«Un amour qui porte du fruit»

Sans eau, pas de vie ! La canicule de cet été nous le rappelle durement, n’est-ce pas ? Sans circulation de sève, pas de vie non plus. Si une branche est bien reliée au tronc et que la sève circule, alors le bois vit, les feuilles respirent, les fruits parviennent à maturité. Mais si la branche est arrachée, si le sarment est coupé, alors, plus rien ne s’échange : c’est la mort assurée.

Rude loi de la vie végétale ! Au détour de nos chemins de vacances, nous la voyons, cette terre si belle et si fragile ; ces bois, ces vergers, ces vignes… "Soeur notre mère la Terre, qui nous porte et nous nourrit", cette terre avec sa riche fécondité mais aussi ses limites et ses lois qu’il est urgent de redécouvrir et de respecter. Oui, il est urgent que nous redevenions des partenaires responsables, des jardiniers aimants de cette terre en souffrance.

La vie humaine, comme la vie des plantes, obéit à des lois incontournables. C’est ce que le Christ rappelle, vous l’avez entendu : « Moi, dit-il, je suis la vigne et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruits. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même, vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Demeurez en moi, comme moi en vous. »

Porter du fruit ! En portons-nous, frères et soeurs ? Et Comment ? Quand homme et femme s’aiment, ils portent du fruit. Quiconque aime, porte du fruit. Chaque fois que quelqu’un partage son bien, son temps, son affection, il porte du fruit. Chaque fois qu’il travaille avec compétence et coeur, il porte du fruit et tous en profitent. Chaque fois que tu accueilles et souris, que tu tends la main et l’ouvres à l’autre, que tu parles et que tu écoutes en vérité ; chaque fois que tu pardonnes, renoues le dialogue et restaures la fraternité, bien sûr, tu portes du fruit. Finalement, chaque fois que, les uns et les autres, nous sommes reliés au tronc vital de l’amour qu’est Dieu et chaque fois que, par amour, nous nous relions les uns aux autres, tels les sarments d’un même cep, alors, nous portons du fruit !

Par contre, « si quelqu’un ne demeure pas en moi, avertit Jésus, il est comme un sarment qu’on a jeté dehors et qui se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent. » Voilà bien le drame de beaucoup de nos vies : tant de fois, elles ressemblent à des sarments coupés, desséchés, sans fruits, peut-être en raison d’une séparation mal vécue, d’une exclusion subie, d’une ignorance, d’une méconnaissance, d’un enfermement ou d’un repli sur soi.

Alors, frères et soeurs, posons-nous, aujourd’hui, cette question simple : suis-je relié ou non ? Suis-je solidaire ou solitaire ? Suis-je ouvert ou fermé au partage ?

Est-ce que, branche isolée ou fanée, j’accepterais quand-même d’être à nouveau relié, greffé au tronc, de revivre et de porter de nouveaux fruits, pour mon bonheur, celui des autres et celui de Dieu ? « Ce qui fait la gloire de Dieu mon Père, continue Jésus, c’est que vous donniez beaucoup de fruits ! »

Du fruit, Claire d’Assise en a donné et du fruit en abondance ! Claire, cette sainte que, clarisses, soeurs et frères de la famille franciscaine, avec vous tous, chrétiens de Lorraine et d’Alsace, nous fêtons aujourd’hui.

Le secret de la fécondité de Claire fut d’être reliée, par amour. Claire, « petite plante » comme elle aimait se nommer, encouragée par son grand frère François d’Assise, son « jardinier », Claire n’eut d’autre souci que « d’être attachée de toutes les fibres de son coeur » au Seigneur Jésus Christ.

Oui, que d’amour dans cette vie simple et ardente ! La pauvreté choisie par elle et ses soeurs, « les dames pauvres », ne fut pas misère résignée, mais choix libre et radical pour mieux aimer.

Mieux aimer son Seigneur, qui par amour se fit pauvre, de la crèche à la croix ; mieux aimer les pauvres, si mal-aimés ; mieux aimer ses soeurs et toute personne rencontrée.

Les mains de Claire ne sont crispées sur aucun bien matériel ; elles s’ouvrent pour accueillir et donner, rendre toute louange à Dieu et vivre, comme François d’Assise, la fraternité avec tous.

Pourquoi donc l’Église nomma-t-elle sainte Claire patronne de la télévision ? Parce que, par amour, elle était bien reliée, parce que, pourrait-on dire aujourd’hui, elle avait fait les bonnes connexions, elle était sur le bon réseau. Que s’était-il donc passé ? « Un jour de Noël, à cette heure où naquit l’enfant Dieu, nous dit son biographe, Claire était malade, impotente, couchée sur son lit. Elle put néanmoins, de ce lit, participer à la liturgie de la Nativité. Bien qu’éloignée du sanctuaire, elle entendit la joyeuse psalmodie des frères et l’harmonie des chants » ; qui plus est, « elle mérita de voir la crèche du Seigneur. »

Miracle de l’amour de Dieu qui, en Jésus Christ, se rend proche de Claire ; miracle de l’amour de Claire qui, malgré ses infirmités, participe alors d’un coeur si ardent à la liturgie, qu’elle entend et voit la célébration de Noël !

Alors, quel meilleur exemple, pour inviter les téléspectateurs, quels que soient leurs empêchements et leurs infirmités, à s’unir à tous les croyants par la prière, à se relier à l’amour de Dieu, source de toute vie, à entendre et à voir, avec les oreilles et les yeux du coeur !

Références bibliques :

Référence des chants :

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