Quand j’ai commencé à préparer cette messe de Noël, je me suis demandé : qui sont les personnes qui vont nous regarder et nous écouter ?

Peut-être qu’ils nous suivent par hasard et font un peu de zapping d’une chaîne à l’autre.

Peut-être quelqu’un nous regarde-t-il en faisant d’autres choses ou en préparant le repas pour la famille.

Il y a peut-être ceux qui ne quittent pas la maison parce qu’ils sont âgés ou malades.

Pourtant il y a quelque chose qui unit beaucoup de ceux qui nous regardent, en ce matin de Noël : une messe télévisée est réelle, mais aussi virtuelle. Nous sommes proches, mais nous sommes aussi éloignés. Peut-être que celui qui est devant son poste de télévision se trouve, pour différentes raisons, un peu éloigné de la vie concrète !

Mais que fête-t-on à Noël ?

Aujourd’hui, c’est la fête de la concrétisation et de l’action.

Dieu a montré la sainteté de son bras, dit le prophète Isaïe. Le Verbe qui se fait chair, « se fait bras ». Aujourd’hui, nous célébrons Jésus qui est la « parole-bras » de Dieu, qui, avec un amour infini, crée le monde et le purifie du péché.

Mais celui nous suit à la maison et contrôle son téléviseur avec la télécommande, a-t-il près de lui des bras qui l’embrassent ? Des bras qui créent, qui aiment, qui aident, qui sauvent ? Et si nous vivons sans bras réels, comment pouvons-nous nous sentir embrassés par le bras de Dieu ?

Que les traditions de Noël sont belles !

Dans notre région de Suisse italienne, de nombreuses communautés montent à Noël de belles crèches vivantes.

Pour ceux qui nous suivent chez eux, nous vous montrons quelques scènes tournées à quelques kilomètres de cette église, à Torricella, où les maisons du vieux village abritent de nombreuses scènes.

Depuis que saint François d’Assise a inventé la crèche, les croyants ont ressenti le besoin d’y insérer toute leur vie, comme le travail par exemple.

Ici on voit les métiers de jadis, mais nous devrions aussi mettre les métiers d’aujourd’hui, car Noël est la fête de Dieu qui entre dans toutes les réalités concrètes de la vie et les transforme en un projet d’amour.

Et ici nous revenons à notre thème : nous avons enlevé à Dieu la chair, les bras, la parole qui crée et sauve. Un peu, notre vie est devenue virtuelle.

La technologie nous aide, elle simplifie la vie et le travail, et nos bras ne doivent plus lutter comme ceux de nos grands-parents.

Ils ne bougent plus qu’au gymnase ou chez le kinésithérapeute.

Avec ces bras, comment vivons-nous Noël ? Comment vivons-nous et comment croyons-nous ? Ce sont des bras qui ne fatiguent pas, qui n’embrassent pas, qui ne se lient pas avec d’autres bras.

Nos relations deviennent virtuelles.

C’est une vie passée sur le canapé, devant un écran qui nous montre la vie, mais ne nous fait pas vivre !

Dieu nous donne un bon exemple !

Jésus est son bras nu qui nous touche avec des bras humains. Combien de contacts physiques nous voyons dans les évangiles entre Jésus et les malades, entre Jésus et les pauvres, entre Jésus et les pécheurs !

L’action humaine du toucher est extraordinaire : Dieu l’a inventée pour unir et faire ressentir concrètement la présence des autres, pour transmettre l’amour.

Quand nous ne savons plus comment demeurer ensemble, nous entraider et aimer, le toucher devient une perversion, comme nous l’avons découvert ces derniers mois, avec l’émergence de nombreux cas de violence et d’abus, sur des femmes et des hommes, harcelés et humiliés avec un toucher qui est une relation de pouvoir et non d’amour.

Apprenons de Jésus, le bras divin, à trouver l’amour concret dans la vie, dans les relations entre les personnes réelles.

Revenons-nous à l’école du concret, redécouvrons aussi la beauté d’utiliser notre corps pour des choses concrètes. Par exemple pour cuisiner !

J’ai demandé à une fillette ce qu’une grand-mère pouvait faire pour ressembler à Dieu. Elle m’a répondu : « Faire un gâteau ! »

Dire « bonjour », « bonne nuit ». Des bras qui agissent pour donner de l’amour, des mots qui communiquent joie et vie.

C’est ainsi qu’on commence à sauver le monde. C’est ainsi que Noël devient concret. Essayons, mettons-nous en route pour changer, redécouvrir le concret.

J’aimerai qu’à Noël prochain, tant de gens qui nous regardent à la télévision aujourd’hui trouvent à côté d’eux non seulement la télécommande, mais aussi un bras qui tienne leur bras, ou au moins le signe d’un amour qui est réappris à être concret.

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