Vous avez dit « naissance» ?

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Connaissez-vous des amis proches qui désirent un enfant, et qui ne le voient jamais venir au jour ? Nos pauvres mots sont souvent impuissants pour rejoindre et consoler une telle souffrance. Et que dire, lorsque, au-delà de ce que l’on pouvait légitimement espérer, une naissance survient ?

L’Evangile de ce dimanche nous montre précisément la naissance d’un enfant dans un foyer juif âgé et stérile. Zacharie et Elisabeth, cousins de Jésus, ne pouvaient raisonnablement plus espérer une descendance dans leur chair. Et voici qu’arrive Jean-Baptiste ! Le nom de cet enfant, Jean est celui que ses parents lui donnent, auquel s’ajoute « Baptiste », celui de la mission qu’il remplira toute sa vie et jusqu’à la mort : désigner le Christ pour les autres; être suffisamment humble pour attirer à un autre que lui-même ; se réjouir que les autres écoutent le Christ.

 

Mais pourquoi, si longtemps après, parlons-nous de la naissance du petit cousin de Jésus ? En quoi cette naissance nous concerne-t-elle aujourd’hui ? Notre monde est devenu hautement technicisé. La régulation des naissances est habituelle. L’existence des procréations médicalement assistées devient courante. Et l’avancée des techniques biomédicales interroge plus que jamais le rôle propre de l’homme et de la femme dans l’accueil d’un enfant. Comment se comporte en effet un homme, ou une femme, devant un petit enfant qui vient de naître ? Quelle est la responsabilité des femmes et des hommes dans l’avenir d’une vie humaine ?

 

Les pères restent généralement bouche-bée devant un petit bébé qui vient de naître… et voici que l’Evangile nous montre au contraire un père qui retrouve alors la parole ! Il est intéressant de regarder ce qui se passe dans les retrouvailles de Zacharie avec la parole humaine. On se souvient que Zacharie était devenu muet, neuf mois avant la naissance de l’enfant. Retrouve-t-il alors purement et simplement la parole ou bien commence-t-il à parler tout autrement qu’avant ? Auparavant il était englué dans le brouillard du doute ; il pensait impossible que l’action créatrice de Dieu intervienne à ce point-là dans sa vie de vieillard. Il en était devenu muet.

 

A quoi bon parler quand les joies les plus profondes ont disparu de l’existence personnelle ?

Et ce père-là, encore muet au jour de la naissance de l’enfant, demande à écrire le nom de l’enfant qu’il vient de recevoir de Dieu ; Zacharie ne donne pas seulement à l’enfant une identité culturelle, comme on aurait pu s’y attendre ; il lui donne le nom que la mère a proposé : Jean, c’est-à-dire « Dieu fait grâce ». Dans l’humble reconnaissance de l’action tangible de Dieu dans son couple, Zacharie se met à parler en louant Dieu. C’est comme si sa parole était portée dans le berceau de la reconnaissance.

 

Dire des mots n’est pas grand-chose ; parler dans le souffle de l’Esprit-Saint est autre chose ! Chanter et louer Dieu, c’est faire surgir autour de soi la joie ! Etre ouvert à l’action de Dieu dans la solitude d’une chambre d’hôpital, ou dans la peine d’une solitude non choisie, cela aussi fait surgir la joie. Cela aussi est un chant qui bénit Dieu ! Chanter et rayonner la joie, c’est la vocation particulièrement des Petits Chanteurs à la Croix de Bois et des filles de la maîtrise de la cathédrale d’Autun. Retrouver la parole est déjà une belle chose !  Parler de manière nouvelle en élevant la parole humaine pour qu’elle loue Dieu et rejoigne le meilleur du cœur des autres, c’est encore plus beau !

 

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