Qui s’occupera de nous ? Les textes de la liturgie me font penser à mon téléphone. Je reçois des messages de gens qui traversent des difficultésdans leur travail, dans leur couple ou dans la recherche pour leur avenir. Ils veulent de l’aide pour mettre des mots sur ce qu’ils vivent. Ils veulent relever la tête et être affermis dans leur foi au Christ.

Les textes de la liturgie me font aussi penser à des attenteplusieurs fois entendues. Ces jeunes croyants qui se sentent livrés à eux-mêmes faute d’avoir reçu l’enseignement de leurs aînés dans la foi. Ces chrétiens sensibilisés aux questions de société mais qui ont l’impression que personne ne leur a appris à prier. Ou encore ces paroissiens qui se sentent abandonnés parce qu’il n’y a plus de curé ou de communauté religieuse par chez eux.

Je suis très sensible à tout cela. Pourtant on me dit : il ne faut pas voir le verre à moitié vide ; il est aussi à moitié plein. Mais en vérité, nos vies sont marquées par bien des manques et bien des fragilités. C’est ce que j’ai trouvé dans l’Évangile, aujourd’hui. Veut-il nous dire : ne rêvez pas d’une vie dépourvue de manques et de fragilités ?

Voyez les apôtres. Ils rendent compte de leur mission à Jésus : on dirait que ça marche bien ! Pourtant, ils ne savent pas où donner de la tête. « Ils vont et ils viennent », dit le récit. La mission ne semble pas très structurée, au point qu’ils manquent de temps pour se nourrir. Jésus promet du repos ; mais le repos va manquer. Le lieu désert pour se retirer manque aussi.

Et la foule ? Elle court ; les gens viennent de partout et semblent un peu perdus. De quoi ont-ils besoin ? Jésus constate qu’il leur manque de l’enseignement. « Ils étaient comme des brebis sans berger » : il leur manque que l’on s’occupe d’eux ; il leur manque une organisation solide. Est-ce qu’ils pâtissent de mauvais dirigeants ? Le prophète Jérémie parlait de mauvais pasteurs. Le pasteur est la figure de ceux qui exercent une autorité au service du peuple. Est-ce que le peuple souffre de n’être pas vraiment dirigé ? Ou, tout simplement, manque-t-il des pasteurs ? Mais est-ce que le peuple accepte de s’en remettre à quelque autorité ? Et chacun accepte-t-il seulement de jouer un rôle et de se mobiliser ?

 

C’est déroutant de creuser l’Evangile ! J’ai tellement l’impression de m’y retrouver, d’y retrouver mon Eglise, d’y retrouver mes besoins, mes manques, mes faiblesses, mes attentes. L’Evangile nous rend lucides sur nous-mêmes et conscients des difficultés, mais pas pour que nous ressortions défaitistes puisqu’après cela, « il nous fait revivre », selon les mots du psaume. A la suite du Christ, il nous fait passer de la mort à la vie.

Car voir nos manques et nos fragilités suppose de regarder aussi nos forces. Nos forces personnelles, car il y en a. Capacité à nous mobiliser, à défendre les causes qui nous semblent justes. Conscience du bien que nous avons reçu même dans les situations les plus bancales (le verre à moitié plein), parce que « tout est grâce », disent les plus grands saints. Mais il y a plus.

 

Regardons encore l’Evangile : Les apôtres, à qui vont-ils rendre compte de leur mission ? Au Christ. Les foules, qui cherchent-elles ? Le Christ. Nous avons besoin de bons pasteurs, d’organisations ecclésiales solides, de lieux ressourçant comme ce sanctuaire de Verdelais, et pour certains de messes télévisées ! Mais avec ou sans cela, prenons en main notre vie spirituelle : courons vers le Christ, cherchons-le, avisons-le, écoutons sa parole. Sachons qu’il est touché dans ses entrailles quand il nous voit perdus ! Notre force la plus grande, c’est Lui : nous l’avons reçu au baptême ! Laissons-le structurer notre vie spirituelle, alors nous serons un bon pasteur pour les autres, et un sanctuaire où Dieu se rendra présent pour les autres.

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