Chers frères et soeurs,

Aimez-vous Elie, le prophète ? Moi, je l’aime beaucoup. Il est tellement proche de nos expériences de vie. Ne vous arrive-t-il pas, de temps à autre, d’être à bout de force et de courage ? Qui n’a pas déjà eu envie de se retirer du va-et-vient quotidien parce qu’il se sentait épuisé, écrasé, déçu, désespéré ? Elie ne voit pas comment échapper au courroux de la reine. Alors il s’aventure dans le désert et se met à l’ombre d’un buisson. Il fait part de son dépit au Seigneur : "Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie." En réécoutant son histoire, je vois devant moi des pèlerins venant à Banneux ou dans d’autres lieux de pèlerinage. Ils vident leur coeur devant la Sainte Vierge.

Ici à Banneux, la Vierge des Pauvres a montré à Mariette une source : Poussez vos mains dans l’eau. La Dame l’avait appelée et deux fois Mariette tombe à genoux sur le sol gelé. Ces chutes ne sont-elles pas symboles de nos découragements, de nos déceptions, d’épreuves qui nous écrasent ? La Vierge dit encore à l’enfant : Cette source est réservée pour toutes les nations, pour soulager les malades.

Elie s’endort sous le buisson, mais un ange le réveille et lui dit : "Lève-toi et mange !" Voilà que près de sa tête, il découvre un pain et une cruche d’eau. L’ange le dérange une seconde fois : "Lève-toi et mange ! Autrement le chemin sera trop long pour toi !"

Frères et soeurs, dans l’évangile selon saint Jean, l’eau et le pain jouent un rôle important, lorsque Jésus veut faire comprendre qui il est. A la Samaritaine, il se fait reconnaître comme celui qui donne l’eau vive : Celui qui boira de cette eau n’aura plus jamais soif (cf. Jn 4, 1-15).

Aujourd’hui, dans l’Evangile, Jésus dit à ses auditeurs : "Moi, je suis le pain de vie ; moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement."

Jésus souhaite se faire reconnaître comme l’eau et le pain qui viennent du ciel et qui donnent la vie, qui font entrer dans la communion avec le Père, dès maintenant. Jésus affirme aussi clairement qu’il est l’envoyé du Père, celui qui est descendu du ciel. Pour les Juifs qui l’entendent dire cela, il est une véritable provocation. On a l’impression que, dans un premier temps, Jésus comprend leur refus de croire en lui et de le reconnaître comme celui que le Père envoie. La foi, en effet, n’est pas une production humaine ; elle est un don de Dieu. Jésus le dit haut et clair à ses auditeurs : "Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire vers moi. Tout homme qui écoute les enseignements du Père vient à moi."

Frères et soeurs, cette affirmation du Seigneur garde toute sa signification pour nous : la foi en Jésus est un don. Les chrétiens sont des hommes et des femmes qui, sous l’impulsion de l’Esprit Saint, se tournent vers Jésus et reconnaissent dans son visage le visage du Père. "Qui m’a vu, dira-t-il, a vu le Père; "(Jn 13, 9)

Ici, à Banneux, la Vierge des Pauvres nous prend par la main et nous conduit à la source d’eau vive. Elle nous fait rencontrer son Fils, celui qui vient nous dire : "Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie." Jésus n’est pas seulement le pain descendu du ciel ; il est encore le pain broyé et rompu par les hommes, et il donne sa vie pour que le monde possède la vie. Lorsque nous voyons Jésus rendre la joie de vivre aux hommes et aux femmes qui viennent à lui, lorsque nous le voyons mourir sur la croix pour nous, nous reconnaissons en lui que Dieu est amour.

Chers frères et soeurs, n’est-ce pas en particulier par la Croix que le Père nous attire vers son Fils ? Ne peut-on pas dire que Jésus livré pour la vie du monde est la parole la plus claire du Père, son enseignement par excellence ? Oui, en donnant sa vie, Jésus révèle au monde l’immensité de l’amour de Dieu. Chaque fois que nous célébrons l’eucharistie, nous revivons, en quelque sorte, ce don visible de la chair sous les espèces du pain et du vin ; et en même temps, nous est fait le don invisible de la vie éternelle, de l’amitié de Dieu. Oui, il est grand le mystère de la foi !

Aujourd’hui, ici à Banneux, nous pouvons vivre ce don de l’Amour de Dieu en nous mettant, si vous le voulez bien, à la place ou dans la peau du prophète Elie, en revivant son aventure au désert. Beaucoup d’entre nous sont peut-être venus le coeur rempli de souffrances ou d’amertume, de soucis ou de chagrin. Qu’ils s’entendent dire par la Vierge des Pauvres : Lève-toi et mange. Autrement le chemin sera trop long pour toi !

Chers frères et soeurs, chers amis téléspectateurs, cette parole vous est destinée. Je suis sûr que, à l’image d’Elie, fortifiés par cette nourriture, par le pain descendu du ciel, vous marcherez sur la route de votre vie jusqu’à la rencontre définitive avec le Seigneur. Le pain eucharistique est transformé par la puissance de l’Esprit. Jésus nous donne son Esprit pour que nous vivions dans l’amour comme lui. L’Esprit fera disparaître de notre vie tout ce qui est contraire à cet amour. Frères et soeurs, je souhaite de tout coeur que, réconfortés par le pain de la vie, "vous soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse" (Ep 4). Laissons-nous chaque jour toucher et encourager par l’ange ou la Vierge Marie à nous lever et à nous nourrir du pain de la Parole de Dieu et, selon les possibilités, du pain eucharistique. Alors le Seigneur sera notre compagnon de route, tous les jours de notre vie. Amen.

Références bibliques :

Référence des chants :

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