Proverbes IX, 1-6 – Éphésiens V, 15-20 – Jean VI, 51-58

Témoins de l’impossible

Les juifs protestaient. Et ils avaient bien raison… « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »

Ils avaient bien raison selon la raison. Selon la raison, ce que Jésus est en train d’annoncer par son grand discours du Pain de vie, l’eucharistie, le don de sa chair, la transformation du pain et du vin en Corps et Sang — selon la raison, tout cela est impossible.

Les juifs, donc, protestent. Ils ne sont que les premiers. Saint Pierre va protester, puis saint Philippe, au Cénacle, puis après eux des milliers, des centaines de milliers d’auditeurs de la Bonne Nouvelle, qui tous diront : ce n’est pas possible. Un bout de pain ne se transforme pas par une parole. Un point, c’est tout.

 

Et Jésus répond. Que répond-il ? Ceci : « Si vous ne mangez pas, si vous ne buvez pas, vous n’aurez pas la vie en vous. »

Il n’explique pas. Il ne justifie pas. Il dit : « mangez, et vous verrez ».

L’eucharistie, si j’ose dire, ne s’explique pas. Elle se vit. Vous pouvez toujours essayer d’expliquer. Je suis sûr qu’il y a parmi nous des catéchistes ; des catéchistes qui ont essayé d’expliquer à un enfant raisonneur ce qu’est et comment fonctionne l’eucharistie. Difficile, n’est-ce pas ? Les théologiens s’y sont cassé les dents ; les prédicateurs s’y sont usé la voix… Courageuses tentatives, nobles tentatives. Mais l’eucharistie ne s’explique pas plus que Jésus ne l’explique. L’eucharistie se vit.

Pour comprendre ce qu’est l’eucharistie, il faut communier. Il faut faire comme ont fait les disciples qui, manifestement, au soir de la Sainte Cène, n’avaient rien compris : prendre le pain que Jésus a dit être son Corps, et le manger.

 

Et de communion en communion, de messe en messe, sentir la vie du Christ qui s’empare de nous. Sentir notre cœur s’ouvrir, nos forces revenir, notre amour s’épanouir…

Car, frères et sœurs, c’est nous qui sommes les témoins de la véracité des paroles de Jésus, nous qui venons chaque dimanche et parfois chaque jour chercher ce pain qui est une chair. C’est nous qui pouvons dire : je ne sais pas comment, mais la communion nourrit ma foi ; je ne sais pas pourquoi, mais sans la communion, je ne peux pas avancer dans la vie. Le Corps du Christ nous réveille, nous soutient, nous pousse en avant. Nous sommes les témoins de l’impossible.

Nous qui allons communier tout à l’heure dans cette belle église ; nous qui participons à cette messe par l’image et qui, pour beaucoup, allons communier devant notre écran par une hostie consacrée qu’un ami, qu’un volontaire de la paroisse nous a apportée ; nous qui allons communier au moins de cœur et de désir, nous pouvons dire : j’ai besoin de l’eucharistie. Je la désire. Mon cœur en a soif. Je ne sais pas comment, mais je le sais.

 

Jésus nous attend au-delà de la raison. Pas sans elle, mais au-delà. La foi chrétienne est une expérience. Pour savoir ce qu’est l’eucharistie, il faut communier. Tout comme pour savoir ce qu’est l’amour, il faut avoir aimé. Le fond de la vérité humaine est toujours au-delà des mots, et c’est au-delà des mots que nous attendent la vérité de Dieu et la vie qu’il nous donne. Communions au Corps et au Sang du Christ, et nous serons les témoins de l’impossible.

 

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