Une route qui nous change

L’appel des nations à prendre la route

Sur cette montagne, auprès de la Vierge noire de Vassivière, nous réalisons avec tous ceux qui sont venus ici dans l’histoire, avec tous les pèlerins d’aujourd’hui, que la vie chrétienne est comme un pèlerinage ; c’est la foi qui a mis en route tous ces gens. Ils voulaient le réconfort, ils voulaient la paix. Ils cherchaient sans trop savoir, tout comme nous. C’est la foi qui les a faits pèlerins, qui nous faits pèlerins. Ils répondaient à Dieu qui vient rassembler les hommes de toutes les nations selon le prophète Isaïe dans la première lecture.

Nous répondons à Dieu, nous aussi, lorsque Chaque Dimanche, il nous convoque. L’appel est pour tous et personne n’est exclu de la vie proposée par Dieu, mais personne n’y vient comme y ayant droit. Rien ne nous est dû en matière de foi. Tout, chez Dieu, est invitation et don, moyennant notre mise en route, une route qui va changer notre vie.

Un pèlerinage, c’est une route qui nous change. Une vie humaine est une route qui nous change, comme le savent les couples et les familles et tous ceux que la maladie, le deuil, l’enfermement n’ont pas écrasés mais transformés.

Comme dans un pèlerinage, la vie nous fait nous rencontrer. On y vient en nombre : de nos solitudes, Dieu fait un peuple. On y vient tel que l’on est. Riche ou pauvre, puissant ou humble, cultivé ou sans instruction, saint ou pécheur, chacun est accueilli par Dieu tel qu’il est pour faire la route, en espérant qu’elle le change. C’est cet appel à prendre la route ensemble qui retentit encore aujourd’hui pour nous tous. Le dimanche en est le signe.

Une route qui nous change

L’eucharistie du dimanche fait retentir cet appel à rassembler les nations pour prendre place au festin du royaume de Dieu selon le témoignage d’Isaïe.

Vivre en Église. Rassemblés par Dieu de tous les horizons de la vie, nous entrons en pèlerinage pour changer et éloigner le mal c’est-à-dire tout ce qui fait du mal. Et pour cela il n’est pas bon d’être seul. Le mal se combat à plusieurs, en Église et ce combat nous change. Un proche tombe-t-il malade ? Un autre subit-il un chômage éprouvant ? Une catastrophe vient-elle détruire une région ? N’est-ce pas que tous ensemble alors que nous cherchons à faire reculer le mal ? N’en sortons-nous pas changés ?

L’eucharistie fait de nous ce peuple qui apprend à faire reculer le mal. Elle nous change, comme elle change ceux qui ont vécu ensemble le franchissement d’une montagne difficile.

La route nous a soudés. Il a fallu apprendre à compter les uns sur les autres, à compter sur la foi des autres quand la nôtre vacille. Il a fallu s’appuyer sur les plus expérimentés, les saints de l’Église, les témoins de l’Évangile pour ne pas s’égarer. Il a fallu apprendre la discipline des sentiers escarpés, la patience des jours pluvieux et froids pour ne pas se décourager, compter sur les pasteurs qui incitent à la poursuite du chemin quand le soleil a perdu son éclat. Ainsi est faite la vie de l’Église, la vie de la foi d’un peuple immense rassemblé par Dieu pour une route qui le change sans cesse. Car Dieu n’a de cesse de vouloir que son peuple se rapproche de lui en éloignant le mal.

Une route où les derniers passent devant

Oui, sur cette route de la foi qu’est la vie chrétienne, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers comme l’annonce Jésus dans l’Évangile. Ce pèlerinage de la vie, ce pèlerinage de la confiance qui nous fait « chrétien » au fur et à mesure de la route, est à rebours des valeurs communes. Les derniers sont appelés à passer devant comme pour redire sans cesse, qu’ici, personne ne peut se prévaloir de son rang pour mériter sa place.

Dans nos vies n’avons pas vu ceux dont on n’attendait rien devenir pourtant de vrais artisans de réconciliation ou de paix? N’avons-nous pas été étonnés quand nous avons vu ceux dont on n’attendait rien de particulier, devenir généreusement, qui visiteur de prison, qui visiteur de malade, qui disponible pour un engagement dans la société ou dans l’Église ?

Comme Jésus qui a pris la dernière place sur la croix, a été ressuscité le premier d’entre les morts, chacun est appelé par Dieu à devenir premier de cordée. Premier pour soutenir les autres ; premier pour servir ses frères ; premier pour encourager les fragiles ; premier pour avertir du danger comme un veilleur ; premier comme le Christ au matin de Pâques. Passer premier de cordée en matière de foi ne demande ni grade, ni diplôme, ni culture, ni même perfection, mais simplement compter sur Celui qui ne fait pas de différence entre les hommes (Ac 10).

Conclusion

N’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés, à être ainsi invités à passer devant pour mettre leurs pas dans ceux du Christ ? C’est la question des disciples à Jésus dans l’Évangile. Nous venons de le comprendre : prendre les devant en matière de foi ce n’est pas s’imposer ni dominer encore moins mépriser,
c’est être invité, par Dieu,
c’est combattre le mal ensemble,
c’est faire la route ensemble, pour « redonner de la vigueur aux mains défaillantes et aux genoux qui fléchissent » (He 12, 12).

C’est pour cela qu’ils sont venus à travers les siècles à Vassivière, c’est pour cela que nous sommes venus aujourd’hui. Le chemin apparaîtra parfois dur mais n’est-il pas le seul intéressant ? Parce que c’est là que s’y rencontre l’homme et son Dieu, parce que c’est là que s’éclaire l’invisible : oui des derniers deviennent vraiment des premiers. Quelle espérance !

Références bibliques : Is 66, 18-21 ; Ps 116 ; He 12, 5-13 ; Lc 13, 22-30.

Référence des chants :

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