Nous sommes à la veille des vacances, mais aussi à la fin d’une année pastorale pour l’Église, à la fin d’une année scolaire pour le monde enseignant et pour les jeunes.
En cette période, nombreux sont ceux qui devront répondre à un nouvel appel, envisager un changement d’orientation ou de responsabilité, qui nous ouvre aux appels que Dieu nous adresse comme aujourd’hui dans la liturgie de ce dimanche.

Saint Paul nous invite à « vivre sous la conduite de l’Esprit de Dieu ».
Quant à l’Évangile, il nous présente la rencontre de Jésus avec trois hommes ; saint Luc ne leur donne pas de nom : ils peuvent ainsi être vous et moi ; et il fait dire à l’un d’eux : « Je te suivrai partout où tu iras », sans préciser où il suivra Jésus, comme pour permettre à chacun de nous de penser à sa propre vocation.
Car nous sommes tous appelés ; nous avons tous une vocation. Mais pour la réaliser, pour répondre en toute liberté à l’appel de Dieu qui est exigeant, nous avons besoin de l’Esprit Saint, de cet Esprit de force et d’initiative qu’ont reçu dans cette basilique Saint-Pierre et Saint-Paul, en juin dernier, soixante-cinq jeunes confirmés.

L’appel du Seigneur, c’est à tout instant qu’il retentit ou se manifeste :
o Elisée est surpris en plein travail de labour,
o David gardait son troupeau,
o Les Apôtres sont à la pêche,
o Matthieu à son bureau de douane.

Colomban, dont il convient d’évoquer ici la figure, l’a entendu lui aussi. C’était au VIe siècle, en son Irlande natale, cette île des Saints où naquirent les grandes figures comme sainte Brigitte, saint Patrick. Il a pris la route de l’Europe occidentale, s’est fait missionnaire dans les campagnes, champ offert à l’évangélisation.
De la Bretagne où il s’installe vers 580, Colomban fonde des monastères notamment en Normandie, en Ile-de-France, en Champagne, aux pieds des Vosges, ici à Luxeuil.
De grande culture classique et religieuse, d’une puissance de travail inouïe, il est à l’origine d’une des branches les plus rigoureuses du monachisme médiéval sans être, je crois, en opposition avec la règle de saint Benoît.
Depuis ce foyer extraordinaire qu’est l’abbaye de Luxeuil, avec ses compagnons de route, il aura été défricheur, bâtisseur, évangélisateur.
Il entreprend la conversion au christianisme des populations vivant entre la Loire et le Rhin, puis aux environs du Lac de Constance et jusque dans la plaine du Pô où il fonde le monastère de Bobbio.

Nous sommes les héritiers de Colomban. L’abbaye de Luxeuil reste le symbole tangible de cet héritage : elle garde vivant le souvenir de ce grand Européen qu’il fut avant l’heure. L’œuvre d’évangélisation qu’il a commencée ici, voici quinze siècles, s’est poursuivie sous des formes diverses : l’abbaye, qui était hier petit séminaire, est aujourd’hui centre pastoral, lieu de formation scolaire, lieu d’échanges et de rencontres. C’est ainsi que nous avons la joie d’accueillir en ces jours les dixièmes journées européennes des rencontres colombaniennes.
« De ton île de paix, par delà terre et mer, le chemin est tracé, Colomban a marché ! ».
Comme toute vocation, celle de Colomban a demandé beaucoup de détachement, d’amour et de passion. Sa statue qui se dresse près de l’entrée de la basilique témoigne de son énergie et de son dynamisme.

« Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même. »
Ceci vaut pour la vocation au mariage comme pour le célibat consacré ou non.
Le philosophe allemand Hegel l’avait bien compris lorsqu’il disait au XVIIIe siècle que « rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion ».
La montée résolue et courageuse de Jésus vers Jérusalem dessine peu à peu la grande signature d’une vie donnée, summum de l’amour de Dieu pour tout homme.
Suivre le Christ en se désencombrant de ce qui n’est pas nécessaire procure de la joie, tout baptisé peut en faire l’expérience. Ceux qui ont connu la maladie ou l’épreuve le savent bien : elle leur a appris à relativiser certaines choses de la vie.
Le don de soi fait abandonner son petit confort, ses sécurités trop humaines ; il entraîne la rupture de ce qui nous enchaîne et nous établit sur le roc de Dieu qui ne déçoit jamais.

Pour nous, qui que nous soyons, jeunes ou moins jeunes, malades ou bien portants, prisonniers en cellule ou entravés dans notre cœur, suivre Jésus, c’est toujours mettre ses pas dans les siens et vivre avec lui un passage vers la vraie liberté intérieure :
o Liberté de dire oui à Dieu,
o Liberté de se donner aux autres avec lui,
o Liberté de partager l’espérance qui vient de lui.
Notre vocation de baptisés nous appelle à marcher sans « regarder en arrière » vers notre Père du ciel, vers la Jérusalem céleste.

Ainsi, nous donnons son vrai visage à notre Église. Elle n’est pas celle du passé, de nos souvenirs, de nos nostalgies, mais elle se veut plus que jamais présente à notre humanité d’aujourd’hui. La Parole de Dieu s’entrelace avec l’histoire de l’homme. Elle guide son chemin, un chemin d’avenir où nous appelle la promesse de Dieu.

Toi qui écoutes, ici ou chez toi, à l’autre bout du monde ou tout près, alerte ou malade sur ton lit d’hôpital, ouvre ton cœur à l’espérance.
Laisse toi conduire par l’Esprit de Dieu, tu vivras pleinement ta vocation de baptisé.

Amen

Références bibliques : 1 R 19, 16-21 ; Ga 5, 1-18 ; Lc 9, 51-62

Référence des chants :

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