Lorsque nous partons en voyage, nous vérifions que nous n’avons rien oublié, que nous avons "tout" emporté. Voyez ces cohortes d’estivants, sur les routes de vacances : les valises sont bien tassées et les coffres sont remplis…

L’Évangile de ce matin nous provoque donc, puisque nous y voyons Jésus envoyer ses disciples en mission et leur prescrire de n’avoir que sandales et bâtons et de ne rien emporter pour la route. Drôle de départ qui pourrait ressembler à un Pardon breton, semblable à celui qui nous rassemble, si d’un coup de baguette magique l’on pouvait faire disparaître d’ici les appareils photos et les provisions de bouche. Ce qui est nécessaire pour ce départ, c’est d’abord tout soi-même et la densité de son histoire personnelle. C’est la rupture avec les activités habituelles et le déplacement que l’on accepte de faire. C’est le temps que l’on prend pour rencontrer les autres. C’est le désir de mettre en avant un Autre que nous-mêmes, comme ces bannières que l’on montre ostensiblement lors d’un Pardon. Jésus appelle donc les Douze qu’il a choisis comme disciples et les envoie pour la première fois en mission. Ces Douze-là vont donc devoir franchir un nouveau pas : de « disciples », c’est-à-dire "suiveurs", il va leur falloir devenir "apôtres" c’est à dire envoyés, envoyés en première ligne ! Et là, attention ! Si nous nous rappelons que, par notre baptême, nous sommes nous aussi apôtres, cette page d’Évangile, qui n’a l’air de rien, nous éclaire beaucoup puisqu’elle nous trace le portrait des envoyés que nous sommes, en cinq pas :
1. Crois d’abord à la grâce ;
2. N’y va pas seul ;
3. Accepte le risque ;
4. Proclame la parole de Jésus ;
5. Efforce-toi de refaire les gestes de Jésus.

Premier pas : la grâce avant tout. « Grâce », c’est-à-dire « c’est gracieux, c’est cadeau, c’est offert ! ». Jésus choisi des apôtres parmi les pécheurs de Galilée, Dieu nous appelle à être des apôtres indépendamment de nos mérites et de nos vertus. Vous avez entendu saint Paul tout à l’heure dans sa lettre aux habitants d’Éphèse : « Elle est inépuisable, la grâce par laquelle Dieu nous a remplis de sagesse et d’intelligence en nous dévoilant le mystère de sa volonté… Dieu nous a destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ » Eh bien ! Dieu nous fait confiance, qui que nous soyons. Le premier pas consiste à accueillir cette confiance !

Deuxième pas : n’y va pas seul ! Jésus envoie les apôtres « deux par deux ». L’annonce de la foi chrétienne n’est pas le fait d’un gourou fascinant. Mais aussi les apôtres s’appuient les uns sur les autres. Mais encore la manière même dont les apôtres sont capables de se faire confiance mutuellement et de s’entraider constitue un aspect de leur témoignage. Voyez comme ils s’aiment ! Voyez comme ils se soutiennent !

Troisième pas : pour la mission du Christ, accepte le risque. L’apôtre que nous sommes n’est pas chargé d’impressionner par ses moyens, son aspect ou ses titres. Il ne part pas pour une conquête impérieuse. Il dépend de l’accueil qu’on lui fait. Il accepte la fragilité de Jésus livré au jugement des hommes. Il épouse le désir du Dieu très bas qui ne s’impose pas mais qui s’expose.

Quatrième pas : proclame la parole de Jésus ! L’apôtre que nous sommes n’a pas à imposer une idéologie. Il a été rencontré par Dieu et sa vie en est bouleversée. Comme le disait Amos dans la première lecture : « Le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : va, tu seras prophète pour mon peuple ». Et la parole proclamée ne nous appartient pas. Elle nous a été confiée gratuitement, pour être partagée gratuitement. Et la parole proclamée est une parole qui nous a saisis, qui peut changer la vie, la faire grandir, lui donner sens.

Cinquième pas : pour la mission, efforce-toi de refaire les gestes de Jésus ! Les apôtres que nous sommes agissent pour la guérison des corps et des esprits. Au fils des siècles, les chrétiens ne se contentent pas d’être des causeurs. Pensez aux dispensaires et aux écoles depuis si longtemps, et aujourd’hui à une Mère Teresa, à l’Abbé Pierre, aux moines de Tibhirine en Algérie. Pensez à toutes celles et ceux qui, sans les honneurs de la presse, sont fidèles et tenaces pour le service des blessés de la vie… Le service des hommes vérifie la parole que l’on annonce.

Crois à la grâce, n’y va pas seul, accepte le risque, proclame la parole et refais les gestes de Jésus, voilà donc cinq pas qui définissent ce que nous sommes par notre baptême, c’est à dire des envoyés, des apôtres : Tu diras peut-être : « Je veux bien essayer d’être apôtre, mais si cela ne marche pas. » ? Bonne question ! Elle te met face à l’essentiel. L’apôtre que tu es n’est pas payé au rendement. La foi n’est pas une habitude culturelle ou une accumulation de rites, mais elle est une bonne nouvelle, alors comment la garderai-tu pour toi tout seul ?

L’essentiel pour toi est d’être habité par une présence aimante que tu as envie de faire connaître et aimer. Être apôtre n’est pas d’abord une tâche à accomplir mais un don à partager. Souviens-toi de ce qui est dit tout à fait à la fin de la messe : « Allez dans la paix du Christ ». Va dans la paix du Christ, cela ne signifie pas : « c’est fini, on est tranquille ». Cela signifie sois un porte-parole et un porte-charité. Pour ta joie et pour la joie de Dieu !

Références bibliques :

Référence des chants :

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