce qu’on appelle l’espérance, qui est un chemin de sainteté.

Mais c’est pourquoi aussi je voudrais tourner notre regard vers tous ces petits signes heureux, toutes ces prévenances du Seigneur, dont bien souvent nous ne nous apercevons même pas. Ces mille merveilles de chaque jour qui, même si elles ne nous gardent pas de tout mal, nous aident à attendre, à croire, à espérer. Il n’y a pas de heureux hasard. Il y a un petit ou un grand geste de Dieu.

Dieu ne nous aime pas de façon abstraite, mais de façon concrète. Il a compté les cheveux de notre tête. Même pour ceux qui traversent l’épreuve, c’est-à-dire, d’une façon ou d’une autre, nous tous, il n’en laissera pas perdre un seul — Dieu qui aime les enfants, Dieu qui aime ses enfants.

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