Vivre une foi tout terrain !

Bien évidemment, Jésus n’a jamais fait de vélo, et encore moins du VTT – du vélo tout terrain. En revanche, ses pas l’ont bien conduit à traverser tous les terrains de son temps : la terre d’Israël, mais aussi des territoires païens ou d’autres religions. C’est ce qui se passe ce dimanche : Jésus se retire dans la région de Tyr et de Sidon. Et là, en terrain païen, il fait une rencontre qui va bouleverser sa vie. C’est ce qui se passe en général dans un pèlerinage : au gré des tours et des détours, nous faisons des rencontres improbables qui bouleversent notre vie. C’est aussi ce qui se passe dans le temps ordinaire : l’Esprit Saint nous pousse à sortir de nos habitudes, à aller vers les périphéries où se vivent des rencontres inattendues… dont Dieu seul a le secret.

Voici donc une femme, une Cananéenne, c’est-à-dire une croyante qui vient de loin – les Cananéens avaient pris leur distance avec les juifs. Elle habite un terre païenne. Elle ne parle pas : elle crie. Elle crie comme le font toutes les mamans quand leur enfant tombe malade : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David. Ma fille est tourmentée par un démon. » Et que répond Jésus ? Rien. Pas un mot. Étonnant ! C’est souvent ce qui arrive quand on ose le « tout terrain » : nous  rencontrons des personnes tellement étranges que nous ne répondons pas tout de suite à leurs cris. Il faut toujours du temps pour entrer en relation avec un étranger.

La femme insiste. Elle poursuit Jésus et ses disciples de ses cris. Si Jésus ne veut toujours pas l’entendre, ses disciples, eux, en ont raz-le-bol : « Renvoie-la. » Jésus semble être d’accord avec cette décision : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Il exprime ce qu’il a compris de la mission reçue du Père : chercher les brebis perdues de son peuple. Nous avons tous une compréhension immédiate de notre mission, de ce que nous « devons » faire. Rappelez-vous les premières réactions au sujet de l’accueil des réfugiés syriens en France. Certains maires avaient émis l’idée d’accueillir en priorité des familles de réfugiés chrétiens. Ils s’étaient ensuite ravisés.

Entendant la réponse de Jésus, la femme joue son va-tout. Elle se prosterne, ne crie plus mais parle : « Seigneur, viens à mon secours ». Mais Jésus ne lâche rien : il la compare à ces petits chiens qui, sous la table, n’ont pas à recevoir le pain destiné aux enfants. Oh, n’entendons pas là un jugement de valeur. La formule « petits chiens » dit seulement combien sa demande est incongrue. C’est la demande d’une étrangère.

Loin de capituler, la femme fait alors preuve d’un grand sens de la répartie. Elle ne conteste pas le fait d’être vue comme un petit-chien. Elle ne demande pas non plus d’être acceptée à table. Non, elle se contentera des miettes. Elle a suffisamment confiance en Jésus pour deviner que des miettes suffiront pour guérir sa fille. Et elle ne se trompe pas. Jésus lui dit : « Femme, ta foi est grande… ». Dans la première lecture Isaïe nous avait prévenus : « les étrangers qui se sont attachés au Seigneur… je les comblerai de joie. » Ce qui était annoncé s’accomplit, ici et maintenant.

Jésus s’est laissé surprendre par la foi d’une étrangère. Que pouvons-nous nous souhaiter de meilleur les uns aux autres ? Nous laisser surprendre par la foi des personnes rencontrées sur tous les terrains possibles et imaginables, et nous en réjouir avec elles. Oui, comme le dit saint Paul, Dieu fait miséricorde à tout le monde, d’abord à ceux qui ont, à un moment donné, refusé de croire ou pris leur distance, mais aussi à nous qui, par moment, refusons de croire que Dieu puisse nous parler par des étrangers et ainsi nous déplacer. Alors oui, les jeunes, avec Jésus, partez et osez vivre une foi tout terrain. Vous y ferez de belles rencontres. Et croyez-moi : celui qui sera évangélisé n’est pas forcément celui qu’on croit !

 

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