Frères et sœurs,
Oui, il y a quelque chose de trop souvent caché en nous que le Christ vient mettre en lumière. Pas du tout, comme nous pourrions le craindre, ce mal caché que nous faisons en secret : mentir, voler, pensées mauvaises, et pire encore parfois.
Tout au contraire, c’est la lumière, la petite flamme de lumière cachée au fond de nous que le Christ vient chercher pour la faire briller haut et fort. Le Christ est un homme de lumière : ce qui l’intéresse en nous, c’est notre lumière intérieure. Celle qui nous habite bien plus profondément que le mal. Celle que le mal cache à nos propres yeux et aux yeux des autres. Combien nous avons besoin, chacun de nous, quand les ténèbres, quand le mal nous dominent, de ce regard du Christ, pour retrouver ce que nous sommes au plus profond de nous.

Nous, nous ne savons si souvent voir des autres que leur visage, leur apparence extérieure. Dieu, lui, il voit le cœur : ce cœur que lui-même a façonné de ses mains paternelles pour qu’il soit à la ressemblance de son cœur à lui. Comme le dit le prophète Jérémie : « Dieu seul sonde les reins et les cœurs ». Et ce que Dieu sait y trouver, contrairement à notre crainte, ce n’est pas d’abord de quoi nous juger, mais de quoi être fier de nous, ses enfants. Plus profondément que le mal auquel nous nous laissons aller, lui, il sait que nous lui ressemblons. Comme le dit Maitre Eckhart, un mystique du Moyen Age : « L’image de Dieu est au fond de l’âme comme une source d’eau vive… Dès qu’on enlève la terre jetée dessus, elle apparaît à nouveau jaillissante… »

Voilà la mission du Christ : enlever la terre pour faire apparaître la source d’eau vive cachée en nous.

N’est-ce pas quelque chose comme cela qui se passe ces jours-ci ? Tous ces gestes de solidarité, toutes ces personnes dont la capacité d’engagement, de dévouement sont apparus en pleine lumière. Tous ceux et celles dont le rôle nous était resté invisible, alors qu’ils assurent des services de base indispensables pour le fonctionnement de notre société. Tous ceux et celles que beaucoup regardaient comme des pas grand-chose. La vraie valeur des personnes, non, elle ne se mesure pas à la réussite sociale, aux performances, au salaire…Cette épidémie l’a révélé, et il nous faut le proclamer à haute voix : la dignité de chacun, la valeur infinie, unique, de chaque être humain. Voilà ce qu’il nous faut aujourd’hui tous ensemble remettre absolument au centre de notre société.

Une histoire m’a beaucoup frappé : celle d’un garçon, Paolo, qui a eu une enfance dramatique. Alors il s’est enfoncé dans la délinquance. Et voilà que, dans sa prison, il a été rencontré par René, un animateur. Et René l’a fait entrer en correspondance avec une jeune femme qui, touchée par son histoire, s’est intéressée à lui. En quelques mois, Paolo a appris à lire, à écrire, et c’est une véritable histoire d’amour qui s’est nouée entre Paolo et cette jeune femme. Pour Paolo, une véritable transfiguration ! Tout un amour en jachère dans son cœur qui s’est mis à fleurir. Son cœur qui s’est mis à battre, à vivre, à chanter !

A chanter ! Frères et sœurs, c’est aujourd’hui la fête de la musique. Quand la musique vient du cœur, elle va aussi au cœur, elle éveille le meilleur en nous, entre nous : du partage, de la communion, c’est du vrai bonheur !

« Ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits ». Alors voilà ce que le Christ nous demande aujourd’hui : écouter notre musique intérieure, celle que le Souffle de Dieu, l’Esprit saint, chante en nous – et la partager avec nos frères et sœurs. Pour éveiller la musique qui est en eux. Pour le bonheur de Dieu de nous entendre chanter.

Références bibliques : Jn 20, 10-13 ; Ps 68 ; Rm 5, 12-15 ; Mt10, 26-33

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