Frères et sœurs, si Pâques n’existait pas, le christianisme n’existerait pas ! Voici, de façon quelque peu abrupte, mais évidente au plan de la foi, ce qui fait qu’aujourd’hui, comme depuis plus de 2000 ans, des hommes et des femmes mettent leur vie dans les pas de Celui – le Christ- qui n’a cessé de dire : "Je suis la Résurrection et la Vie".

Ce qui fait la grandeur de l’homme, c’est de se savoir mortel (L’animal, par exemple, ne sait pas qu’il est mortel). Ce qui fait la grandeur de Dieu, c’est de redire que l’homme est fait pour la Vie et non pas pour la mort. Et cette fête de Pâques vient redire, de façon éclatante au plan de la foi et de façon discrète au plan humain, que la Résurrection du Christ inaugure un monde nouveau où la mort devient passage et où la vie – notre vie – s’éclaire d’un à venir insoupçonné, et qui rime avec éternité. Il nous faut donc choisir entre le "Grand Soir" des illusions perdues et le petit matin des Espérances les plus fortes.

Elles sont nombreuses sur l’abondant marché spirituel de notre temps, les réflexions et propositions qui concernent l’au-delà. On peut même dire que cela fait partie du "cahier des charges" de toutes les religions. Alors, dans ce contexte, quelle est l’originalité chrétienne… sinon la Résurrection du Christ que célèbre cette fête de Pâques ?

Et puis – quand même ! – encore une réflexion : comment se fait-il que les questions liées à notre destinée – et donc au fait de savoir s’il existe ou non "quelque chose" après la mort – soient tellement occultées dans des cultures – essentiellement occidentales – qui croient pouvoir faire de Dieu une question inutile (et même dangereuse) et de l’au-delà une illusion forcément sans fondement ? Pâques se veut résolument à contre-courant de ces opinions et convictions.

J’aimerais ce matin vous partager la foi de toutes nos communautés chrétiennes qui, comme nous l’avons vu et entendu au début de cette célébration, redisent avec toute la force de l’Évangile (Bonne Nouvelle) que c’est la Résurrection du Christ qui est aux fondements et au cœur de l’Espérance chrétienne mais aussi de l’espérance humaine. L’expérience du Christ nous révèle que notre humanité devient le terreau de notre éternité : le Ressuscité est le même que le Crucifié.

Et c’est ici, pour moi, un très grand mystère : pourquoi faut-il que la fête de Pâques ne fasse pas l’économie de la douleur du Vendredi Saint ? Pourquoi pas la Résurrection sans la Croix ? Personne n’a de réponse… sinon de poser, une fois encore, notre regard vers le Christ et sur son chemin qui a dû aller jusqu’à l’extrême de l’Amour (fut-ce au prix de la souffrance et de la mort) pour que s’ouvre, enfin, la brèche de la Résurrection. Nous voici donc au carrefour de l’humain et du divin, là où la Résurrection du Christ vient éclairer notre quotidien… et lui donner sens et saveur. Désormais, dans la lumière de la Résurrection, rien d’humain ne sera plus jamais banal. Tout devient semence d’éternité.

Aujourd’hui, en cette fête de Pâques, le chemin du Christ devient notre chemin. C’est son chemin de Croix qui devient un chemin de foi et un chemin de joie. Mais il a fallu la mort du vendredi saint et le silence du samedi saint pour que s’ouvre enfin – et jusqu’au cœur même du tombeau où on l’avait déposée – la lumière de la Résurrection. La vie n’a de prix que parce que l’Amour a du prix. Et ce prix est inestimable car, comme le disait déjà saint Bernard : "La mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure !" La Résurrection, c’est en quelque sorte le débordement de vie et le surcroit de l’Amour; à profusion ! Non pas seulement pour demain, dans l’au-delà, mais pour l’aujourd’hui dans tout ce qui fait notre quotidien.

Frères et sœurs, chers amis téléspectateurs, Pâques n’existe pas en dehors de ce que nous vivons. Parmi vous, il y en a qui sont enfermés dans les tombeaux de la guerre et de la peur, de la solitude et de la désespérance. Il y en a d’autres, bien sûr, qui sont dans la lumière d’une naissance à accueillir, d’un amour à vivre, d’une joie à partager ou d’une solidarité à expérimenter. Aujourd’hui, Dieu vous dit (Dieu me dit) : "Tu es vivant… mais tu n’es pas un vivant voué à la mort, mais un mortel promis à la Vie". Et cela change tout !

À vous tous, téléspectateurs qui ne partagez pas notre foi, je voudrais reconnaître en chacun de vous des frères et des sœurs en humanité, avec qui nous partageons les mêmes questions, les mêmes détresses et les mêmes joies d’une société marquée par une grande soif de justice, et un grand désir de bonheur. Le fait de ne pas partager les mêmes réponses nous invitent, non pas à jeter des anathèmes qui divisent, mais à construire des ponts qui se font dialogues et rencontres.

À vous tous, téléspectateurs qui, de toutes confessions chrétiennes, partagez notre foi en l’Amour infini de Dieu plus fort que toute mort et que tout mal, je voudrais vous inviter à témoigner de ce "trésor de Pâques", sans complexe, ni arrogance, mais avec la certitude intérieure qu’il n’y a pas de nouvelle plus bouleversante pour notre humanité que cet horizon déjà perceptible, dans les brumes du quotidien d’un monde où l’Amour et la Vie soient les seules valeurs éternelles marquées du sceau de l’éternité et, donc, de la plénitude.

Permettez-moi, au cœur de cette célébration qui redit l’extraordinaire nouvelle de Pâques : "Christ est ressuscité. » C’est toute notre vie qui s’en trouve renouvelée. Alléluia !

Références bibliques : Ac 10, 34a.37-43 ; Ps. 117 ; Col 3, 1-4 ; Jn 20, 1-9

Référence des chants :

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