Frères et sœurs, en entendant le Christ dire : je suis le Bon Pasteur, le vrai berger, nous n’allons pas continuer de nous lamenter sur la baisse des vocations, mais lever la tête et regarder mieux. Il nous parle de lui, comment nous parle-t-il de nous ? Et si nous regardions les choses à l’endroit, au lieu de les prendre à l’envers ? C’est de lui qu’il faut partir, nous regarder comme Eglise à la lumière de sa résurrection, et alors seulement nous regarder chacun.

 

Il y a Eglise parce qu’il y a résurrection, parce que le Seigneur veut que sa résurrection atteigne tous les hommes et transfigure notre histoire. S’il est venu, et jusqu’au bout, en traversant la mort, c’est pour que nous ayons la vie, tous, et la vie éternelle. Dès lors le Bon Pasteur prend soin, jour après jour, de son troupeau. Que cette image pastorale n’évoque pas pour nous une humanité moutonnière. C’est beau un berger, c’est beau un troupeau : nous voilà invités au plein vent et à l’altitude, et à une manière de vivre ensemble où nous ne sommes pas laissés sans soins ni à notre solitude.

Réalisons le plus important : c’est l’Eglise tout entière qui a une vocation. Elle est appelée à devenir toujours plus un « corps d’espérance ». L’Eglise, à quoi cela sert ? Cela sert à donner corps et visibilité au Royaume de Dieu qui advient avec le Ressuscité. A donner les signes, efficaces, effectifs, du salut, pour un monde remis sur ses pattes. Au fond, le salut, c’est quand ça va, quand l’être humain est restitué à son intégrité. Il n’y a pas à chercher de choses extraordinaires qui nous sortiraient de notre condition. Mais le Seigneur a fait des miracles, c’est-à-dire les « merveilles de Dieu », qui sont comme des fenêtres dans le tunnel, montrant le Royaume vers lequel nous nous dirigeons. Ces merveilles, c’est le plus souvent guérir, nourrir, réconcilier. A nous chrétiens de faire à présent ces miracles, comme on le lit dans les Actes des Apôtres. A nous de soigner, de nourrir corps et âmes, à nous cet appel aussi de travailler à la paix, du plus proche au plus lointain. Pour ce faire nous sommes soutenus par notre baptême et par l’eucharistie. Il faut que les chrétiens soient pour le monde une bénédiction.

 

A cela Dieu appelle plus que jamais, mais aussi, par suite, aux vocations plus spécifiques qui permettent de prendre soin du Peuple de Dieu lui-même. On voit combien les réponses aux vocations sont nombreuses et enthousiastes de par le monde, là où l’Eglise contribue de mille manières à la construction de pays fragiles, vulnérables, divisés par la guerre, souffrant du manque de tout, mais pas de confiance en Dieu, d’appétit de vivre et de désir de paix. Ce n’est pas Dieu qui n’appelle plus : à Eglise vivante, vocations nombreuses. Des vocations avec et pour : avec l’appui du peuple de Dieu et pour sa mission. Vraiment, il y a du bonheur à donner sa vie pour prendre soin du Peuple de Dieu…

 

C’est pourquoi le Bon Pasteur continue de faire signe à tous ceux, toutes celles qui veulent s’y engager. Comme ministres ordonnés : pour enseigner, en veillant sur la Parole de Dieu ; pour célébrer les sacrements ; pour présider à la construction de l’Eglise, en serviteurs de la communion et de la mission. Comme religieux et religieuses, ou personnes consacrées, pour soigner et éduquer, là où l’humanité est vulnérable ou en devenir. Pour se dévouer aussi, comme contemplatifs, à la prière, qui maintient l’humanité au fil des siècles.

 

Le Pape François aime beaucoup la toile du Caravage dans cette église qui représente la vocation de saint Matthieu, il me l’a dit plusieurs fois. La dernière fois, il a eu une phrase percutante : sono sempre li, je suis toujours là ! Manière de dire : il faut que j’aille à ce qui m’appelle, et Dieu sait si une journée de pape est chargée ; mais au fond, je suis toujours là, devant le Christ qui fait signe : veux-tu me suivre ? Veux-tu laisser tes sous et changer de vie ? Veux-tu être apôtre ? Veux-tu évangéliser ?

Frères et sœurs, à chacun de nous le Seigneur fait signe. Voulons-nous écouter son appel et le suivre, prendre soin de l’Evangile et de son Peuple ? Amen.

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