La véritable obéissance

Frères et soeurs, la parabole que nous venons d’entendre est une histoire somme toute banale : celle d’un fils qui, à son père qui lui demandait d’aller travailler à sa vigne, répond : « Je ne veux pas », puis se repent de sa décision et finit par y aller… Différemment, le second fils répond positivement, mais il en restera à un « oui » de façade, et il n’ira pas à la vigne.

Á la question de Jésus : « Lequel des deux a fait la volonté du père ? », les prêtres et les anciens n’hésitent pas : « C’est le premier ». Ils ont en cela raison, eux qui pensent accomplir la volonté de Dieu en observant scrupuleusement les lois, les rites et les traditions dont ils ont hérités. Ils ne sont pas de ceux qui disent « oui » pour ne rien faire ensuite, ils en font même trop. Malgré leur zèle, on pressent pourtant que quelque chose d’essentiel manque à leur obéissance.

Á ces champions de l’observance, Jésus commence en effet par opposer les prostituées et les publicains, qui « les précèderont dans le Royaume de Dieu », puis il leur reproche de ne pas avoir accueilli la parole de Jean-Baptiste. Trop sûrs d’eux-mêmes et de leurs mérites, ils ont fermé leur coeur à son appel à la conversion, réduisant l’accomplissement de la volonté de Dieu à une obéissance formelle, au risque d’oublier l’essentiel : l’amour et le repentir qui font de l’obéissance une adhésion intérieure, un chemin où l’orgueil et le mépris des autres n’ont pas de place, mais où la reconnaissance de sa pauvreté est source de fécondité.

Ainsi s’explique l’allusion de Jésus aux publicains et aux prostituées qui, parce qu’ils n’ont rien d’autre à offrir que le mépris dont ils sont victimes, ont accueilli l’invitation de Jean-Baptiste à se laisser saisir par l’amour infini de Dieu. Ainsi s’explique également la parabole prononcée par Jésus, avec ce fils qui se repent de sa décision initiale et va travailler à la vigne de son père. Après avoir fait l’expérience de la liberté, qui peut aller jusqu’au refus, il a surtout découvert la puissance du repentir qui fait accéder à l’obéissance véritable.

Un chemin se dessine ainsi pour celui qui veut se mettre à l’écoute de la volonté de Dieu. Il passe parfois, souvent même, par un : « Je ne veux pas… c’est trop dur » qui traduit à la fois la difficulté de renoncer à la maîtrise de sa vie et l’immense respect qu’a Dieu de la liberté humaine. Mais lorsque le refus s’accompagne du repentir et qu’on accepte de s’en remettre à Celui qui pardonne et libère, chacun peut découvrir qu’il est plus grand que son refus ou que son manque apparent de générosité.

Frères et soeurs, telle est l’obéissance à laquelle nous sommes appelés. Elle n’est pas faite de résignation, encore moins de calcul, car il ne s’agit pas de thésauriser ses mérites, ou de revendiquer je ne sais quel droit sur Dieu, mais de s’ouvrir à la gratuité de son amour. L’aveu de sa pauvreté, dans l’accueil du regard aimant de Dieu, devient alors le creuset de la liberté et de l’obéissance véritables. Et on peut répondre, en toute vérité, à l’appel du Fils de Dieu fait homme qui, dans un acte libre et total d’abandon, a dit « oui », une fois pour toutes, pour qu’à sa suite nous allions travailler à sa vigne.

Dans le silence et le recueillement, laissons résonner dans nos coeurs l’appel du Christ à le suivre sur le chemin de l’obéissance. Dans la pleine reconnaissance de ce qu’il y a de meilleur en nous – mais aussi de moins bon – que de nos coeurs jaillisse une réponse libre et confiante. La réponse joyeuse des fils et des filles de Dieu qui apprennent humblement à se recevoir de la grâce divine, et qui veulent être dans ce monde les témoins de l’amour de Dieu qui fait vivre. Amen.

Références bibliques :

Référence des chants :

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