Frères et Sœurs,

Quand Thérèse de l’enfant Jésus, devenue carmélite à Lisieux, évoquait cette église et sa maison natale toute proche, elle écrivait :
« Oh ! Que j’aime la souvenance
Des jours bénis de mon enfance.
Pour garder la fleur de mon innocence
Le Seigneur m’entoura toujours
D’Amour. »
Un jour, elle ajoutera : « Comme elles ont passé rapidement les années ensoleillées de ma petite enfance, mais quelle douce empreinte, elles ont laissé dans mon âme».

Et pourtant elle aurait pu évoquer le tragique de la vie humaine, comme l’a fait Marcel Pagnol dans Le Château de ma mère quand il décrit le paradis de son enfance puis les deuils successifs de la vie. Alors, l’auteur écrit : « Telle est la vie des hommes, très vite effacée par d’inoubliables chagrins. Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants ».

Bien au contraire, Thérèse aurait envie d’en parler aux enfants. Elle leur dirait que la vie est plus dure que celle qu’elle rêvait à 4 ans, avant la mort de sa maman, mais qu’elle est cent fois plus belle que celle qu’elle imaginait dans ses rêves d’enfant. Thérèse n’a pas éludé les drames de l’histoire humaine mais, dans sa foi, elle leur a donné un sens. Elle a vécu la vie comme un oiseau qui chante mais dans un buisson d’épines.

Au fond, la question qu’elle pose à chacun d’entre nous est bien celle-ci : « Qu’est-ce que vivre sans la joie de vivre ? ». Nos contemporains cherchent à être heureux. Autrefois, on disait que le vrai bonheur était dans le pré.Aujourd’hui, on leur fait croire qu’il est devant ces gondoles des supermarchés qui les font rêver. Sommes-nous plus heureux que ces foules qui venaient auprès de Jean-Baptiste et dont parle L’Évangile d’aujourd’hui ? Depuis toujours l’être humain a faim de plus de bonheur que celui que la terre lui fait espérer. Son cœur a soif de plus d’amour que le monde ne peut lui en donner. À quoi bon avoir davantage de moyens de vivre si l’on perd ses raisons de vivre ? Notre époque cherche des raisons de vivre.

Mettre de l’amour et du partage là où il n’y a pas d’amour, répondra Jean-Baptiste. Il ne demande pas à ses contemporains de changer de métier ou de le suivre. Il les invite à vivre du souffle de Dieu, à laisser l’Esprit Saint habiter leur vie. Alors, ils pourront vérifier leurs raisons de vivre : Est-ce que ma vie n’est que paille futile ou grain de blé qui, jeté en terre, fécondera l’histoire de l’humanité ? Seuls ceux qui donnent leur vie par amour fécondent l’histoire comme la petite Thérèse : « Vivre d’aimer » dira-t-elle. « Aimer c’est tout donner et se donner soi-même ». C’est en contemplant ce petit enfant de la crèche et la sainte Face de Jésus sur la croix qu’elle comprendra l’amour infini de Dieu. Dieu s’est fait si petit par amour pour que les plus humiliés de la terre n’aient pas peur de le prendre dans leurs bras… Il s’est fait si faible et si fragile afin de toucher le cœur des puissants de ce monde. Seule la puissance de l’amour est capable de bouleverser l’amour de la puissance. L’être humain nait les poings fermés et c’est durant toute la vie qu’il apprendra à les ouvrir. « Tout faire par amour, dira Thérèse, et même ramasser une aiguille par amour peut sauver le monde. » Que restera-t-il de notre vie ? Dieu n’est qu’Amour. Ne passera dans le monde de Dieu que l’amour que nous avons mis sur cette terre.

Nous tous, réunis ce matin dans cette église, nous nous souvenons qu’un 13 juillet 1858, s’unissaient dans le sacrement de mariage Louis et Zélie Martin, les parents de Thérèse. Dans deux ans, nous fêterons leurs 150 ans de mariage. Mais, n’oublions pas qu’un mercredi 29 août 1877, à neuf heures du matin, il y avait ici devant l’autel le cercueil de Madame Martin, morte d’un cancer du sein à l’âge de 45 ans.

Les souffrances de la vie n’ont pas épargné la famille de Thérèse, mais elle a entendu sa maman lui dire : « Le mieux est de remettre toutes choses entre les mains du bon Dieu et d’attendre les événements et l’abandon à sa volonté ».

Frères et Sœurs, croyez-vous, que du tragique de la vie, l’amour soit le plus fort ? Vous pouvez en douter à vue humaine. Le plus beau symbole n’est-il pas ce lit à la maison natale : c’est là que la maman est morte et c’est là que Thérèse est née. Mystère de la mort et mystère de la vie. Et ici, au fond de cette église, il y a le baptistère où le samedi 4 janvier 1873, Thérèse fut baptisée : la vie de Dieu est bien plus forte que les forces de mort à condition, dirait Thérèse, de vivre d’aimer et de mourir d’aimer.

Frères et Sœurs, Thérèse et sa famille ont brûlé d’amour au cœur du quotidien de la vie, faite de joies et de souffrances. Ils ont été heureux du bonheur de Dieu sur cette terre.

Puissiez-vous vous inspirer de leurs raisons de vivre et de leur joie de vivre !
Amen.

Références bibliques : So 3, 14-18 ; Is 12 ; Ph 4, 4-7 ; Lc 3, 10-18

Référence des chants :

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